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mis à jour le 09/01/2012
La question de la citoyenneté est à l'ordre du jour en cette fin du deuxième millénaire où l'on s'interroge sur les possibilités de faire fonctionner un système politique, la démocratie, qui tente de s'imposer, sans qu'on mette toujours derrière ce mot les mêmes significations.
mots clés : Athènes, citoyenneté, conférence, textes
6 Le citoyen au sens strict, aucun caractère ne le définit mieux que la participation à l'exercice des pouvoirs de juge et de magistrat . Or, parmi les magistratures, les unes sont limitées en durée, de sorte que certaines ne peuvent absolument pas être exercées deux fois par la même personne, ou du moins ne le sont qu'après un intervalle de temps bien défini; d'autres sont de durée illimitée, comme celle de juge ou de membre de l'Assemblée.
7 Peut-être, il est vrai, pourrait-on dire que ce ne sont pas là des magistrats et que ces fonctions ne les font pas participer au pouvoir; et pourtant il serait ridicule de frustrer du pouvoir ceux qui détiennent l'autorité suprême. Mais n'attachons pas d'importance à cela: c'est une simple question de nom; en effet, faute de terme pour désigner ce qui est commun au juge et au membre de l'Assemblée, on ne sait comment les appeler tous les deux. Admettons, pour les définir, que c'est une "magistrature à durée illimitée".
8 Dès lors, nous posons le principe que sont citoyens ceux qui participent ainsi au pouvoir.
Telle est donc à peu près la définition du citoyen qui s adapterait le mieux à tous ceux qu'on appelle des citoyens.
XLII. L'état actuel du gouvernement est le suivant. Prennent part au gouvernement ceux qui sont nés de parents ayant tous deux le droit de cité. Les jeunes gens sont inscrits au nombre des démotes à l'âge de dix-huit ans. Au moment de l'inscription, les démotes, après serment, décident par un vote: premièrement, s'ils ont l'âge exigé par la loi - en cas de décision contraire, ils retournent parmi les enfants; deuxièmement, s'ils sont de condition libre et de naissance légitime. Celui que les démotes repoussent par leur vote, comme n'étant pas de condition libre, peut faire appel au tribunal ; le dème de son coté élit cinq de ses membres pour soutenir l'accusation. Si le tribunal décide qu'en effet il n'a pas le droit de se faire inscrire, la cité le fait vendre, si, au contraire il gagne son procès, les démotes sont tenus de l'inscrire. 2 Cela fait, le Conseil soumet les inscrits à un examen, et s'il décide que l'un d'eux n'a pas atteint l'âge de dix-huit ans, il met à l'amende les démotes qui l'ont inscrit.
Difficulté de la traduction :
le gouvernement (politeias) s'entend au sens de système constitutionnel :
astos = ceux qui ont le droit de cité ; est-ce l'équivalent de polites ? Beaucoup de débats pour savoir ce qui distingue l'un de l'autre ; ils viennent tous deux d'un mot qui désigne la ville .
Mais ces deux mots ont un féminin : aste , d'un emploi courant => membre de la communauté civique sans impliquer de participation
politis : très rare => implique un rôle politique dont les femmes sont exclues, jouant simplement un rôle dans la transmission de la citoyenneté.)
Les conditions pour devenir citoyen :
Mais je vais revenir là-dessus ; pour l'instant, appelle-moi les témoins.
TEMOINS
46 Je suis donc bien Athénien par ma mère comme par mon père: vous le savez tous maintenant, par les témoignages que vous venez d'entendre, d'une part; et, de l'autre, par ceux qui concernaient mon père tout à l'heure. Il me reste a vous parler de moi ; un mot suffit, je pense, et il tranche tout : né de deux Athéniens, ayant hérite du bien et du génos de mon père, je suis citoyen. Néanmoins, je produirai toutes les preuves que de droit: je ferai attester que j'ai été introduit dans ma phratrie; que j'ai été inscrit sur la liste des démotes; que ceux-ci m'ont eux-mêmes propose à l'élection pour participer avec les citoyens les mieux nés au tirage au sort du sacerdoce d'Héraclès ; que j'ai exercé des magistratures après avoir subi l'examen.
Appelle-moi les témoins.
Il fait venir des témoins pour attester que son père est bien citoyen et sa mère fille de citoyen, et légitimement mariée.
Par la suite, Démosthène cerne bien la notion de citoyen :
- son père et sa mère,
- l'héritage du bien et du genos ( le mot a provoqué des débats considérables car notion assez obscure couvrant des réalités différentes = > des familles aristocratiques qui avaient conservé des liens entre elles ou des associations de caractère religieux )
S'il a hérité, c'est qu'il est bien enfant légitime
- Il a été introduit dans sa phratrie = > désigne là encore une structure qui à l'origine a pu être une structure de parenté et a conservé la notion de regroupement dans le cadre de la cité à côté des structures territoriales . Tous les actes de la vie privée sont sanctionnés par des cérémonies dans le cadre de la phratrie (naissances, mariages)
- Les démotes l'ont inscrits à 18 ans sur la liste du dème ; nul à ce moment-là, n'a contesté son inscription
- Il a été tiré au sort au sacerdoce d'Héraclès (sans doute réservés aux mieux nés, au génos ?)
- Il a exercé des magistratures
La citoyenneté était un privilège politique et matériel mais qui n'impliquait pas l'exclusion des autres ; ils étaient exclus du gouvernement mais avaient un statut et étaient bien accueillis.
par l'acquisition : en effet on pouvait accéder à la citoyenneté.
Il y a d abord une loi imposée au peuple: il lui est interdit de faire Athénien quiconque n'aura pas mérité, par d'éminents services envers Athènes, de devenir citoyen ; en outre, une fois que le peuple a consenti et octroyé ce privilège, il faut, pour que celui-ci ait force de loi, qu'il soit confirmé à l'Assemblée suivante par six mille Athéniens au moins votant au scrutin secret
Les prytanes sont chargés de placer les urnes et de remettre les jetons de vote au fur et à mesure des entrées, avant que les étrangers ne pénètrent et que les barrières ne soient enlevées. Il faut que chacun juge en toute indépendance et dans son for intérieur si celui dont il s'apprête à faire un citoyen est digne de la faveur qu'il va recevoir. Ce n'est pas tout: une accusation d'illégalité est ouverte à n'importe quel Athénien contre le nouveau citoyen: il est permis d'aller devant les juges pour faire la preuve qu'il ne mérite pas cette récompense et qu'il a été naturalisé en violation de la loi.
91 De fait, alors que le peuple, trompé par les discours de ceux qui le sollicitaient, avait octroyé cette faveur, il est arrivé qu'une accusation d'illégalité se produisit et vint devant le tribunal: on a vu démontrer que le bénéficiaire n'était pas digne de la récompense; et le tribunal la lui a retirée. Il y a dans le passé de nombreux cas qu'il serait oiseux de rapporter; mais il y en a un dont vous vous souvenez tous: Pitholas de Thessalie et Apollonidès d'Olynthe ayant été faits citoyens par le peuple, le tribunal révoqua ce privilège; 92 Le fait n'est pas tellement ancien que vous puissiez l'ignorer
Le texte donne un exemple du vote des Athéniens, avec un premier vote, puis un second, secret et exigeant un quorum de 6 000. Cette indication chiffrée est intéressante : on estime, d'après plusieurs sources, à 30 000 le nombre de citoyens, mais avec souvent seulement 5000 qui participaient aux débats. le quorum de 6000 est donc élevé et montre le sérieux du vote. On note aussi d'après le texte que les étrangers pouvaient assister à la séance.
Sous l'archontat d'Aristophon, la tribu Leontis exerçant la neuvième prytanie, Antidoros fils d'Antinous du dème de Paiania étant secrétaire, le 11 du mois Thargélion, 19e jour de la prytanie. Aristophanes du dème d'Euonymeia étant épistate des proèdres. Le peuple a décidé, sur proposition de Lycurgue, fils de Lycophron du dème des Boutades. Puisque Eudemos a annoncé au peuple, précédemment, qu'il donnerait pour la guerre, si cela était nécessaire, 4 000 drachmes; et puisqu'aujourd'hui il a donne mille journées d'attelage pour l'aménagement du stade panathénaïque et qu'il les a envoyées en totalité avant les Panathénées, comme il avait promis de le faire. Plaise au peuple de louer Eudemos, fils de Philourgos de Platées ; de le couronner d'une couronne d'olivier, à cause de la bienveillance dont il a fait preuve à l'égard du peuple athénien; de le placer lui et ses descendants parmi les bienfaiteurs du peuple athénien, de lui accorder l'enktesis ges kai oikias, le droit de combattre aux cotés des Athéniens et l'isotelie pour les eisphorai . Le secrétaire de la Boulè fera graver ce décret et l'exposera sur l'Acropole. Pour l'inscription sur la stèle, le trésorier du peuple donnera... drachmes, prises sur le budget affecté par le peuple aux dépenses concernant les décrets
Le texte 5 montre le mode de fonctionnement de l'Assemblée, avec toute la démarche suivie
- Le nom de l'archonte : 3 tirés au sort par an avec des fonctions juridiques et religieuses, l'archonte èponyme donne son nom à l'année
- La tribu = 10 tribus désignent chaque année 50 conseillers (les bouleutes) ; les 50 d'une même tribu exercent pendant 1/10 ème de l'année la prytanie, président les séances de l'Assemblée et sont mieux rétribués qu'un simple bouleute. On tirait au sort l'ordre par lequel les tribus exerçaient la présidence.
- Epistate des proèdres : le président des séances de l'Assemblée
- Enktesis gès oikias : droit d'acquérir maisons et terres en Attique.
- Isotelie pour les eisphorai = égalité fiscale avec les impôts que payent les citoyens les plus riches.
- Décret gravé et exposé pour être connu de tous et éventuellement être remis en question ( l'ordre du jour des séances était aussi affiché à l'avance)
La citoyenneté, c'est la participation et la connaissance des décisions
Les installations de la colline de la Pnyx pouvaient accueillir de 8 à 10 000 citoyens ; même si ce chiffre était rarement atteint, l'auditoire était constitué de plusieurs milliers d'Athéniens qu'il fallait intéresser; prendre la parole devient donc un métier ( on
apprend à parler, à avancer des arguments d'où formation d'une classe politique.
Mais c'est tout de même l'Assemblée qui demeure souveraine.
Les soldats, pour leur part, tinrent sur le champ une assemblée qui destitua les stratèges précédents et tous les triérarques suspects, puis nomma à leur place d'autres triérarques et stratèges, parmi lesquels Thrasybule et Thrasyllos. Les hommes y prenaient la parole pour s'encourager mutuellement, disant entre eux qu'il ne fallait pas s'inquiéter que la cité eut rompu avec eux; car, par rapport à eux, c'était une minorité qui s'était détachée d'une majorité mieux pourvue à tous égards. Puisqu'ils possédaient en effet l'ensemble de la flotte, ils pourraient tout d'abord obliger les autres cités de l'empire à fournir l'argent exactement comme s'ils avaient Athènes pour centre... ; et en second lieu, possédant la flotte, ils pouvaient mieux que les gens de la ville se procurer le nécessaire. Seule justement, leur position avancée à Samos avait permis aux Athéniens de disposer jusque-là de l'accès du Pirée, et maintenant eux-mêmes, si les autres refusaient de leur rendre le droit de cité, allaient se trouver en position de pouvoir les chasser de la mer plus que d'en être chassés par eux. En outre, l'aide que la ville leur apportait pour vaincre l'ennemi était mince et sans intérêt; ils n'avaient rien perdu, avec des gens qui n'avaient plus d'argent à leur envoyer- les soldats devaient s'en procurer eux-mêmes - ni de décision valable à leur mander; or précisément, c'est pour cela que l'Etat commande aux armées. Sous ce rapport, même, les autres avaient commis la faute d'abroger les lois traditionnelles tandis qu'eux les sauvegardaient et tenteraient de forcer les autres à y revenir; ainsi l'armée n'était pas non plus inférieure quant aux hommes susceptibles de proposer des décisions valables.
Mais à Athènes guerre et vie politique ne sont pas séparables ; l'Assemblée se trouve là où se trouvent les citoyens.
Le texte est le plaidoyer d'Isée, un métèque ; il a été contesté au personnage qui parle, d'hériter de son grand père, en mettant en doute la naissance légitime de sa mère .
S'en suit une description d'une série d'actes religieux qui jalonnent la vie de la famille et auxquels le grand-père associait ses petits-enfants. Cette participation aux rites précis porte témoignage de la légitimité des petits-enfants.
Les cérémonies de la phratrie démontrent la légitimité du mariage.
Le texte informe également sur les activités des femmes : dans le cadre du dème, elles pouvaient être amenées à se réunir pour désigner certaines femmes qui représenteraient le dème à une cérémonie religieuse, dont les Thesmophories, fête dédiée à Déméter et réservée aux femmes de citoyens. Sur la colline de la Pnyx, parallèlement aux activités civiques masculines, il existait une structure para-civique et religieuse féminine qui permettait aux femmes de participer à la vie de la cité. Et c'est aussi le mode d'intégration qui différencie la femme étrangère de la femme légitime née de citoyen : dans le cadre de la citoyenneté, la femme du citoyen occupe un rang à part dans les cérémonies religieuses.
Beatrix GUILLET
niveau : 6ème, 2nde
type pédagogique : connaissances
public visé : enseignant
contexte d'usage :
référence aux programmes : Thème 2. - La cité des Athéniens (Ve - IVe siècle) : citoyenneté et démocratie (6e)
Thème 2 - L'invention de la citoyenneté dans le monde antique (2nde)
Citoyenneté et démocratie à Athènes (Ve-IVe siècle av. J-C.)
La notion de citoyenneté a été inventée par les Anciens, les Grecs ; il est de nos jours difficile de s'inspirer d'un modèle grec, mais il n'en reste pas moins que leur expérience mérite d'être analysée et comprise, à un moment ou certains essaient de l'utiliser pour justifier les pratiques d'exclusion.
Mise en ligne le 6 décembre 1998 |
histoire-géographie-citoyenneté - Rectorat de l'Académie de Nantes