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cité et citoyenneté à Athènes

mis à jour le 09/01/2012


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La question de la citoyenneté est à l'ordre du jour en cette fin du deuxième millénaire où l'on s'interroge sur les possibilités de faire fonctionner un système politique, la démocratie, qui tente de s'imposer, sans qu'on mette toujours derrière ce mot les mêmes significations.

mots clés : Athènes, citoyenneté, conférence, textes


Texte 1 : Critère de la citoyenneté : exercice des fonctions de juge et de magistrat

6 Le citoyen au sens strict, aucun caractère ne le définit mieux que la participation à l'exercice des pouvoirs de juge et de magistrat . Or, parmi les magistratures, les unes sont limitées en durée, de sorte que certaines ne peuvent absolument pas être exercées deux fois par la même personne, ou du moins ne le sont qu'après un intervalle de temps bien défini; d'autres sont de durée illimitée, comme celle de juge ou de membre de l'Assemblée.
7 Peut-être, il est vrai, pourrait-on dire que ce ne sont pas là des magistrats et que ces fonctions ne les font pas participer au pouvoir; et pourtant il serait ridicule de frustrer du pouvoir ceux qui détiennent l'autorité suprême. Mais n'attachons pas d'importance à cela: c'est une simple question de nom; en effet, faute de terme pour désigner ce qui est commun au juge et au membre de l'Assemblée, on ne sait comment les appeler tous les deux. Admettons, pour les définir, que c'est une "magistrature à durée illimitée".
8 Dès lors, nous posons le principe que sont citoyens ceux qui participent ainsi au pouvoir.
Telle est donc à peu près la définition du citoyen qui s adapterait le mieux à tous ceux qu'on appelle des citoyens.



Aristote, Politique,III,1275a

Aristote vivant une grande partie de sa vie à Athènes au IVème siècle, a publié le premier ouvrage de réflexion politique. Le philosophe s'efforce de parvenir à une définition de la citoyenneté . Dans la première phrase, le mot clé est participation à l'exercice des pouvoirs de juge et de magistrat, c'est à dire le pouvoir de rendre la justice (juge) et de détenir le pouvoir d'ordre politique, de prendre des décisions ( magistrat = archonte) Ainsi pour Aristote un régime qui distingue des citoyens actifs (qui participent au pouvoir) et des citoyens gouvernés (ou passifs) ne peut être appelé démocratie. Sa définition ne vaut en fait que pour Athènes : la véritable citoyenneté n'est valable que lorsqu' y a participation aux deux fonctions: juge et magistrat. La participation à l'Assemblée peut se définir comme une magistrature à durée illimitée . Le système athénien : une évolution qui aboutit au IVème siècle Problème d'appellation : polites (polits) apparaît à l'époque homérique (dans l'Iliade et l'Odyssée par Homère s'applique soit aux seuls Troyens, soit aux Phéaciens). Puis le terme disparaît jusqu'au Ve siècle ? Cela pose une question ...pas résolue ! Démos ( dhmos) = ensemble des citoyens; le termes trouve aussi dans les poèmes homériques, ce qui laisse entrevoir des formes primitives de vie politique. Mais on y voit le démos se borner à entériner les décisions prises par les rois ou Anciens. C'est relativement tard qu'apparaît la notion de citoyenneté avec les termes polites et démos pour en parler. Pour ce qui est de la période classique, c'est à Athènes que nous avons les moyens de voir se constituer la notion de citoyen et ce qui va aboutir à la démocratie. Des noms jalonnent cette évolution :
* Solon = code de lois valables pour tous
* Clisthène = modification du mode de répartition des Athéniens avec des structures qui se réfèrent à un découpage territorial
* Ephialtès = réformes qui enlèvent le pouvoir de juger au vieux conseil aristocratique pour le donner au tribunal populaire de l'Héliée
* Périclès = institution de la rétribution des fonctions publiques pour permettre à tous de les effectuer.
Quatre étapes qui correspondent en réalité à des temps de crises, de troubles avec intervention du démos qui joue un rôle dans l'élaboration des réformes qu'il fait triompher. En fait pas d'homme providentiel mais le résultat de conflits internes. C'est du IVe au milieu du Ve siècle que se constitue le système politique et cette citoyenneté qui va donner à Athènes son originalité.
 

 
Texte 2 : l'Ephébie

XLII. L'état actuel du gouvernement est le suivant. Prennent part au gouvernement ceux qui sont nés de parents ayant tous deux le droit de cité. Les jeunes gens sont inscrits au nombre des démotes à l'âge de dix-huit ans. Au moment de l'inscription, les démotes, après serment, décident par un vote: premièrement, s'ils ont l'âge exigé par la loi - en cas de décision contraire, ils retournent parmi les enfants; deuxièmement, s'ils sont de condition libre et de naissance légitime. Celui que les démotes repoussent par leur vote, comme n'étant pas de condition libre, peut faire appel au tribunal ; le dème de son coté élit cinq de ses membres pour soutenir l'accusation. Si le tribunal décide qu'en effet il n'a pas le droit de se faire inscrire, la cité le fait vendre, si, au contraire il gagne son procès, les démotes sont tenus de l'inscrire. 2 Cela fait, le Conseil soumet les inscrits à un examen, et s'il décide que l'un d'eux n'a pas atteint l'âge de dix-huit ans, il met à l'amende les démotes qui l'ont inscrit.


Aristote, Constitution d'Athènes, XLII, 1-2

Par la naissance : le texte 2 présente la démarche fondamentale d'accès à la citoyenneté

Difficulté de la traduction :

le gouvernement (politeias) s'entend au sens de système constitutionnel :
astos = ceux qui ont le droit de cité ; est-ce l'équivalent de polites ? Beaucoup de débats pour savoir ce qui distingue l'un de l'autre ; ils viennent tous deux d'un mot qui désigne la ville .
Mais ces deux mots ont un féminin : aste , d'un emploi courant => membre de la communauté civique sans impliquer de participation
politis : très rare => implique un rôle politique dont les femmes sont exclues, jouant simplement un rôle dans la transmission de la citoyenneté.)

Les conditions pour devenir citoyen :

  • être âgé de 18 ans = majorité politique suivie de 2 ans d'éphébie ( = service militaire) = institutionnalisation de pratiques anciennes. Ceci doit être constaté par les démotes ( membres d'un dèmes)
  • prêter serment = élément important à notation religieuse
  • naissance légitime : référence à la loi de Périclès qui précise qu'il fallait être né d'un mariage légitime (le seul possible) entre un citoyen athénien et une femme née de parents athéniens.
 

 
Texte 3 : Contre Euboulidès

Mais je vais revenir là-dessus ; pour l'instant, appelle-moi les témoins.

TEMOINS
46 Je suis donc bien Athénien par ma mère comme par mon père: vous le savez tous maintenant, par les témoignages que vous venez d'entendre, d'une part; et, de l'autre, par ceux qui concernaient mon père tout à l'heure. Il me reste a vous parler de moi ; un mot suffit, je pense, et il tranche tout : né de deux Athéniens, ayant hérite du bien et du génos de mon père, je suis citoyen. Néanmoins, je produirai toutes les preuves que de droit: je ferai attester que j'ai été introduit dans ma phratrie; que j'ai été inscrit sur la liste des démotes; que ceux-ci m'ont eux-mêmes propose à l'élection pour participer avec les citoyens les mieux nés au tirage au sort du sacerdoce d'Héraclès ; que j'ai exercé des magistratures après avoir subi l'examen.
Appelle-moi les témoins.


Démosthène, Contre Euboulidès, 46

jetons de vote à l'Héliée



Le texte 3 : plaidoyer de Démosthène écrit pour la défense d'un Athénien ; alors que les dèmes se réunissaient pour réviser les listes civiques ( sans doute avant de procéder à une distribution de blé), il s'est trouvé rayé de la liste . Il fait donc appel en fonction du droit athénien qui permet à tout Athénien de faire appel de la décision d'un magistrat.
Comment va-t-il prouver qu'il est vraiment citoyen ?

Il fait venir des témoins pour attester que son père est bien citoyen et sa mère fille de citoyen, et légitimement mariée.

Par la suite, Démosthène cerne bien la notion de citoyen :

- son père et sa mère,

- l'héritage du bien et du genos ( le mot a provoqué des débats considérables car notion assez obscure couvrant des réalités différentes = > des familles aristocratiques qui avaient conservé des liens entre elles ou des associations de caractère religieux )

S'il a hérité, c'est qu'il est bien enfant légitime

- Il a été introduit dans sa phratrie = > désigne là encore une structure qui à l'origine a pu être une structure de parenté et a conservé la notion de regroupement dans le cadre de la cité à côté des structures territoriales . Tous les actes de la vie privée sont sanctionnés par des cérémonies dans le cadre de la phratrie (naissances, mariages)
- Les démotes l'ont inscrits à 18 ans sur la liste du dème ; nul à ce moment-là, n'a contesté son inscription
- Il a été tiré au sort au sacerdoce d'Héraclès (sans doute réservés aux mieux nés, au génos ?)
- Il a exercé des magistratures

La citoyenneté était un privilège politique et matériel mais qui n'impliquait pas l'exclusion des autres ; ils étaient exclus du gouvernement mais avaient un statut et étaient bien accueillis.

par l'acquisition : en effet on pouvait accéder à la citoyenneté.

 

 
Texte 4 : Contre Neera

Il y a d abord une loi imposée au peuple: il lui est interdit de faire Athénien quiconque n'aura pas mérité, par d'éminents services envers Athènes, de devenir citoyen ; en outre, une fois que le peuple a consenti et octroyé ce privilège, il faut, pour que celui-ci ait force de loi, qu'il soit confirmé à l'Assemblée suivante par six mille Athéniens au moins votant au scrutin secret

Les prytanes sont chargés de placer les urnes et de remettre les jetons de vote au fur et à mesure des entrées, avant que les étrangers ne pénètrent et que les barrières ne soient enlevées. Il faut que chacun juge en toute indépendance et dans son for intérieur si celui dont il s'apprête à faire un citoyen est digne de la faveur qu'il va recevoir. Ce n'est pas tout: une accusation d'illégalité est ouverte à n'importe quel Athénien contre le nouveau citoyen: il est permis d'aller devant les juges pour faire la preuve qu'il ne mérite pas cette récompense et qu'il a été naturalisé en violation de la loi.

91 De fait, alors que le peuple, trompé par les discours de ceux qui le sollicitaient, avait octroyé cette faveur, il est arrivé qu'une accusation d'illégalité se produisit et vint devant le tribunal: on a vu démontrer que le bénéficiaire n'était pas digne de la récompense; et le tribunal la lui a retirée. Il y a dans le passé de nombreux cas qu'il serait oiseux de rapporter; mais il y en a un dont vous vous souvenez tous: Pitholas de Thessalie et Apollonidès d'Olynthe ayant été faits citoyens par le peuple, le tribunal révoqua ce privilège; 92 Le fait n'est pas tellement ancien que vous puissiez l'ignorer

Le texte 4 est tiré d'un plaidoyer "contre Neera" qui est accusée par Apollodore de se faire passer pour une épouse légitime. Ce même Apollodore était le fils d'un esclave qui travaillait dans une banque, avait été affranchi, avait prêté de l'argent à Athènes dans des moments difficiles et ainsi avait obtenu le droit de cité. Ce citoyen de fraîche date s'érige en champion de la citoyenneté prêt à dénoncer tous ceux qui tenteraient de violer la loi.

Le texte donne un exemple du vote des Athéniens, avec un premier vote, puis un second, secret et exigeant un quorum de 6 000. Cette indication chiffrée est intéressante : on estime, d'après plusieurs sources, à 30 000 le nombre de citoyens, mais avec souvent seulement 5000 qui participaient aux débats. le quorum de 6000 est donc élevé et montre le sérieux du vote. On note aussi d'après le texte que les étrangers pouvaient assister à la séance.

Courtisane et son client, péliké attique à figures rouges de Polygnote, v.  430 av. J.-C.

Musée national archéologique d'Athènes (source Wikipédia)
 

 
Texte 5 : Inscription en l'honneur d'Eudemos de Platées (330/29 av. J.C.)

Sous l'archontat d'Aristophon, la tribu Leontis exerçant la neuvième prytanie, Antidoros fils d'Antinous du dème de Paiania étant secrétaire, le 11 du mois Thargélion, 19e jour de la prytanie. Aristophanes du dème d'Euonymeia étant épistate des proèdres. Le peuple a décidé, sur proposition de Lycurgue, fils de Lycophron du dème des Boutades. Puisque Eudemos a annoncé au peuple, précédemment, qu'il donnerait pour la guerre, si cela était nécessaire, 4 000 drachmes; et puisqu'aujourd'hui il a donne mille journées d'attelage pour l'aménagement du stade panathénaïque et qu'il les a envoyées en totalité avant les Panathénées, comme il avait promis de le faire. Plaise au peuple de louer Eudemos, fils de Philourgos de Platées ; de le couronner d'une couronne d'olivier, à cause de la bienveillance dont il a fait preuve à l'égard du peuple athénien; de le placer lui et ses descendants parmi les bienfaiteurs du peuple athénien, de lui accorder l'enktesis ges kai oikias, le droit de combattre aux cotés des Athéniens et l'isotelie pour les eisphorai . Le secrétaire de la Boulè fera graver ce décret et l'exposera sur l'Acropole. Pour l'inscription sur la stèle, le trésorier du peuple donnera... drachmes, prises sur le budget affecté par le peuple aux dépenses concernant les décrets

le tribune de l'orateur sur la Pnyx

Cette activité s'exerce au sein de l'Assemblée du peuple, qui prend toutes les décisions qui engagent la cité (paix, guerre, dépenses, organisation des fêtes religieuses) et qui est souveraine. La justice est confiée à l'Héliée : 6000 Athéniens sont tirés au sort puis par un nouveau système de tirage au sort, on constituait les différents tribunaux (affaires privées et publiques, de nombreux procès politiques)

Le texte 5 montre le mode de fonctionnement de l'Assemblée, avec toute la démarche suivie

- Le nom de l'archonte : 3 tirés au sort par an avec des fonctions juridiques et religieuses, l'archonte èponyme donne son nom à l'année
- La tribu = 10 tribus désignent chaque année 50 conseillers (les bouleutes) ; les 50 d'une même tribu exercent pendant 1/10 ème de l'année la prytanie, président les séances de l'Assemblée et sont mieux rétribués qu'un simple bouleute. On tirait au sort l'ordre par lequel les tribus exerçaient la présidence.
- Epistate des proèdres : le président des séances de l'Assemblée
- Enktesis gès oikias : droit d'acquérir maisons et terres en Attique.
- Isotelie pour les eisphorai = égalité fiscale avec les impôts que payent les citoyens les plus riches.
- Décret gravé et exposé pour être connu de tous et éventuellement être remis en question ( l'ordre du jour des séances était aussi affiché à l'avance)

La citoyenneté, c'est la participation et la connaissance des décisions

Les installations de la colline de la Pnyx pouvaient accueillir de 8 à 10 000 citoyens ; même si ce chiffre était rarement atteint, l'auditoire était constitué de plusieurs milliers d'Athéniens qu'il fallait intéresser; prendre la parole devient donc un métier ( on
apprend à parler, à avancer des arguments d'où formation d'une classe politique.
Mais c'est tout de même l'Assemblée qui demeure souveraine.

 

 
Texte 6 : La révolte des soldats athéniens en 411

Les soldats, pour leur part, tinrent sur le champ une assemblée qui destitua les stratèges précédents et tous les triérarques suspects, puis nomma à leur place d'autres triérarques et stratèges, parmi lesquels Thrasybule et Thrasyllos. Les hommes y prenaient la parole pour s'encourager mutuellement, disant entre eux qu'il ne fallait pas s'inquiéter que la cité eut rompu avec eux; car, par rapport à eux, c'était une minorité qui s'était détachée d'une majorité mieux pourvue à tous égards. Puisqu'ils possédaient en effet l'ensemble de la flotte, ils pourraient tout d'abord obliger les autres cités de l'empire à fournir l'argent exactement comme s'ils avaient Athènes pour centre... ; et en second lieu, possédant la flotte, ils pouvaient mieux que les gens de la ville se procurer le nécessaire. Seule justement, leur position avancée à Samos avait permis aux Athéniens de disposer jusque-là de l'accès du Pirée, et maintenant eux-mêmes, si les autres refusaient de leur rendre le droit de cité, allaient se trouver en position de pouvoir les chasser de la mer plus que d'en être chassés par eux. En outre, l'aide que la ville leur apportait pour vaincre l'ennemi était mince et sans intérêt; ils n'avaient rien perdu, avec des gens qui n'avaient plus d'argent à leur envoyer- les soldats devaient s'en procurer eux-mêmes - ni de décision valable à leur mander; or précisément, c'est pour cela que l'Etat commande aux armées. Sous ce rapport, même, les autres avaient commis la faute d'abroger les lois traditionnelles tandis qu'eux les sauvegardaient et tenteraient de forcer les autres à y revenir; ainsi l'armée n'était pas non plus inférieure quant aux hommes susceptibles de proposer des décisions valables.

Ainsi le montre le texte 6 de Thucydide.
À ce moment, la situation est dramatique (échec de l'expédition de Sicile) ; une oligarchie s'était emparée du pouvoir et avait limité la citoyenneté à 5 000 Athéniens, profitant sans doute qu'une partie des Athéniens soit mobilisée soit comme hoplites (les plus riches car équipement coûteux) soit comme marins (les plus pauvres) et se trouvait à Samos.
A cette nouvelle, l'armée se révolte ; cela ressemble même à une révolution car nous sommes en pleine guerre ( contre les Spartiates) ; l'armée destitue donc ses généraux et commandants de navires, en élit d'autres, se réunit en Assemblée et prend des décisions en tant que citoyens en armes .
L'élection des généraux ( élection et non tirage au sort comme c'était l'usage fréquent pour les autres magistratures, car la charge de général ou d'amiral implique une compétence financière) est une notion surprenante pour un esprit moderne ( un même individu pouvait être une année stratège et commander à tous et l' année suivante se retrouver simple soldat).

Mais à Athènes guerre et vie politique ne sont pas séparables ; l'Assemblée se trouve là où se trouvent les citoyens.

 

 
Texte 7 : L'activité religieuse du citoyen

Comme il était naturel du moment qu'il existait des enfants de sa fille, jamais il n'a offert un sacrifice sans nous; qu'il fut petit ou grand, toujours nous y assistions et y participions. Et ce n'est pas à ces seules cérémonies qu'il nous conviait; mais il nous conduisait toujours aux Dionysies des champs; nous assistions aux représentations avec lui, assis à coté de lui, et nous allions chez lui pour célébrer toutes les fêtes. Lorsqu'il sacrifiait à Zeus Ktesios, sacrifice auquel il donnait un soin particulier, ou il n'admettait ni esclaves ni hommes libres étrangers à la famille, mais ou ii faisait tout de ses propres mains, nous y participions, nous touchions avec lui aux victimes et les déposions avec lui sur l'autel; avec lui nous accomplissions tous les rites, et il demandait pour nous la santé et la prospérité, comme il est naturel d'un grand-père... Ce ne sont pas ces faits seulement qui mettent en évidence que notre mère était fille légitime de Kiron, mais encore la conduite de notre père et l'attitude des femmes du dème envers elle. Quand notre père la prit en mariage, il offrit un repas de noces et y invita trois de ses amis en même temps que ses<BR>proches; il donna aussi aux membres de sa phratrie un banquet solennel, conformément à leurs statuts. Les femmes du dème, dans la suite, choisirent notre mère avec la femme de Dioklès de Pithos pour présider aux Thesmophories et accomplir avec celle-ci les cérémonies d'usage.
Nous sommes parfois tentés de comparer la démocratie athénienne avec notre démocratie ; certes nous en sommes parfois proches, mais en même temps tout un monde nous en sépare, en particulier la dimension religieuse . La vie religieuse était étroitement liée à la vie politique ; la religion n'est pas une adhésion à une foi, mais un rituel, un ensemble de rites ; l'accomplissement de ces rites, dans le cadre familial et de la cité, était fondamental (nombreux procès d'impiété à Athènes; on pouvait , tel Aristophane, se moquer des dieux, mais il était impie de ne pas se conformer à un rituel)

Le texte est le plaidoyer d'Isée, un métèque ; il a été contesté au personnage qui parle, d'hériter de son grand père, en mettant en doute la naissance légitime de sa mère .

S'en suit une description d'une série d'actes religieux qui jalonnent la vie de la famille et auxquels le grand-père associait ses petits-enfants. Cette participation aux rites précis porte témoignage de la légitimité des petits-enfants.

Les cérémonies de la phratrie démontrent la légitimité du mariage.
Le texte informe également sur les activités des femmes : dans le cadre du dème, elles pouvaient être amenées à se réunir pour désigner certaines femmes qui représenteraient le dème à une cérémonie religieuse, dont les Thesmophories, fête dédiée à Déméter et réservée aux femmes de citoyens. Sur la colline de la Pnyx, parallèlement aux activités civiques masculines, il existait une structure para-civique et religieuse féminine qui permettait aux femmes de participer à la vie de la cité. Et c'est aussi le mode d'intégration qui différencie la femme étrangère de la femme légitime née de citoyen : dans le cadre de la citoyenneté, la femme du citoyen occupe un rang à part dans les cérémonies religieuses.

 

Ces textes mettent en avant des aspects de la citoyenneté à Athènes au IV et au Vè siècle . Ils en laissent certains de côté
- La composition sociale ( urbain, ruraux, artisans, commerçants, paysans). C'est une des singularités d'Athènes par rapport aux autres cités où la citoyenneté dépendait de la possession de la terre, ce qui n'était pas le cas à Athènes.
- Les différences de fortune étaient souvent considérables ; les plus riches ( 1200 à 1300 sur 30 000 citoyens) étaient astreints aux liturgies. Mais des formes de solidarité existaient, qui faisaient fonctionner le système (ainsi le paiement des juges et des participants à l'Assemblée permettait de surmonter les inégalités sociales
 
contributeur(s) :

Beatrix GUILLET

information(s) pédagogique(s)

niveau : 6ème, 2nde

type pédagogique : connaissances

public visé : enseignant

contexte d'usage :

référence aux programmes : Thème 2. - La cité des Athéniens (Ve - IVe siècle) : citoyenneté et démocratie (6e)
Thème 2 - L'invention de la citoyenneté dans le monde antique (2nde)
Citoyenneté et démocratie à Athènes (Ve-IVe siècle av. J-C.)

documents complémentaires

La notion de citoyenneté a été inventée par les Anciens, les Grecs ; il est de nos jours difficile de s'inspirer d'un modèle grec, mais il n'en reste pas moins que leur expérience mérite d'être analysée et comprise, à un moment ou certains essaient de l'utiliser pour justifier les pratiques d'exclusion. Mise en ligne le 6 décembre 1998

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