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Femmes, pouvoirs et parenté dans la Bretagne ducale

mis à jour le 02/02/2023


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Femmes, pouvoirs et parenté dans la Bretagne ducale (XIVe-XVe siècle) – Élodie Chaudet

 Elodie Chaudet est docteure en histoire médiévale, elle a soutenue sa thèse le 21-10-2021 : son thème de recherche portait sur la place des femmes dans la société de la fin de la période médiévale. 
 

mots clés : Chaudet, Femmes, pouvoirs, royauté, société


Femmes, pouvoirs et parenté dans la Bretagne ducale (XIVe-XVe siècle) – Élodie Chaudet

 I Comment répondre à cette question ?

Tout chercheur en histoire est confronté à la problèmatique des sources et en particulier on observe une invisibilité des femmes dans les sources : le « silence des archives ».
Deux problèmes se posent alors : quantitatif et qualitatif. Les archives conservées privilégient en effet largement les élites sociales.

Sur le plan bibliographique, il est intéressant de voir l’évolution des publications.

L’histoire des femmes a été bâtie sur les destins de quelques héroïnes bien connues ayant fait l’objet de nombreuses biographies comme Jeanne d’Arc, Catherine de Médicis, Anne d’Autriche.

Il faut attendre 1960 pour voir un travail spécifique de recherche sur les "silencieux", les opprimés et aussi les femmes.
En 1974, le séminaire Les femmes ont-elles une  histoire ? de Michèle Perrot. Un changement de mentalités !

Les années 1980 sont marquées par la publication de Georges Duby Le Chevalier, la femme et le prêtre et Histoire des femmes en Occident de Duby-Perrot.
Il est intéressant de noter que la revue Clio, Histoire, femmes et sociétés, revue francophone genrée, créée en 1995, dont le comité de rédaction est alors uniquement composée de femmes à l’origine, change de sous-titre en 2013 Femmes Genre Histoire, symbole d’un changement de perspective.

L’histoire des femmes est restée longtemps centrée sur l’étude des femmes illustres comme par exemple Ermengade d’Anjou, régente du duché de Bretagne, aujourd’hui l’historiographie s’intéresse à tous les types de population.

II  Les femmes de l’aristocratie

Une population visible dans les sources : reines, princesses, grandes figures comme Catherine de Médicis, personnage politique de 1er plan.

Pourquoi Catherine de Médicis a t-elle marqué les esprits ?
Sans doute à cause de sa légende noire : son rôle lors de la Saint Barthélémy, son origine italienne, son goût pour l’ésotérisme. Tout cela intrigue et fait couler beaucoup d’encre.

La célèbre Anne de Bretagne : son image positive a, en fait, beaucoup évolué avec le temps ? Référence : Laurence Noailles
On peut aussi évoquer la figure de Jeanne d’Arc, une figure unique de l’histoire de France qui a marqué l’esprit des chroniqueurs de son temps.

De nombreuses archives sont désormais numérisées et accessibles en ligne.
Comme par exemple sur le site des archives de la Loire Atlantique, ce contrat de mariage : avec un peu de patience on arrive à lire assez facilement ce texte.

Trésor des chartres
Source : https://archives-numerisees.loire-atlantique.fr/v2/ark:/42067/8a90ccc49e01bf27c88ee7e721687464

 

Quel rôle jouaient les femmes de la haute noblesse et de la royauté ?

1 Leur rôle premier était de produire un héritier !

Tout repose sur la reproduction au Moyen Age : il faut perpétuer le groupe, augmenter le capital
Référence : Bouchart Alain, Grandes chroniques de Bretagne
Par exemple, Jean V de Bretagne fait le choix d’une femme capable d’avoir des enfants.

Louis XII, annulation de son mariage pour cause d’impuissance de Jeanne de France accusée d’être stérile. En fait, il faut prendre en compte l’opportunité d’épouser Anne de Bretagne, veuve, qui offre l’opportunité politique de rattacher la Bretagne à la France.
Du mariage de Louis XII et d’Anne de Bretagne naissent 9 enfants dont 3 seuls vivront.

2  Le mariage
C’est le sujet le plus étudié. Le mariage est l’affaire des familles et entre dans une stratégie d’affirmation de sa position sociale. Il s’agit d’une alliance entre deux groupes sociaux qui choisissent d’unir leurs forces au nom de leurs intérêts.

3 Rôle de représentation
Les femmes dans l’élite médiévale ont un rôle de représentation. Elles participent d’une mise en scène publique dans un rôle d’accueil. Elles doivent faire preuve de prestance, être capable d’organiser des réceptions.
Ce sont les femmes qui sont chargées du culte de la mémoire des parents défunts. Pour chaque famille noble, il est important d’avoir une fille qui entre dans les ordres afin de prier pour la sauvegarde de la famille.
Les femmes encouragent également la production artistique.

4 Rôle politique
Notons le cas particulier des régences, un expérience d’interrégne, une délégation de pouvoir.
Plusieurs cas peuvent être clairement identifiés : une régence prévue dans le cadre d’une vacance du pouvoir liée à la participation à une croisade par exemple : mais la régence peut être fortuite pour cause de maladie, de captivité, de minorité de l’héritier.
A la fin du Moyen Age, la régence est institutionalisée. L’aristocratie provinciale copie le modèle royal. La construction juridique de la régence du fait de la loi salique pour renforcer la monarchie dans une période de transition : une régence temporaire.
Nombreux exemples de régence.



 

III Les femmes et le travail

On observe un recul du travail féminin à la fin du Moyen Age car il concurrence celui des hommes.
Le travail féminin est possible dans certaines activités (tissage notamment : fillage, tricot, dentelles).
Le travail des femmes est permis avant le mariage pour se consituter une dot, mais beaucoup d’activités restent invisibles (à l’intérieur du foyer). Cependant le travail féminin est important dans le secteur du commerce et l’agriculture.

Dans les campagnes, on observe que certaines activités sont interdites par exemple les femmes sont exclues du labourage et du fauchage. Elles sont mises à distance des outils tranchants. Les femmes participent aux grands travaux d’été comme les moissons ou les vendanges. Elles participent aussi à l’élevage, la production laitière, la fabrication du beurre et du fromage.

Dans les villes, on manque cruellement de sources.
On sait cependant que les jeunes femmes travaillent comme domestiques parfois pendant 10 ans pour se constituer une dot avant de se marier. Cela soulage les parents d’une charge financière.
L’essor urbain médiéval entraîne une augmentation du nombre des domestiques. D’autant plus que la femme est meilleur marché qu’un homme. On leur demande cependant de faire des tâches épuisantes comme porter des charges lourdes ou s’occuper du nettoyage du linge.

On peut distinguer trois types d’activités spécifiques aux femmes.

La mise en nourrice
Souvent les nouveaux-nés sont mis en nourrice auprès d’une femme allaitante. Comme tous partagent le lit commun il n’est pas rare de retrouver le bébé étouffé dans la nuit d’où une forte mortalité infantile.
Dans les milieux les plus aisés, on fait venir la nourrice au domicile qui partage alors la vie du foyer avec des signes extérieurs d’attachement perceptibles dans les archives (dons).

Le textile
L’image de la femme filant sa quenouille est une image coutumière qui recouvre une réalité beaucoup plus nuancée.

Le commerce et l’artisanat
On observe une forte collaboration entre époux dans ce type d’activité que l’on perçoit notamment à la mort du mari dans les archives. Souvent la femme fait le commerce des produits réalisés par son époux.

 

Pour les professeurs

La revue Clio est spécialisée en histoire sociale des femmes et histoire du genre, éditée par Belin.
Les anciens numéros sont disponibles en accès libre sur OpenEditionJournals.

https://journals.openedition.org/clio/

 

Georges Duby et l’histoire des femmes par Michele Perrot

Quand, comment, pourquoi Georges Duby s’est-il intéressé à l’histoire des femmes, au point d’en faire le centre de son oeuvre dernière ? Une lecture, même cavalière, de ses écrits montre un intérêt croissant à partir du milieu des années 1970, en même temps qu’un changement de perspective. D’abord victimes d’un « mâle moyen-âge » qui les utilise comme un « leurre » jusque dans l’amour courtois, les femmes apparaissent , à un examen plus attentif, comme « dotées d’une puissance singulière ». Du moins les Dames, seules connaissables. Toutefois le regard de l’historien a du mal à percer la barrière d’un imaginaire qui opère comme un écran, à la fois obstacle et espace de projection des fantasmes masculins.

A lire ici : https://journals.openedition.org/clio/312

 

Les femmes dans les métiers parisiens : XIIe-Xve siècle par Simone Roux

Les statuts de métiers du XIIIe siècle, la grande Ordonnance de Jean le Bon (1350) et le statut des lingères (1485) jalonnent ce parcours de l'histoire des Parisiennes qui gagnent leur vie dans l'atelier et la boutique à l'époque médiévale. Le travail féminin est reconnu, il doit obéir aux mêmes règles que le travail masculin. Il s'exerce dans quelques métiers uniquement féminins, et dans des métiers où hommes et femmes travaillent ensemble. La recherche ne permet pas encore de dire si, au cours de ces trois siècles, cet espace de liberté par le travail pour les femmes, s'est consolidé, agrandi ou s'il s'est restreint.

https://journals.openedition.org/clio/460


L
es ressources iconographiques de la BNF : la base Mandragore

Afin d'illustrer ou de faire rechercher les élèves sur la présence féminine dans les sources iconographiques, on peut travailler à partir des 208 000 manuscrits et du thésaurus de plus de 20 000 mots clés de la BNF.

mandragore.bnf.fr/

 

information(s) pédagogique(s)

niveau : tous niveaux

type pédagogique :

public visé : non précisé

contexte d'usage :

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