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épouses, marraines et prostituées : le repos du guerrier, entre service social et condamnation morale

par Jean-Yves Le Naour.

L'historien rappelle en introduction que la guerre favorise le clivage sexué puisque sont opposés les combattants des non combattants. Le cinéma, la presse véhiculent cette division en opposant poilus et épilés, des allusions à connotation sexuelle se multiplient, la virilité de l'ennemi est remise en cause " on va aller couper les moustaches du Kaiser". La place de la femme dans cette société guerrière est symbolisée par le modèle de Pénélope. Il s'agit de se demander si ce modèle va évoluer pendant le conflit. Les chefs militaires s'interrogent sur la meilleure façon de préserver le moral de leurs troupes. La durée de la guerre va engendrer un renversement des valeurs : la prostituée va être en partie réhabilitée au détriment de l'épouse ou de la marraine.
La guerre fut une période où les relations épistolaires entre les deux sexes deviennent essentielles. Pour les soldats, dont les familles vivent en zone occupée, la solution de remplacement sera la marraine, cette dernière envoie aussi des colis postaux. Les réponses des soldats sont davantage censurées et la non réponse soulève une grande inquiétude pour l'entourage féminin du soldat. La guerre atténue les clivages sociaux, une marraine d'origine aisée peut écrire à un soldat de condition modeste. Une pièce de théâtre avec pour titre " la marraine inconnue" exploite les clichés des romans à l'eau de rose, la marraine "une cendrillon" va trouver son prince charmant. Cette image surfaite va s'effriter et dès la fin 1915, dans la presse, les marraines vont connaître l'opprobre, elles sont considérées soit légères soit assimilées à des vieilles filles, de plus, le nationalisme conduit à ce que seules des marraines françaises soient retenues, des femmes suisses se portent volontaires mais c'est un refus , en Angleterre, on constate le même chauvinisme.
Dans un premier temps, les hygiénistes considèrent que les relations sexuelles sont source de ramollissement, les lieux de prostitution se font discrets comme les salles de spectacle. Pour autant, le conscrit fréquemment pour fêter son départ choisit le lupanar. Dans un deuxième temps, l'armée se montre plus conciliante avec les prostituées qui n'hésitent pas à se rapprocher du front pour rencontrer leurs clients, certaines font des passes gratuites alors que les conférences sur les bienfaits de chasteté montrent leur inefficacité. Aussi, pour des soucis prophylactiques, l'état major va fournir des locaux à partir de 1918 pour permettre à des bordels de s'installer, le soldat a besoin de vérifier ses capacités d'érection.La prostituée participe à l'effort de guerre tandis que l'épouse demeure la gardienne du foyer. La crainte d'être trompé représente une angoisse pour le mari soldat, cela illustre ce que l'historien appelle " les angoisses fantasmatiques" par contre coup, la femme mariée semble plus dangereuse que la prostituée, les valeurs et repères sont renversés.

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