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Hubertine Auclert : "de la République dans le ménage" à la "vraie République

conférence d'Edith Taïeb Abbaye St Vincent Le Mans 3/11/2003

L'historienne retrace dans un premier temps les débuts de l'existence d'Hubertine Auclert puis va évoquer les arguments de cette féministe qui considère que les droits politiques sont concomitants avec les droits civils.

Hubertine Auclert naît dans l'Allier, le 10 avril 1848, elle est issue d'une famille aisée dont la fortune date de la Révolution d'où l'esprit fermement républicain de son père. Elle est scolarisée dans un couvent et envisage de devenir religieuse à la confrérie Saint-Vincent de Paul. Elle quitte le couvent en 1864, va vivre chez son oncle, y retrouve sa mère, veuve depuis 1861. Il existait une grande complicité entre la mère et la fille, la première s'était épanchée sur les déceptions maritales. La disparition de sa mère en 1866 la reconduit au couvent à la demande de son frère. Elle quitte définitivement le couvent en 1869, récupère sa part d'héritage et s'installe à Paris.

Hubertine Auclert va se distinguer de Léon Richet et Marion Delorme, ces derniers luttaient essentiellement pour faire modifier le code Napoléon qui avait fait de la femme une mineure et une personne soumise à son mari. Elle se réjouit du retour du régime républicain et en attend des modifications des droits des femmes, elle va vite déchanter et la déclaration de V Hugo " les femmes : celles que j'appelle des esclaves" ne suffit pas changer les mentalités. Elle devient secrétaire du journal l'avenir des femmes". Ce travail la conduit à étudier le rôle des femmes dans les Révolutions. Elle s'éloigne des progressistes citées auparavant lorsqu'elle fonde en 1881 son propre journal la citoyenne. Ce titre éclaire la logique d'H Auclert : les droits civils seront modifiés lorsque les femmes pourront voter et siéger. S'il y avait eu des femmes à l'assemblée, le code civil aurait été modifié pour que le mariage ne soit pas une officialisation de la " tyrannie masculine", les hommes jugent normal que les femmes gèrent le quotidien alors que c'est laborieux, de plus elles ne sont pas reconnues comme ménagère et ne perçoivent pas de salaire, les maris les exploitent. C'est la loi de 1907 qui permettra aux femmes de disposer de leur salaire. Le pouvoir féminin, celui de gérer le travail domestique, s'avère un travail de somme, répétitif et non rémunéré. H Auclert propose que le mari donne la moitié de son salaire à sa femme. Elle préconise le contrat de mariage avec séparation des biens, le versement d'une retraite pour les ménagères qui à ses yeux sont autant utiles que les sénateurs.

Dans ses écrits, elle cherche à démontrer que les principes de la République sont bafoués. Elle considère le quatorze juillet comme une fête de la masculinité et le code napoléon organise de façon monarchique la famille. Les révolutionnaires ont manqué de courage en ne respectant pas le principe d'égalité entre les citoyens pourtant énoncés clairement dans l'article I de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Elle dénonce aussi la mansuétude des tribunaux pour les crimes passionnels. A ses yeux , les verdicts sont des incitations au meurtre, les femmes sont davantage condamnées pour adultère que les hommes. Les lois des hommes sont empreintes de préjugés mystiques. Le générique masculin entérine constamment la suprématie masculine.

En conclusion, il est rappelé que ce régime dit républicain n'est en fait qu'une monarchie à étiquette républicaine pour H Auclert ; cette dernière proposait la suppression du mariage qui serait remplacé par un acte d'association. Cette féministe est restée célèbre pour ses coups d'éclat : refus de payer les impôts, intervention dans les cérémonies de mariage, elle finira par épouser l'avocat qui la défendait. Elle admirait Louise Michel.

Compte rendu de J Méo Lycée Montesquieu Le Mans

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