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mis à jour le 07/01/2007
C'est le sujet de la conférence donnée par Christian Goudineau dans le cadre des journées du patrimoine, dont le thème était Citoyenneté et patrimoine. Pour commencer Christian Goudineau s'est posé la question suivante : comment un diablinte pouvait-il se sentir citoyen ? Autrement dit qu'est-ce qu'être citoyen dans l'empire romain ? En fait c'est une question piège pour Christian Goudineau. Que nous reste t-il de l'empire romain ? Des théâtres, des temples, des statues votives... mais suffisent-ils à définir la citoyenneté ?
mots clés : Rome, citoyen, conférence
D'abord Christian Goudineau s'est attaché à décrire la cadre de cette citoyenneté.
Quelle est la situation de la Gaule au 1er siècle ?
Une gaule divisée en plusieurs provinces : Narbonnaise, Aquitaine, Lyonnaise, Belgique.
Ces provinces sont elles mêmes subdivisées en cités, civitas. Ces cités sont différentes de nos villes actuelles, ce sont des territoires parfois très étendus comme celui des Pictons ou des Eduens, parfois plus réduits comme le territoire diablinte.
Les limites de ces cités sont difficiles à cerner. Les toponymes peuvent nous aider comme par exemple les toponymes en ad fines (aux limites, d'où les toponymes en fin, fines, fins) ou ecuoranda, postes relais qui ont donnée Acurande, Ingrandes...
La cité comprend donc une ville capitale et le territoire qui l'entoure, c'est à dire la campagne. Les habitants de cette campagne ( fermes, villae) sont donc citoyens de plein droit. Cette citoyenneté est revendiquée sur de nombreuses stèles qui témoignent de l'attachement profond des citoyens à leur cité.
Combien de citoyens dans la cité ?
Il est difficile de faire le compte précis car les gens modestes laissent peu de traces, quelles différences entre les citoyens les plus modestes et les esclaves ? Pour Christian Goudineau les esclaves ne devaient représenter que 10 à 20 % des habitants d'une cité.
Quel est le statut du citoyen ?
Le cadre quotidien on l'a vu était la cité. Le monde romain n'est que l'accumulation de ces cités. Les provinces n'ont qu'une fonction administrative. Les cités sont très largement autonomes, la véritable patrie c'est bien le territoire de la cité.
Le problème de la naissance.
Dans l'Antiquité on a la chance ou pas de naître citoyen. On peut naître esclave, mais l'esclavage n'a pas le même sens qu'à l'époque moderne. L'esclave dans l'Antiquité peut tenir des fonctions importantes. S'il est affranchi, l'esclave ne devient pas citoyen pour autant, seuls ses enfants le deviennent.
Le statut de citoyen diffère du lieu de naissance. Les cités ont en effet des statuts différents ! C'est la principale différence avec aujourd'hui où tous les citoyens nés en France sont citoyens à part entière quel que soit leur lieu de naissance.
Les statuts des cités sont très variés. Au sommet se trouvaient les colonies fondées par d'anciens soldats et les municipes de citoyens romains qui bénéficient de tous les privilèges. D'autres bénéficient de privilèges fiscaux, ce sont les cités de droit latin où l'on pouvait accéder au droit de cité romaine par l'exercice des magistratures municipales. D'autres enfin sont pérégrines, étrangères, soumises à l'impôt sauf immunité accordée par l'empereur (civitates liberae).
Les institutions municipales.
Toute cité est une état autonome sur le plan juridique et administrative dans les limites de l'empire romain. Les cités par exemple n'ont pas de politique extérieure.
Les institution sont calquées sur celles de Rome.
La gestion de la cité est confiée aux décurions. Pour devenir décurion il faut être fortuné, l'ordo decurionium forme le sénat local, responsable devant le gouverneur de la province et l'empereur.
Autour du forum, se trouvent le temple dédié au culte impérial, la basilique et les bureaux des magistrats.
Les magistrats : au nombre de 20 à 30 en fonction de la taille de la cité. A Jublains, ils devaient être 4.
On doit distinguer les magistrats inférieurs des magistrats supérieurs.
Les édiles sont chargés de maintenir l'ordre public, des travaux courants, de la surveillance des marchés, de l'alimentation en eaux et de l'entretien des rues et des places ; les questeurs étaient chargés des finances.
Les magistrats supérieurs sont les duumvirs s'il sont deux, quattuorvirs s'ils sont quatre. Ils sont chargés du service des cultes. Leur fonction est essentiellement religieuse: culte à Rome et à l'empereur. L'osmose entre responsabilité civile et religieuse nous surprend aujourd'hui, mais les magistrats d'alors étaient également prêtres!
Les non citoyens participaient aussi aux nombreuses cérémonies religieuses : six personnes nommées chaque années représentaient le corps des non citoyens (affranchis ou étrangers) lors ces cérémonies dédiées à l'empereur (sévirs augustaux)
Le culte impérial apparaît donc comme l'un des éléments essentiel d'unification politique et psychologique de l'empire.
La vie citoyenne.
Le corps des citoyens s'écrit dans un espace : le forum. Certains sont immenses comme celui de Bavay qui est trois fois plus grand que la place de la Concorde à Paris !
Ces lieux de rassemblement n'ont pas de vocation politique au sens où les citoyens ne délibèrent pas sur une question donnée. Le forum doit être compris comme un lieu de rassemblement lors des cérémonies publiques comme la proclamation des décisions de l'assemblée locale, lors des cérémonies religieuses, lors des spectacles avant la construction d'édifices spécialisés comme les théâtres ou les amphithéâtres. C'est le lieu privilégié de rencontre des citoyens de la cité, lieu de la cohésion sociale.
L'évergétisme.
Les notables, riches citoyens avaient le devoir de construire les édifices publics dont la communauté avait besoin : théâtre, aqueducs, rues. Nombreuses sont les dédicaces qui rappellent cela. Exemple à Jublains où Orgétorix offrent à la cité un théâtre dédié au culte de Rome. Les notables offrent également des jeux, des spectacles....
Comment reconnaître le citoyen romain ?
Certains signes extérieurs : la toge, le triple nom, l'inscription dans une tribu de Rome.
Les avantages de la citoyenneté romaine : des héritages libres de prélèvement, des dispenses fiscales, le droit de faire du grand commerce, le droit d'épouser une citoyenne romaine.
Comment devenir citoyen ?
Soit par l'obtention de la citoyenneté en récompense de services rendus, soit en exerçant la magistrature de sa cité. Cette citoyenneté s'accompagne d'honneurs, petits et grands.
Dans chacune des trois provinces, les cités désignaient comme représentant l'un des leurs pour assister à la réunion annuelle du 15 août à Condate, sanctuaire confédéral en l'honneur de Rome et d'Auguste. Pour un citoyen d'une cité, c'est l'honneur suprême. De plus les représentants des cités gauloises choisissaient le grand prêtre annuel ainsi que les personnes chargées des charges de gestion du grand temple.
Un monde très inégal.
Cette inégalité se voit aujourd'hui encore dans les traces archéologiques. Aux très grandes domus s'opposent les petites demeures des plus modestes travailleurs : artisans, boutiquiers...
La fortune vient surtout de l'exploitation de la terre, parfois du grand commerce.
La romanisation.
La diffusion de l'image impériale permet l'intégration des peuples soumis à la tutelle romaine. Christian Goudineau nous montre comment les stèles funéraires des plus grands sont copiés par les plus modestes.
Conclusion.
Etre citoyen dans l'empire romain recouvre des situations bien différentes suivant la naissance, la fortune ou les relations. Une citoyenneté finalement très inégalitaire.
Surtout ce qui frappe aujourd'hui c'est l'intensité de la vie citoyenne : les rassemblements collectifs obligatoires autour des cultes impériaux cimente la vie locale. C'est pourquoi les temples, forum, théâtre ou amphithéâtre apparaissent comme les lieux de la citoyenneté romaine. Leur vocation est à la fois civile et religieuse.
Pour Christian Goudineau, c'est la séparation du pouvoir civil et religieux qui explique aujourd'hui la perte de l'esprit citoyen, la disparition du sens de la cité.
La civitas est devenue après la disparition de l'empire romain le territoire du pouvoir chrétien, cadre qui perdure jusqu'à la révolution. Le diocèse s'est substitué à la cité, le dieu des chrétiens s'est substitué à l'empereur.
Jackie POUZIN, lycée Raoul Vadepied, 53 Evron
niveau : tous niveaux
type pédagogique :
public visé : non précisé
contexte d'usage :
référence aux programmes :
histoire-géographie-citoyenneté - Rectorat de l'Académie de Nantes