Qui est l'auteur de la peinture originale ?
- Selon Pline, il s'agirait de Philoxène d' Erétrie un artiste à la solde de Cassandre un successeur d'Alexandre. P. Briant ajoute que « selon un auteur de la fin du I°s. De notre ère, une certaine Hélène d' Egypte aurait peint un tableau représentant Alexandre lors de la bataille d' Issos ». D'autres noms ont été donné mais les historiens les ont manifestement réfutés ( Aristide de Thèbes , Apelle ).
- S'agit-il de la bataille d' Issos ou d' Arbelès/Gaugamèles ? La bataille d'Alexandre est traditionnellement présentée comme celle d' Issos . Pourtant , dans certains manuels scolaires, elle est indiquée comme étant celle de Gaugamèles/Arbelès. Ces différences proviennent de sources d'histoire contemporaine qui remettent en cause la version « Issos ». A la lecture de Diodore et Plutarque, on a du mal à distinguer laquelle de ces batailles figure sur la mosaïque d'autant que la bataille d' Issos par Diodore et celle de Gaugamèles par Plutarque ont le plus grand nombre d'éléments communs avec la mosaïque.
Existe-t-il des informations dans la mosaïque qui feraient pencher pour Issos et non Gaugamèles ?
- Pour Issos : L'appellation la plus courante est celle de bataille d' Issos car les textes de l'antiquité mentionnent pour cette bataille la présence d'un cheval qu'on aurait mené à Darius pour qu'il puisse fuir la bataille. Ce cheval semble figurer sur la mosaïque.
- Pour Gaugamèles : Une autre interprétation d'un historien actuel est la suivante: Les sarisses visibles au dessus de Darius ne seraient pas celles de l'armée macédonienne mais celles de l'armée Perse qui a , selon les auteurs antiques, adopté les armes macédoniennes après la bataille d' Issos. Il ne pourrait donc s'agir que de la bataille de Gaugamèles. Cette attribution entraîne une ré interprétation de la scène : l'armée perse ne serait pas en déroute mais en ordre de bataille. Darius, présenté en hauteur, n'a pas peur mais ressent de la compassion pour le noble perse transpercé par Alexandre. L'idée est de réhabiliter la mémoire de Darius.
Certains historiens actuels mentionnent , dans le même esprit, que le cheval d'Alexandre semble même refuser d'avancer. Et s'il s'agissait des deux batailles ?
P. Briant signale néanmoins que les interprétations sont toutes aussi minces les unes que les autres et qu'il est difficile de déterminer la volonté du commanditaire du tableau.
P. Briant penche toutefois pour l'hypothèse la plus visible, celle d'une volonté de présenter Darius sous un mauvais angle.
Voici ce que pense P. Briant :
Darius tient un carquois vide et un arc à la main ce qui signifie qu'il s'est battu personnellement. Pourtant, la composition montre clairement que la poussée alexandrine de la gauche vers la droite a pour effet de de mettre Darius en fuite devant son armée qui est encore en ordre de combat. Darius est bien un vaincu quittant le combat. L'idée aujourd'hui retenue est qu'il ne s'agit pas d'une bataille précise mais d'un archétype de la bataille alexandrine avec ses codes : Ce qui me semble intéressant dans les textes de Diodore et Plutarque , c'est qu'ils reprennent ces éléments types pour narrer l'un la bataille d' Issos et l'autre la bataille de Gaugamèles. P. Briant semble sensible à la description de la bataille par l'auteur latin de la fin du I° s. après J-C, Quinte- Curce .
Toutefois, P. Briant remet en cause toute cette mise en scène qu'elle soit écrite ou peinte. Darius a-t-il combattu sur son char ? P. Briant rappelle qu'« aucun Grand roi n'a jamais pris part au combat, ni à cheval, ni sur un char » et que les autres scènes écrites représentent aussi ces duels des prétendants. Jamais les sources perses ne présentent le Grand Roi au combat.
La mosaïque représente donc bien une vision grecque de la guerre. P. Briant estime qu'aucune source non gréco-romaine ne vient confirmer la thèse de la mosaïque et des écrits gréco-romains dont la source originelle est identique, selon laquelle Darius aurait pris part personnellement au combat.