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La séduction, un acte social ordinaire

par Cécile Dauphin

La conférencière débute son propos par différents constats
La femme a pu investir le domaine littéraire mais ce sont des parcours singuliers avec pour figure emblématique George Sand, comme le déclarait Balzac : "la femme est une esclave qu'il faut placer sur un trône". Il est plus aisé de trouver des sources sur la violence subie par les femmes que sur la séduction, les carnets intimes et les manuels de savoir vivre sont la base de la recherche. Faut il considérer comme un défi de vouloir écrire sur la séduction ? cela parait un objet d'étude plus littéraire et poétique.La conférence est en deux parties : la première est consacrée à la trajectoire du terme séduction et la deuxième aux artifices et outils de la séduction.

On peut définir la séduction comme l'élan de l'un vers l'autre. La séduction anticipe l'amour; l'attise mais il ne faut pas oublier l'aspect négatif intrinsèque : séduire équivaut à corrompre. Pour Diderot, la séduction permet d'adoucir les relations mais elle porte atteinte à l'innocence, à la vertu. La séduction humanise la fierté, assoupit la raison. Au 19ième siècle, la tromperie est toujours associée à la séduction, on pratique le rapt de séduction, on peut parler d'évolution au 20ième siècle avec l'idée de la femme libre. Pour autant, la séduction devient elle un acte ordinaire ? ce qui complique le travail de recherche est la multiforme de la séduction, de plus les enjeux de la séduction avec le temps ont changé. Il est admis depuis Erasme qu'une société se civilise entre autre grâce à la séduction, Montesquieu considérait que l'art de plaire permettait une mise en ordre de la société. Le 19ième siècle se distingue du précédent parce que la séduction ne concerne plus seulement l'aristocratie mais aussi la bourgeoisie, celle ci accueille dans ses salons, certes on se moque des "salonnières" et de leur pouvoir, les féministes condamnent cette galanterie qui serait une résurgence de l'ancien régime.

Le regard demeure un des outils de la séduction, ce dernier peut mettre des distances, exprimer le désir, un clin d'oeil peut suffire, viennent se rajouter les parures, les vêtements. Les lieux de rencontre sont les grands boulevards, les salles de spectacles grâce aux lunettes de théâtre et les réceptions. La femme est éduquée pour faire preuve d'une grande réserve mais elle déploie des techniques de contournement. Elle butine, lorgne alors que le regard masculin incarne la conquête et la femme en est la proie. Pour marquer la différenciation des sexes, la voix de la femme doit rester douce pour autant, une voix masculine douce peut s'avérer un élément de séduction. Les armes de la séduction sont la fausse impression de naturel, de légèreté, Madame de Sévigné à travers son style épistolaire exprime ces qualités attribuées à l'art de séduire. Les conseils d'hygiène : se laver les dents et les pieds toutes les semaines, les cheveux tous les deux mois semblent aujourd'hui ridicules. D'autres travers n'ont ils pas surgi ? des contraintes nouvelles pour la femme, elle ne porte plus de corset mais elle doit présenter un teint bronzé; pour le sociologue Jean Claude Kaufmann, la mode des seins nus s'explique par le corps qui se dénude face aux éléments naturels. La révolution dans la lingerie féminine apparaît autant comme une contrainte que comme une émancipation, n'est-ce pas le fantasme masculin qui est projeté ? Les codes de la féminité sont convoités par les hommes politiques comme par les économistes.

En conclusion, la conférencière précise que la séduction se situe au point de rencontre de l'intime, du social et du culturel, certaines façons d'être sont proscrites mais les codes de la séduction sont malléables. La personne séduite est elle toujours leurrée ou peut-on parler de don et de contre don dans cet échange?


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