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le XIXe siècle est-il l'âge d'or de la presse féministe ?

par Yannick Ripa

L'historienne annonce deux périodes favorables pour la parution de journaux féministes 1830/1848 et 1870/1914. Il est rappelé la définition du terme féministe : c'est un état d'esprit qui conduit à dénoncer les discriminations à l'égard des femmes.
Après ce préalable, la conférencière pose la question : pourquoi ce siècle fut-il propice à une telle presse féministe ?

Le premier journal la femme libre fut fondé par Désirée Gay en 1832, cette démarche n'est possible que parce que la femme veut exercer ce pouvoir de pensée et de parole jusqu'ici d'expression masculine. Pour oser devenir journaliste, cela suppose que la femme surmonte les handicaps de son éducation, celle ci la confinant dans la sphère privée ou dans une presse de genre dont les titres sont le messager du salon et les nouveautés parisiennes. La presse féministe se veut une presse équivalente à celle de la presse masculine. Le cri du peuple fondé par Jules Vallès est un journal qui va accepter des articles rédigés par des femmes dont Séverine qui fut d'abord la secrétaire de Jules Vallès mais cette dernière sera renvoyée du journal par Jules Guesde. Séverine va retrouver son métier de journaliste grâce à Marguerite Durand. Cette dernière par le truchement de l'affaire Dreyfus va publier un nouveau journal dont le titre suffit à illustrer l'esprit combatif la fronde en 1897. Quelles que soient les périodes historiques, les femmes sont confrontées au problème de financement de leur journal, un de leur prêteur de fonds sera Léon Richet, philanthrope franc-maçon ; s'il se rajoute la censure politique, la presse féministe ne peut se maintenir.


Les premières féministes de la période 1830/1848 s'inscrivent dans le courant saint-simonien "l'homme et la femme voilà l'individu social" le journal saint- simonien le globe ouvre ses pages à des féministes. Leurs articles se donnent pour objectif de favoriser la prise de conscience de l'oppression de la femme. Les féministes considèrent que la tyrannie touche toutes les femmes quelle que soient leur origine sociale, elle prônent justement la solidarité féminine notamment dans le journal la voix des femmes, les barrières de classe doivent s'estomper. Les féministes interpellent les hommes sur la notion d'universel. Pourquoi ce terme se limite au masculin ? Dans les journaux, les articles réclament l'égalité devant l'instruction, le travail, le rétablissement du divorce selon les principes révolutionnaires, la presse féministe est vilipendée dans la presse masculine.


La troisième République est une opportunité pour reprendre le combat des droits civils, les femmes espèrent que la société peut se réformer, que les femmes chargées de devoirs doivent aussi avoir des droits. Léon Richet va financer l'avenir des femmes, Une association en 1877 est fondée " le droit des femmes".
A partir de 1888, la presse féministe connaît un essor avec une forme de hiérarchie qui part d'un courant réformiste souvent d'influence chrétienne à un courant plus revendicatif exprimé par H Auclert (voir résumé précédent) et par Madeleine Pelletier et Nelly Roussel ( revoir résumés de l'année passée). Marguerite Durand considère que la femme doit se prendre en charge, être typographe, maîtriser toutes les étapes de la publication d'un journal. Surtout, à ses yeux, la presse féminine ne doit pas se limiter à des articles ciblés sur le rôle social de la femme, les femmes doivent oser parler de politique, de finance. Dans son journal, la Fronde, l'édito est rédigé par Séverine, elle y évoque les congrès internationaux , des colonnes sont ouvertes à des lectrices, Nelly Roussel défend le travail féminin, on lit des articles de Clémence Royer, de Pauline de Kergomard et H Auclert. La Fronde prit parti pour Dreyfus, le journal fut attaqué , les antidreyfusards prétendent qu'il est financé par les juifs, Marguerite Durand se défend en expliquant qu'il est financé par la vente de ses bijoux. Le journal devient de plus en plus anticlérical, sa vente décline assez vite, en 1903, il n'aurait plus que le tiers des lecteurs du début. Quelques actions se rajoutent à la publication comme rendre hommage à Condorcet. 1914 aurait dû être l'année des revendications.

En guise de conclusion, l'historienne dresse le constat que la presse féministe disparaît pour ne jamais se rétablir, jamais les femmes n'oseront publier des revues avec des titres provocateurs comme le menstruel ou le torchon brûle. Il y eut quelques journaux dans la veine de ceux cités Marie pas claire mais ils n'ont jamais pu se maintenir.

Compte rendu de J Méo Lycée Montesquieu Le Mans
Mise en ligne le 23 novembre 2003


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