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les anges blancs : naissance difficile d'une profession féminine

par  Yvonne Knibiehler

L'exposé est structuré de manière chronologique en trois temps : l'avant guerre, la guerre et l'après guerre. La guerre a certainement favorisé "la professionnalisation" de ce métier entamée juste avant mais il est constaté des limites à cette reconnaissance professionnelle parce que dans les mentalités, ce métier repose avant tout sur un don de soi.

Ce sont les médecins qui ont sollicité la création de ce qui devait être un assistanat à leurs yeux. Ces derniers déplorent le conservatisme des religieuses ; elles ne veulent pas soigner les prostituées, les personnes souffrant de maladies vénériennes, elles sont réticentes à utiliser le thermomètre anal et ne sont pas formées pour faire piqûres et injections intradermiques. Les infirmières laïques ne sont guère mieux perçues et reçoivent le surnom de bécassine parce beaucoup sont originaires de la Bretagne

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C'est la loi de 1893 sur l'assistance médicale gratuite qui incite les médecins comme Bourneville à solliciter la création d'écoles pour former ces nouvelles auxiliaires médicales. La première école sera ouverte en 1907 à la Salpétrière. Cette école est ouverte aux femmes célibataires de 18 à 25 ans, on exige une bonne santé, il est prévu deux ans de formation et on assure le logement et la nourriture.

La volonté médicale se croise avec le désir pour les femmes de sortir de la sphère privée; les femmes issues de familles bourgeoises pratiquantes sont encouragées par le pape Léon XIII pour qui devenir soignant est une autre façon de servir Dieu. La création de la croix rouge va institutionnaliser cette profession mais l'existence de trois sociétés de la croix rouge explique la concurrence pour la formation proposée. Celle ci attirait de préférence les filles de bonne famille, on comptait 250000 adhérentes. Deux femmes vont être à l'origine pour Léonie Chaptal d'un hôpital qui soigne les tuberculeux et pour Anna Hamilton à Bordeaux d'une école de nurserie sur le modèle des écoles de Florence Nightingale. Ce métier se recoupe avec les oeuvres de bienfaisance.
La sécularisation des hôpitaux fin dix neuvième siècle favorise la création de postes d'infirmières laïques et pose la question du salaire à verser à ces professions. Ce métier en gestation manque d'unité juste avant la guerre, on décompte trois catégories
les religieuses/ les infirmières formées par la croix rouge appelées les "vaches" / les infirmières formées par l'assistance publique appelées les "putains".

La guerre va provoquer quelques changements, il est nécessaire d'accélérer la formation, des uniformes sont dessinés : tenue blanche avec voile et blouse. Les femmes médecins ne pouvant pas exercer sur le front, elles s'engagent comme infirmières. Lorsqu'on comprend l'utilité d'extraire les balles, cela aboutit à la création de 850 nouvelles unités chirurgicales. Marie Curie incite les pouvoirs publics à faire circuler des voitures dotées d'appareils radio portatifs. Il va être créée une école pour former les techniciens manipulateurs, 100 0000 clichés seront pris.


Une hiérarchie des tâches est ébauchée. Certains préparent les examens, les pansements tandis que d'autres entretiennent les locaux. De nombreux châteaux se transforment en hôpital et des propriétaires comme la duchesse d'Uzes donnent l'exemple. L'hôpital devient "une terre promise" le soldat rêve de la bonne blessure, les draps blancs sont espérés, les blessés expriment leur préférence à être soignés par des femmes. Des fêtes sont organisées pour maintenir le moral et l'attirance sexuelle ne peut être feinte. Les infirmières major disposent d'un pouvoir conséquent, ce sont elles qui signent le papier qui renvoie le soldat au front. Par ce travail, les femmes perçoivent la fragilité masculine tandis que les femmes démontrent leur solidité morale et leur goût pour le travail. Il fut décompté la mort de 73 infirmières et certaines furent envoyées aux Dardanelles, en Roumanie, elles travaillaient parfois sur des bateaux hôpitaux.

Après guerre, suite à un rapport de Léonie Chaptal, en 1922 est crée le diplôme d'état, une commission a défini une formation qui a débouché sur un examen final national mais cette création ne fait pas disparaître les écoles de la croix rouge, de plus cet examen n'est pas exigé et on recrute plus facilement les infirmières non diplômées parce qu'elles sont moins exigeantes. Une préoccupation de l'après guerre est la chute de la natalité d'où la création d'infirmières à domicile, la fondation Rockfeller et la croix rouge financent la création de tels postes. Le recrutement se poursuit dans les familles aisées, les jeunes filles issues de ces familles découvrent la misère sociale.


On rend obligatoire pour les infirmières une visite médicale régulière et les vaccinations. Dans les mondes du travail et l'école, on ne juge pas la présence de l'infirmière indispensable malgré l'accent mis sur l'hygiène sociale. La catégorie des infirmières visiteuses va être transformée à travers la fonction d'assistante sociale.

Pour les médecins comme pour l'Etat, cette profession certes repose sur un savoir, des techniques à acquérir mais avant tout elle demeure un sacerdoce. Ce statut reste double et les femmes peu syndiquées ont comme chefs syndicaux des hommes bien que minoritaires. La compétence d'une infirmière ou ange blanc s'exprimerait à travers 27 qualités dénombrées.

J Méo Lycée Montesquieu le Mans mise en page Avril 2003


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