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les années folles : une femme émancipée ?

par Christine Bard

En introduction, l'historienne rappelle le succès exceptionnel du roman "la garçonne"; 16% de la population française l'a lu, il fut vendu à un million d'exemplaires. Ce titre évoque la masculinisation de la tenue vestimentaire, cette transformation sera plus amplement décrite dans une première partie et dans une deuxième partie, seront évoquées les réactions face à de tels changements et les limites de ces derniers.

Le XIXième siècle se caractérise par un besoin de différenciation sexuelle, les travaux biologistes à connotation raciste et sexiste débouchent sur des hiérarchies que l'historienne rappelle en montrant une planche avec plusieurs crânes, d'abord le crâne d'un homme associé à l'image d'un cheval puis celui d'une femme plus petit et plus large et associé à l'image d'une autruche. il était interdit aux femmes de porter un pantalon, seules quelques intellectuelles se le permettaient comme G Sand ou Rosa Bonheur. Ce sont des marginales qui au XXième siècle changent de tenue vestimentaire, c'est le monde de Sapho qui fut le générateur du port du pantalon, l'apparition du vélo fut un prétexte pour que les femmes souhaitent porter des vêtements plus pratiques.
L'assimilation à une tenue masculine repose tout autant sur la coiffure avec la mode des cheveux courts, on peut en déduire que cela a changé les modèles des chapeaux. La teinture se développe comme les indéfrisables Une autre grande nouveauté fut la dégagement des chevilles voire des mollets. Les hygiénistes appuient la démarche des femmes pour porter des tenues plus fonctionnelles en raison des risques encourus en cas de noyade ou d'incendie ; on se souvient du drame que fut l'incendie du bazar de la Charité. Les derniers aspects de rapprochement se font avec la cigarette et l'allure "haricot vert".Les femmes se libèrent du corset pour plonger dans une autre contrainte : les régimes alimentaires. L'idée d'une femme mince, d'apparence androgyne ne se retrouve qu'en Grèce sous l'antiquité 200 avant JC.

Les coiffeurs furent hostiles comme les chansonniers à la mode des cheveux courts, les premiers pensaient que leur chiffre d'affaires baisserait en ne vendant plus des accessoires pour coiffer les cheveux longs; il est constaté que le métier de coiffeur se féminise. Cette mode d'influence masculine est contradictoire avec le recours bien plus massif au maquillage, le dessin des lèvres est davantage souligné. La nouvelle coquetterie féminine est pratiquée par les comédiennes et elle fait tâche d'huile sur les hommes avec la création du "dandy"; l'homme cherche à réduire sa pilosité, des nouveaux costumes sont conçus, les pantalons s'élargissent, les chandails sont assortis aux chaussettes, cette mode vestimentaire est favorisée par le développement de la pratique sportive.
L'Eglise réprouve ces transformations vestimentaires, certains curés refusaient d'accorder la communion aux femmes portant des cheveux courts. Pour dissuader les femmes de couper leurs cheveux, la rumeur circulait comme quoi cela favorisait la pilosité. Un tel choix était analysé comme une tendance à être lesbienne ou prostituée. Le modèle de la garçonne dans les années 30 fut incarnée par Violette Maurice, elle était haltérophile, le fait qu'elle fut lesbienne, consolide les préjugés sur ces transformations, le fantasme du sein coupé pour conduire son bolide circulait dans les sphères parisiennes. L'excentricité du comportement de cette personne explique qu'il lui fut retiré sa licence de conduite, elle sombra alors dans l'extrême droite et fut exécutée comme collaboratrice pendant la seconde guerre mondiale.

Les limites de l'émancipation féminine à travers même le roman "la garçonne" sont évidentes puisqu'à la fin, la jeune femme renonce à la liberté sexuelle et épouse un ancien combattant qui l'a remise dans le droit chemin. Pour l'historienne, ce n'est pas un livre féministe, l'auteur ne peut pas dépasser des atavismes sociaux, des idées bien pensantes. Les quelques transformations fondées sur l'apparence ont au demeurant suffi à provoquer des réactions de romanciers comme Paul Morand qui dénonçait une dissolution des moeurs.

J Méo lycée Montesquieu le Mans
mise en ligne le 15 avril 2003


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