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Compte rendu de la conférence de Pascale Toscani à l’ESPE d’Angers le 23 mars 2016
Pascale Toscani est maître de conférences à la faculté d’éducation de l’Université catholique de l’Ouest, docteur en psychologie cognitive, directrice du laboratoire du GRENE (groupe de recherche en neurosciences et éducation). Elle collabore avec des équipes de recherches internationales qui travaillent en partenariat écoles/université. Dans ce cadre, l’équipe qu’elle dirige travaille sur le concept de plasticité cérébrale et de ses répercussions sur la conception des apprentissages, dans l’objectif de mener une réflexion sur l’école du 21ème siècle.
Pascale Toscani commence par présenter le laboratoire GRENE et ses modalités de travail. Les chercheurs se servent des résultats d’IRM menés sur des patients pour élaborer des hypothèses, établir des protocoles pédagogiques afin de vérifier en classe les hypothèses de départ.
Pascale Toscani définit ensuite les neurosciences : il s’agit de l’étude du fonctionnement du système nerveux jusqu’à l’étude du comportement de l’apprentissage. Les neurosciences font donc appel à différentes spécialités : médicales, chimiques, informatiques, biologiques…
Les neurosciences permettent déjà de déconstruire de nombreux neuromythes : des hypothèses scientifiques invalidées mais qui restent dans les mémoires collectives.
Par exemple, on n’utilise que 10% de son cerveau. Ce qui est faux, on utilise 100% de son cerveau. Ou bine il existe différents styles d’apprentissage (visuel, auditif, kinesthésique). C’est faux, là aussi, en fait le cerveau est beaucoup plus complexe que cela et s’adapte à de nombreuses situations. Le poids de l’environnement est important, rien n’est jamais joué d’avance….
Pascale Toscani développe ensuite deux concepts essentiels des neurosciences : la plasticité cérébrale et la perception universelle précoce.
On distingue la plasticité intrinsèque, moyen de régulation naturel inhérent au développement des enfants (mémoire de base, langage, audition, vision…) et la plasticité extrinsèque qui se développe toute la vie et se régule en fonction de l’expérience.
Par exemple, concernant le vocabulaire de l’enfant, si l’on regarde la plasticité intrinsèque, tous les enfants vont développer du vocabulaire, si l’on regarde la plasticité extrinsèque, le langage est différent selon les expériences des enfants. Pour expliquer les différences de vocabulaire entre les enfants, des milliers de facteurs rentrent en ligne de compte, notamment des facteurs sociaux. A l’entrée à l’école maternelle, un enfant de famille aisée a 1116 mots dans son registre de vocabulaire, un enfant de famille ouvrière a 740 mots, un enfant d’une famille vivant sous le seuil de pauvreté a 525 mots. Ces différences portent sur le nombre mais aussi sur le registre des mots. Ces écarts n’ont bien sûr rien à voir avec l’intelligence !
Comment remédier à ces différences ? Pascale Toscani propose quelques pstes :
A sa naissance, l’enfant maîtrise toutes les connaissances universelles. En grandissant, il les perd. Son cerveau connecte les neurones en fonction de stimuli extérieurs, les neurones non connectés sont mis en sommeil. A force de connecter certaines neurones, l’être humain devient spécialiste dans certains domaines mais moins généraliste. Le cerveau travaille aussi quand il ne fait rien. On estime que laisser son cerveau au repos 2h par jour est une bonne chose.
Il n’y a pas de recette pour apprendre mieux. Apprendre est d’une grande complexité cognitive, c’est une mise en lien et une mise en conflit de réseaux de neurones par une personne qui a une histoire, un projet, un environnement, une culture;…
Pascale Toscani achève son exposé par quelques domaines que les neurosciences explorent actuellement et qui peuvent intéresser l’école :
Comprendre le cerveau : naissance d’une science de l’apprentissage. Conférence internationale OCDE/CERI « Apprendre au XXIe siècle : recherche, innovation et politiques » www.oecd.org/fr/sites/learninginthe21stcenturyresearchinnovationandpolicyapprendreauxxiesieclerechercheinnovationetpolitiques/40583325.pdf
Francis Eustache et Bérengère Guillery-Girard, La neuroéducation, la mémoire au cœur des apprentissages, chez Odile Jacob, 2016.
Pascale Toscani (sous la direction de ), Les neurosciences au cœur de la classe, Chronique sociale, 2013.
Catherine Vidal , Cerveau, sexe et pouvoir, éditions Belin, 2005.
Catherine Vidal , Nos cerveaux, tous pareils, tous différents, éditions Belin, 2015
histoire-géographie-citoyenneté - Rectorat de l'Académie de Nantes