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les récompenses des résistantes

par Sylvie Chaperon, Maîtresse de conférence à l'université de Toulouse le Mirail

Au préalable, nous précisons que le titre de la conférence est réducteur. L'historienne a traité de la faible reconnaissance de l'engagement des femmes dans la Résistance après guerre et de la mystification de la femme résistante à travers les journaux.

INTRODUCTION : En préambule, l'historienne rappelle le manque de recherche historique sur les femmes et la résistance. Certes, il y a beaucoup de témoignages dans les livres mais ce sont soit les résistantes elles-même qui ont écrit ou des journalistes et non des historiens. Une historienne avait commencé une thèse mais elle est décédée avant de pouvoir la terminer.

La conférencière commence son intervention par une question : Pourquoi les résistantes sont devenues invisibles si ce n'est discrètes après guerre ? Quatre arguments sont proposés par l'historienne.

1) La très faible institutionnalisation des structures résistantes féminines

En fait c'est le parti communiste qui va fonder l'association la plus importante "l'union des femmes françaises" et quelques mouvements de résistance vont prévoir une section féminine mais dans le but de faire contre poids à l'union des femmes françaises.

l'union des femmes françaises compterait 500000 membres. Elle ne se veut pas exclusivement communiste ; on y trouve des catholiques. Il existe des organismes équivalents en Italie et dans les pays de l'Europe de l'est.

L'ocm ( l'organisation civile et militaire ) est un des rares mouvements de résistance à créer une section féminine dont la présidente sera Marie Hèlène Lefaucheux, la femme du futur directeur des usines Renault Pierre Lefaucheux.

Dans les fln ( les forces de libération nationale ) des sections féminines sont constituées et la présidente nommée sera Lucie Aubrac. Ces sections auront une courte vie, elles publieront des journaux, exprimeront des revendications. Lucie Aubrac fondera sa propre revue mais elle sera éphémère.

2) Une très faible entrée dans la carrière politique

La plus grande participation fut dans les comités locaux de libération, dans les conseils municipaux et départementaux nommés par les résistants en 1944. Le chiffre de 7 à 10% puis lorsque les élections sont organisées, les femmes disparaissent. Il y avait 12 femmes dans l'assemblée consultative d'Alger, on compte 2% de femmes à la chambre des députés de 1958. La présence féminine dans la période de libération explique que quelques lois furent votées telle la fermeture des maisons closes, la loi qui permet aux femmes d'accéder à toutes les fonctions judiciaires. La constitution garantit l'égalité des droits entre hommes et femmes. Il fut discuté s'il fallait rappeler les devoirs familiaux et la notion d'institution qu'est la famille mais la France n'est pas l'Italie. Les futurs fondateurs du MRP ne vont pas obtenir une telle mention.

Les femmes vont s'investir dans la vie associative notamment dans l'éducation permanente. Marie-Hélène Lefaucheux est élue députée sous l'étiquette MRP et elle va représenter la France à l'ONU lorsque cet organisme se préoccupa de l'émancipation des femmes. Evelyne Sullerot qui a résisté avec son père psychiatre (ce dernier protégeait des résistants et des juifs dans sa clinique ) va fonder la "maternité heureuse" et être à l'origine de la création du planning familial.

3) Une faible reconnaissance institutionnelle

sur 1059 compagnons de la libération, seulement 6 femmes.

10% des médaillés de la résistance, peu reçurent la carte de combattant volontaire de résistance. Pourtant le comptage des femmes dans la Résistance donne un taux minimum de 10% 15% pour Libération et Défense de France, 25% pour Témoignage chrétien.

4) le mythe "résistancialiste"

Ce concept fut crée par Henry Rousso. Cet historien a constaté qu'après guerre, le mythe que l'ensemble des français ont résisté, s'est développé. Les femmes étaient considérées résistantes par le seul fait de s'être préoccupées d'assurer la nourriture de leurs enfants par ces temps de pénurie.

Le "mérite" de la mère française explique que le droit de vote fut accordé. Comme le fait remarquer l'historienne la femme obtient le droit de vote parce qu'elle le mérite.

Le parti communiste favorise "l'héroisation" d'une femme : Danièle Casanova morte à Auschwitz du typhus. Cette fugure de la Résistance est présentée comme une sainte : visage lisse, lumineux; dans un poème que lui dédie L Aragon, est écrit " Je vous salue Marie de France".

CONCLUSION

Si la femme obtient le droit de vote, c'est une mesure symbolique pour marquer la rupture entre la Troisième République et la Quatrième République.

Le mythe de la française résistante contribue à oublier Vichy et la politique attentiste de la majorité des français.

COMPLEMENTS DE REPONSE AUX QUESTIONS POSEES

Les radicaux demeuraient les plus opposés au vote des femmes d'autant plus qu'en 1945, elles représentaient 62% de la population, aussi certains proposaient qu'elles soient éligibles mais non électeurs. La majorité fut obtenue à l'assemblée consultative mais pas de manière significative. Les partisans du vote des femmes : de Gaulle, Fernand Grenier, Marcel Prigent et Henry Wallon. Dans cette assemblée, se trouvait une femme Marie Couet qui va se battre pour l'égalité des salaires entre homme et femme. Dans un premier temps, le ministre du travail Parodi accepte que l'abattement de 20% soit ramené à 10% puis A Croisat nouveau ministre du travail fait supprimer les 10% restants. Ce n'est qu'après guerre que les femmes ont obtenu de nouveaux droits. A partir de 1947, le temps des réformes sociales est terminé.

Joëlle Méo, Lycée R Garnier, 72400 La Ferté-Bernard
Page mise en ligne le 5 mars 2001


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