L'art est un grand témoin des régimes totalitaire que ce soit au travers de la propagande élémentaire (affiches, caricatures) ou du rôle des artistes, consentants ou contraints, qui sont pris dans une exigence d'adhésion au totalitarisme et de soumission de leur art à son service.
Pour aborder cette question au cœur de l'art du XXème siècle, on peut cibler l'approche sur la problématique suivante : «
l'art sert-il les idéologies totalitaires au XXème siècle ? »
Les ressources pour le collège proposent des supports possibles pour l'étude en classe d'histoire de 3ème :
- les grandes œuvres de commande, souvent spectaculaires, qui mettent en scène le régime ou décorent ses mises en scènes politiques : les sculptures nazies et soviétiques, dans leurs ressemblances -elles proposent des modèles d'identification héroïques-, comme dans leurs différences -ce ne sont pas des modèles pour les mêmes valeurs- ; la monumentalité écrasante de l'architecture qui vise la sidération devant le régime et inspire le respect sinon l'effroi par l'effet de force colossale qui s'en dégage ; la mise en scène de la force et des vertus du chef politique qui convainquent de sa supériorité providentielle et contraignent les comportements de tous à un modèle de flagornerie dont il n'est pas nécessaire d'être dupe pour s'y résoudre.
- Des carrières d'artistes qui sont facilitées par l'adhésion au régime et par l'acceptation plus ou moins contrainte de ses commandes (Leni Riefenstahl ; Arno Brecker ; Eisenstein ; Chostakovitch ; Prokofiev...) tandis que d'autres qui sont entravées ou brisées par l'exil, une résistance ou une suspicion (Thomas Mann ; Bertold Brecht ; Walter Gropius ; Stefan Zweig ; Emil Nolde ; Vladimir Maiakovski ; Mikhail Boulgakov ; Ossip Mandelstam...). Ces carrières sont associées à l'étude d'oeuvres quicorrespondent à ces profils, soient qu'elles expriment les valeurs ou discours du régime, soit qu'elles laissent transparaître ou affichent clairement réserves ou opposition ;
- L'organisation de l'activité artistique et de sa diffusion par des institutions du régime ou les hommes qu'il a désignés pour cela (rôle de Goebbels et de la Reichskulturkammer ; rôle des associations institutionnelles d'artistes en URSS). Elle prend trois dimensions : la sélection et la valorisation d'oeuvres du passé dont les thèmes servent le régime ou sont détournées à son profit (ex : Richard Wagner) ; le contrôle de la production artistique et son orientation vers les thèmes et les formes privilégiées du régime (ex : le « réalisme soviétique ») ; la stigmatisation des formes d'art qui ne correspondent pas à son projet et à son idéologie (« l'art dégénéré » ; « l'art bourgeois »).
Le choix a été fait ici d'étudier deux œuvres monumentales :
le protecteur, d'Arno Breker, 1940 pour le régime nazi et
l'ouvrier et la Kolkhozienne, de Véra Moukhine, 1937.
Remarques : Comme nous y invite le programme, l'étude des régimes totalitaires en 3ème ne doit pas être menée sous la forme d'une comparaison entre nazisme et stalinisme. Pour l'étude de la production artistique, il en est de même. Ce qu'il faut dégager, c'est le rôle des arts dans l'idéologie totalitaire en prenant des exemples dans les deux régimes.