histoire-géographie-citoyenneté

Le thème du travail est au cœur d’un renouvellement historiographique important, mis à l’honneur de l’édition 2021 des Rendez-vous de l’Histoire de Blois. Le monde du travail contemporain est aussi l’une des questions mise au concours du CAPES et de l’agrégation d’histoire. Les rapports sociaux au sein du travail sont des thèmes classiques, mais rénovés des programmes scolaires, en particulier en classe de quatrième à propos de l’industrialisation et dans le cadre des nouveaux programmes du LGT (tronc commun en première, notamment).

Il y a donc une triple ambition à interroger la manière de faire cette histoire en classe. Comment articuler enseignement, formation et recherche ? Pour répondre concrètement à cette problématique, un projet est né de la complicité pédagogique entre Léa Grégoire, stagiaire en M1 qui prépare la question du travail en Europe occidentale (1830-1930) et Karl Zimmer, enseignant au collège Kennedy (Allonnes) et doctorant sur l’histoire populaire du monde ouvrier au Mans au début du XIXe siècle (TEMOS CNRS 9016). L’objectif était de faire dialoguer les connaissances du concours et des travaux universitaires inédits dans la construction d’une première séquence d’enseignement. Entrer dans le métier en mobilisant des apports scientifiques en train de se faire. Mais aussi, montrer l'intérêt de l'histoire locale dans le cadre scolaire.

Les sources et la démarche associée

Trois sources ont été proposées aux élèves : un article de presse sur un « colloque ouvrier » en 1831, une lettre ministérielle au préfet de la Sarthe sur une coalition de cordonnier en 1834 et un acte d’accusation contre une expérience luddiste en 1839.
La première étape pour les élèves a été de se confronter à ces traces du passé : non-transcrites, il fallait faire émerger quelques critiques, comprendre comment et dans quel contexte ces documents ont été produits. Ces sources ont été sélectionnées par le chercheur afin de rendre compte des répertoires d’actions possibles qui se déploient par en bas. La mobilisation d’une phase d’institutionnalisation permet de mettre en perspective des notions telles que la paupérisation, le proto-machinisme ou encore les résistances populaires.
Ainsi, il a été possible d’analyser les archives locales de manière classique : présentation externe, description fine avec définition du vocabulaire et identification des acteurs, et explication des enjeux liés à l’industrialisation (la grande question posée aux élèves était : comment les ouvrières et ouvriers réagissent-elles/ils à l’industrialisation ?
Enfin, les élèves ont été invités à construire un récit pour reconstruire ce qu’il s’est passé. Écrire une histoire inédite en somme. Tout l’intérêt de la démarche a été de mettre en valeur la méthode des historiennes et des historiens : administrer la preuve. Toujours revenir à la source pour écrire dans le champ du vrai ou du probable.
Un long travail de réécriture a donné lieu finalement à une proposition pour une revue d’histoire locale (La vie mancelle et sarthoise). Celle-ci a accepté de publier nos textes. Il fallait dès lors faire un travail d’édition, choisir des illustrations, proposer des titres accrocheurs et respecter un format stricte. En définitive, ces productions finales donnent à voir une petite fabrique d’histoire scolaire durant laquelle des élèves ont été au cœur du processus d’écriture.

l'article de la revue la vie mancelle et sarthoise qui reprend les récits des élèves