La puissance permet d’étudier la capacité des États à imposer leur volonté dans une relation et, plus généralement, leur capacité à agir sur le monde. Joseph Nye en 1990, dans un article publié par «
Foreign Policy » précise que les Etats possèdent des capacités d’actions : s’ils ont recours à la force, on parlera de puissance dure (
hard power). Il s’agit ici de formes de puissance traditionnelle que les Etats ont développé depuis longtemps ; basées sur la capacité militaire, financière, économique, juridique. S’ils ont recours à la persuasion, on parlera de puissance douce (
soft power). Ici la force ne sera pas utilisée mais les médias, la culture, l’influence scientifique
En 2007, popularisée par Hilary Clinton, le terme de smart power (la puissance intelligente) apparaît. Alors la puissance reposerait sur la capacité à utiliser sur un même terrain, le hard power ou le smart power, en fonction des besoins.
les fondements et les manifestations de la puissance
Les fondements sont d’une grande diversité : le territoire, la population, l’économie, l’influence culturelle, la capacité diplomatique, la capacité militaire…
Les manifestations aussi : alliances commerciales, politiques, militaires, diaspora, réseau d’ambassades, modèle culturel…
On parle de puissance complète quand un Etat possède l’ensemble des fondements de la puissance. Les Etats-Unis ayant maîtrisé les premiers l’ensemble de ces fondements forment une puissance complète.
On parle aussi de superpuissance : terme attribué aux Etats-Unis et à l’URSS durant la Guerre froide ; ou d’hyperpuissance : terme attribué aux Etats-Unis à la fin de la Guerre froide et inventé par Hubert Védrine.
On parle enfin de puissance émergente pour la Chine, le Brésil…ou ré-émergente pour la Russie, de puissance moyenne, puissance déclinante, ancienne puissance, puissance ré-émergente… Le système international évolue en fonction de cette hiérarchie mouvante des puissances et des capacités variables des Etats.
la puissance se localise...
Elle hiérarchise les espaces. On parlera de puissance mondiale, ou régionale en fonction de la sphère d’influence de l’Etat.
Elle repose sur la dualité centre versus périphérie, le centre incarnant le territoire puissant et la périphérie, l’espace qui est moins puissant.
Elle s’adresse dans ce siècle à de nouveaux territoires comme les associations régionales, les mégalopoles, les métropoles, les villes mondiales, les technopoles… bref elle est multiscalaire et on ne s’adresse plus seulement à l’échelle étatique.
la puissance évolue...
En effet, les fondements de la puissance ont évolué dans l’Histoire : la puissance athénienne ou romaine n’est pas celle des Etats-Unis ou de la Chine actuelle… et donc si les puissances du passé ne sont celles du XXe siècle, sur quels fondements les puissances du XXIe siècle seront basées ? ex: sur la maîtrise d'Internet ?
des acteurs de la puissance qui se multiplient ...
Depuis les années 1980, la mondialisation accélérée a brouillé les contours de la puissance, avec un nombre d’acteurs de plus en plus conséquent, notamment des acteurs transnationaux comme les FTN, certaines ONG, des médias, des institutions internationales mais aussi les réseaux illicites…
Bref, la puissance est une notion complexe, elle est toute relative, et éphémère.
J.-B. Duroselle n’a-t-il pas publié en 1981 « Tout empire périra » ? Dix ans plus tard, l’URSS implosait.
Pour aller plus loin :
https://www.diploweb.com/Dossier-geopolitique-et-strategique-La-puissance.html
Accessible pour nos élèves:
www.youtube.com/watch