- Les possessions de l'abbaye
o Le seul établissement local d'origine mérovingienne.- Selon Sébastien Legros, « L'abbaye d'Evron, seule représentante bénédictine dans le Bas-Maine dispose [...] d'un
statut localement très spécial. » Elle est le seul établissement local d'origine mérovingienne qui n'a pas définitivement disparu à la fin du Haut Moyen Age. Sa restauration en 989, unique en son genre dans le Bas-Maine, détermine le devenir de l'établissement et l'organisation de son groupement prieural.
- La charte de 989, confirmée par celle de 1125, montre
la volonté manifeste des moines de récupérer un ensemble spécifique d'églises ancrant l'abbaye dans le passé évangélisateur de la région. A travers ce travail de récupération, l'objectif est d'attacher l'abbaye à la mémoire des anciens monastères mérovingiens ou carolingiens locaux.
- La carte des établissements monastiques du premier tiers du XIIe siècle permet ainsi de distinguer
un premier ensemble de prieurés sur les marges du domaine abbatial destinés à en resserrer le contrôle (Trans, Champgeneteux, Bais, Voutré, Torcé, Marigné, Saint-Denisd'Orques) alors qu'
un deuxième ensemble incorpore de vieux sanctuaires monastiques (Entrammes, Saint-Ouen, Changé, Champ-de-la-Vigne).
o L'attraction mayennaiseUn lien étroit s'établit en outre entre les moines d'Evron et le lignage mayennais à partir du début du XIIe siècle et de l'arrivée de Daniel de Marmoutier, à la tête de l'abbaye. Les seigneurs de Mayenne choisissent alors l'abbatiale d'Évron comme
mausolée. Juhel Ier fonde par ailleurs
le prieuré de Berne aux portes de sa cité entre 1120 et 1161. L'ancrage historique de l'abbaye explique l'intérêt des seigneurs mayennais à son égard. Ils y trouvent, selon S. Legros, une marque de légitimité et l'opportunité d'assumer une fonction bienfaitrice dévolue traditionnellement aux comtes ou vicomtes à un moment où le lignage se recentre sur ses possessions mayennaises après les tribulations de Geoffroy de Mayenne au XIe siècle. Mais les dons des aristocrates constituent avant tout un viatique pour l'au-delà. La rédemption de l'âme reste la principale motivation des donateurs.