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mis à jour le 24/10/2024
Une proposition élaborée dans le cadre du GARD (groupe académique de réflexion disciplinaire) pour construire une séquence de lecture et d’analyse de paysages (cycle 3 ou 4) dont l’objectif est de réenchanter la géographie par une approche sensible.
mots clés : GARD, littoral, paysages, émotions, estuaire, sensible, CPS
Cette proposition s’inscrit dans une logique pluridisciplinaire en lien avec le français et les arts plastiques pour faire du paysage un objet d’écriture et un travail artistique. Elle s’articule autour de l’étude de cas du paysage de l’estuaire vu depuis le toit de la Base sous-marine à Saint-Nazaire. Cette démarche peut être transposable à d’autres lectures de paysages et à d’autres niveaux.
Problématique : Pourquoi et comment la population mondiale habite t-elle de plus en plus sur les littoraux ?
Le mot paysage n'apparaît qu'au XVIe siècle et s'apparente au paissagio italien ou au landascape néerlandais. C'est une fenêtre ouverte dans un tableau qui laisse apercevoir la nature et le monde extérieur. Le paysage d’abord est très largement pictural : c'est donc un espace vu, il y a une certaine idée de prise de distance d’un spectacle. Puis vient avec le XVIe siècle et les grandes découvertes les descriptions des explorateurs/géographes. Depuis sa création au XVIe siècle pour désigner l'arrière-plan des tableaux, la signification du terme paysage a beaucoup évolué, jusqu'à devenir complexe.
Aujourd'hui, la notion de paysage prend en compte à la fois des aspects objectifs (d'ordre fonctionnel, technique et scientifique) et des aspects subjectifs (qui relèvent de la sensibilité, de la perception de chacun). Il faut penser le paysage comme un système complexe de relations (approche systémique) articulant au moins trois composantes interdépendantes : le paysage espace-support qui est une portion d'espace soumis à la vue, remplie d'objets, appropriée par différents groupes sociaux ; le paysage espace-visible ; le paysage-représentation ou espace vécu (les individus perçoivent le paysage selon leur propre sensibilité) (Clément, 1997). Comment faire comprendre cela aux élèves?
Peut-être faut-il revenir à une définition plus simple (et non simpliste) : le paysage est l'étendue d'un pays s'offrant à l'observateur. Le paysage en tant qu'objet géographique a une importance toute particulière . C'est avant tout une perception, une apparence ou une représentation.
Composée de tout ce qui nous entoure, l'analyse paysagère est souvent la première étape d'une analyse géographique: d'où la pertinence de passer par les émotions comme support et médium d'apprentissage et de convoquer les sensations pour apprendre l'analyse paysagère.
Pour Roger Brunet, le paysage est “un espace sous le regard”; le paysage existe dès lors qu’on le regarde. Pour Jean-Claude Wieber cela va plus loin et ne limite pas la perception du paysage par la seule vue. Selon lui, tous les sens, à l'exception du toucher , sont convoqués pour appréhender un paysage. L'ouïe et l'odorat peuvent donner une atmosphère par exemple.
En dépit de divergences quand on pense l'utilisation des émotions dans l’analyse quant à ce qui les caractérise :
Ainsi, utiliser les émotions comme porte d’entrée à l’analyse paysagère apparaît comme intéressant. Il faut prendre cette proposition de séquence comme une tentative plus large de réenchanter l’enseignement de la géographie au collège auprès d’élèves qui souvent annoncent de pas aimer cette matière quand il arrive en 6e.
Effectivement Jean-Robert Pitte explique “les joies d’une approche géographique par les cinq sens [...].Il importe de redonner à la géographie la faculté de surprendre, d’émouvoir , de faire rêver, d'engendrer de la jubilation.” Si c’est vrai pour le chercheur, pourquoi cela ne le serait pas pour les jeunes collégiens ?
- Chomette Guy-Pierre et Tomps Franck (2019), DES RIVES Voyage dans l’estuaire de la Loire, Éditions 303.
- Guinard Pauline et Tratnjek Bénédicte, “Géographies, géographes et émotions Retour sur une amnésie... passagère ?”, Carnets de géographes , n° 9, septembre 2016 Rubrique Carnets de débats.
- Le Breton Marine (2023), Cartes marines Poésie du littoral en 130 cartes, Éditions epa.
- Le Gall Yves (2010), Arts visuels et paysages, Scérén CNDP-CRDP.
- Pitte Jean-Robert (2021), “Pour une approche géographique par les cinq sens”, A quoi sert la géographie, PUF, p 211 à 223
-Wieber Jean-Claude , « Jean-Claude Wieber : Le paysage, objet géographique obscur ou trop évident ?», Géoconfluences, janvier 2002.
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/remue- meninges/jean-claude-wieber
- Géoconfluence, “ressources de géographie pour les enseignants”, (ST) 2003, plusieurs fois remanié. Dernières modifications (JBB), décembre 2021 et (SB et CB), avril 2022.
Estuarium, L’Estuaire vu du fleuve de Nantes à Saint-Nazaire, éd. Coiffard Revue 303 Paysages photographiés N°175 hors-série Avril 2023
- Estuarium https://www.estuarium.org/
- Géoconfluence https://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/paysage
Audrey Lima-DubosCélia Guérin Virginie Garré
éditeur(s) :niveau : 6ème, Cycle 3
type pédagogique : démarche pédagogique, analyse de pratique
public visé : enseignant, élève
contexte d'usage :
référence aux programmes :
Elle s'appuie sur le programme de géographie, cycle 3 - 6e et sur les programmes d'EMC, cycle 3 - 6e (programme actuel valable jusqu'à la rentrée 2026) :
histoire-géographie-citoyenneté - Rectorat de l'Académie de Nantes