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aborder la préhistoire en classe de 6ème

mis à jour le 10/07/2020


vignette GARD

Une proposition élaborée dans le cadre du GARD, groupe académique de réflexion disciplinaire : comment les premiers êtres humains ont-ils peuplé le minde pendant la Préhistoire, quels changements s'opèrent durant le Néolithique ?

mots clés : préhistoire, néolithique, "révolution" néolithique


La proposition s'inscrit dans le premier thème du programme d'Histoire de la classe de sixième : la longue histoire de l'humanité et des migrations.
Les deux premieres questions sont traitées : 
- les débuts de l'humanité
- la "révolution" Néolithique

Plan de la séquence proposée


Première partie : Comment les premiers êtres humains ont-ils peuplé le monde pendant la Préhistoire ? (2/3 heures)
A. Quelles sont les origines de l'homme ?
B. Comment l'homme a-t-il peuplé la Terre ?

Deuxième partie : Quels changements s'opèrent durant le Néolithique ? (3 heures)

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Les origines de l'Homme

1. Genre, espèce & famille

A. Espèces
Les biologistes classent les organismes en espèces. Caractéristique d’une espèce : - Les organismes ont tendance à s’accoupler entre eux. - Ils donnent naissance à d’autres organismes, féconds eux aussi.
Contre-exemple : la jument et l’âne sont proches mais ne peuvent donner naissance qu’à des mules ou mulets stériles.
Exemple 2 : un bouledogue et un épagneul pourtant très différents appartiennent à la même espèce. Leurs petits pourront par la suite s’accoupler avec d’autres chiens et faire des petits.

B. Genre
Espèces issues d’un ancêtre commun.
Exemple : lions, tigres, léopards, jaguars appartiennent à des espèces différentes mais sont du genre Panthera.
Nomenclature :
• Les lions = Panthera (genre) Leo (espèce).
• Homo = genre (signifiant « homme ») sapiens = espèce (signifiant « sage »)

C. Famille
Les genres sont regroupés en familles.
Exemples :
• Famille des félidés (lions, guépards, chats domestiques…).
• Famille des canidés (chiens, loups, renards, chacals…).
 

Homo Sapiens appartient à la famille des grands singes dans laquelle figurent également les chimpanzés, les gorilles et les orangs-outangs. Depuis les 10 000 dernières années, notre espèce est la seule espèce humaine. Pourtant, le sens réel du mot « humain » est « animal appartenant au genre « homo ». Il y a 100 000 ans, au moins 6 espèces d’hommes arpentaient la Terre.

2. De l'ancêtre commun aux humains
 

Toumaï (7 millions d’années BP), les australopithèques (entre 4 et 2,5 millions d’années BP) ont longtemps été considérés comme des « singes » car on ne leur connaissait pas d’outils. En 2012, sur le site de Lomekwi (Kenya), une équipe française a découvert des outils en pierre datés de 3,3 millions d’années. Cela remet en cause la séparation entre nos ancêtres et les grands singes actuels.

Homo erectus (« homme debout ») : adopte la bipédie. A survécu près de 2 millions d’années ce qui en fait l’espèce humaine la plus durable qui ait jamais vécu. Fabrication des premiers outils symétriques, les bifaces qui servent à frapper, trancher. Il y a 300 000 ans, à Burgos (grotte de la Sierra d’Atapuerca), premier rituel funéraire connu. Une trentaine de défunts y sont déposés en compagnie de leur biface.

Homo neandertalensis : du nom d’une grotte près de Düsseldorf en Allemagne (« homme de la vallée de Néander ». Plus musculeux et trapu que le Sapiens. Son cerveau est plus grand. Adapté au climat froid de l’Eurasie occidentale à l’âge glaciaire. Premières tombes individuelles. Dépôts d’objets, de fleurs. Signes abstraits gravés dans la pierre (grotte de Gorham, Gibraltar), peintures avec de l’ocre rouge (probablement à El Castillo en Espagne). Cercles sur le sol, tracés à l’aide de stalactites brisées, grotte de Bruniquel, Tarn-et-Garonne datés d’il y a 175 000 ans. Ils prenaient visiblement soin de leurs malades. Les archéologues ont découvert des os de Néandertal qui vécurent longtemps avec de graves handicaps physiques.

Homme de Denisova : découverte d’une phalange effectuée en Sibérie en 2010. Évolution de l’homo erectus.

Homo floresiensis (100 000 ans BP – 60 000 ans BP) : découverte effectuée en 2003 dans l’île de Florès, en Indonésie. Homme de très petite taille liée, cela peut être lié à son évolution en milieu insulaire. Les humains atteignent Florès lorsque le niveau de la mer était bas. Le niveau de la mer est remonté par la suite. L’île se révélant pauvre en ressources, les grands éléments qui ont besoin de plus de nourriture furent les premiers à mourir. Les petits survécurent. Cette espèce ne dépassait pas 1m pour 25 kg.

Homo Sapiens : apparition entre 200 000 et 100 000 ans. Évolution d’Erectus restés en Afrique. L’appellation d’Homo Sapiens Sapiens (« homme sage sage ») n’est plus d’usage. On lui préfère « homme anatomiquement moderne », appellation plus objective. L’évolution de Sapiens est lente. Les arcades sourcilières rétrécissent, le dimorphisme sexuel s’affirme, les molaires passent de 5 pointes à 4 pointes. Pour autant, on ne sait pas s’il y a eu évolution cérébrale dans les premiers temps du Sapiens car les premiers restes avec parties molles (cerveau, viscères, muscles) ne datent que d’il y a 5 000 ans (Ötzi, retrouvé en 1991 dans les Alpes et 3 momies dans les Andes).

3. Quelle différence avec les singes ?

A. le cerveau

Les premiers hommes avaient probablement un cerveau de 600 cm3 . Sapiens : 1200 – 1400 cm3 . La taille du cerveau est une caractéristique marquante. Les gros cerveaux sont rares dans le règne animal. Le cerveau épuise le corps puisqu’il n’est pas simple à porter et difficile à alimenter. L’homme : le cerveau représente 2 % à 3 % du poids corporel total. Il consomme 25 % de l’énergie du corps au repos. Les autres grands singes : le cerveau consomme 8 % de l’énergie du corps au repos :

L’homme passe plus de temps à chercher de quoi se nourrir.

Les muscles de l’homme s’atrophient.

B. la bipédie

 La bipédie permet de mieux voir au-delà des herbes hautes de la savane. Les bras sont alors libérés à d’autres fins (lancer, faire des signaux…). Le temps passant, les humains ont peu à peu vu leurs mains se doter de plus de nerfs et de muscles. La manufacture et la fabrication d’outils sont les critères permettant de reconnaître les anciens humains. Problèmes liés à la bipédie : les migraines, douleurs lombalgiques et raideurs à la nuque. Pour les femelles, la station debout imposant des hanches plus étroites et la taille de la tête des bébés augmentant, la mort en couches est fréquente. Qui plus est, elles accouchent plus tôt, quand le crâne du bébé est encore petit et souple. En comparaison avec les autres animaux, les humains naissent prématurés. Les bébés sont longtemps tributaires de leurs aînés qui leurs assurent protection, nourriture et éducation. Cela a probablement favorisé l’émergence de forts liens sociaux : la mère s’occupant d’un petit ne pouvant pas trouver seule assez de nourriture.

C. le feu

Probablement il y a 800 000 ans, domestication du feu (traces de foyer à Gesher Benot Ya'aqov, Israël). Source de lumière et de chaleur, protège des animaux. L’atout essentiel du feu : la cuisine. Les aliments indigestes à l’état naturel (blé, riz, pomme de terre) deviennent des produits de base de notre régime alimentaire. La cuisine permet d’éviter les parasitoses, de tuer les germes. Manger cuit est plus aisé que manger cru alors la taille des dents et des intestins diminue. Pour certains chercheurs (notamment Ann Gibbons), il existe un lien entre l’apparition du feu, la diminution du tube digestif et la croissance du cerveau.

Quels changements s'opèrent durant le Néolithique ?

Datation : - 10 000 ans / -9 000 ans. Le concept de « révolution Néolithique » est développé en 1925 par Vere Gordon Childe, archéologue d’influence marxiste donc influencé par le matérialisme historique. Il va de pair avec celui de « révolution urbaine ».

3 conditions indispensables :

Conditions environnementales

Il faut pouvoir bénéficier de conditions climatiques à peu près stables. En revanche, un environnement trop favorable n’a parfois pas poussé à la domestication. Ex : civilisation de Jomon (Japon). Invention de la poterie vers - 14 000 ans et domestication du chien. En revanche, la situation insulaire leur a permis de vivre essentiellement de pêche (coquillages poissons…), d’un complément de chasse (sanglier, cerf) et d’un ramassage de fruits (châtaignes, glands).

Conditions techniques Il faut pouvoir stocker les céréales. Les enfermer permet de stopper la germination des graines, d’éviter les rongeurs et donc de les conserver. Il faut également connaître les animaux, leur fournir de la nourriture et les soigner.

Conditions culturelles La domestication résulte aussi d’un désir. Les soins donnés aux plantes et aux animaux nécessitent des efforts supplémentaires. Les domestications par association (lorsque les animaux viennent spontanément vers l’homme pour un jeu gagnant-gagnant, ex : le chien) sont aisées. En revanche, la domestication pour la viande ou le trait est différente : l’intérêt de l’animal est faible. Alors, l’agriculture sédentaire demande un changement de mentalité. L’être humain qui se pensait jusqu’alors à travers les animaux a probablement changé de schéma. « Une révolution des symboles » (Cauvin, 1994) a dû précéder le Néolithique.

Le Néolithique nécessite plusieurs facteurs entrecroisés.

3 formes de Néolithique :

• Néolithique primaire : premières régions d’invention de l’agriculture et de l’élevage.

• Néolithique secondaire : résulte d’un mouvement de colonisation issu d’une région du Néolithique primaire.

• Néolithique tertiaire : processus d’acculturation : des populations de chasseurs-cueilleurs changent de mode de vie au contact d’agriculteurs.

La révolution Néolithique remise en cause : Comme tout modèle ou toute théorie, des exceptions viennent contrebalancer l’emploi de l’expression « révolution Néolithique ». Placée entre guillemets dans les programmes, le concept de « Révolution Néolithique » pose problème.

Critique du concept :

 • L’économie de chasse-cueillette sédentaire avec stockage : Testart (anthropologue français) revient sur le concept « La révolution Néolithique n’est ni une révolution, ni Néolithique ». Il existe des sociétés de chasseurs cueilleurs vivant en villages permanents, atteignant des densités élevées et inégalitaires. Exemple : Indiens de la côte Nord-Ouest de l’Amérique du Nord, peuple du Sud-Est sibérien (Hokkaïdo, Sakhaline…). Dans ces sociétés, on trouve un mode de vie original où l’économie est basée sur la présence de ressources saisonnières en abondance, récoltées et stockées. La nourriture de base des Indiens de la côte Nord-Ouest de l’Amérique du Nord et des peuples sibériens des bords du Pacifique était le poisson. Les saumons étaient pêchés et stockés dans les habitations ou dans des fosses ou silos à l’extérieur. Les inégalités sont visibles : chef de clan chez les Indiens qui ne participent pas aux travaux de récolte.

• L’invention de la poterie : l’invention poterie est censée suivre celle de l’agriculture. Or, les premiers agriculteurs du Proche-Orient n’en fabriquaient pas. Qui plus est, les plus anciens restes de poterie ont été trouvés au Japon et datés de 14 000 ans avant J.-C.. Ils sont antérieurs à l’apparition de l’agriculture dans cette région.

• Une nouvelle classification des sociétés : Testart propose alors de revoir la classification des sociétés en prenant en compte la sédentarité et le stockage de la nourriture.

• Les datations au carbone 14 ont permis d’affiner la lecture et parfois de contredire le concept de révolution Néolithique. Exemple : Jéricho, première ville au monde, est apparue avant les premières cultures de blé (Jacques Cauvin). Des techniques sont maîtrisées bien avant la révolution Néolithique (la poterie, le repiquage). Certains auteurs parlent alors plutôt de « révolution mésolithique » (période entre le paléolithique et le Néolithique) en soulignant que les inventions y sont très fréquentes (nouvelles techniques de pêche avec le filet, le harpon… ; de chasse avec le propulseur puis l’arc ; de récolte des graines avec la faucille ; de conservation avec le fumage ; de préparation culinaire avec la meule). La sédentarisation est parfois plus précoce (multiplication des sépultures et des sites occupés).

Critique des progrès qui seraient arrivés avec la Révolution agricole par Harari

Une meilleure connaissance de la nature ? Rien ne prouve qu’elle se soit améliorée. La survie des chasseurs-cueilleurs dépendait de leur connaissance intime des animaux chassés et des plantes cueillies.

Amélioration des conditions de vie ? Chasseurs-cueilleurs moins exposés aux famines et aux maladies. Avec la Révolution agricole, les vivres augmentent mais cela ne conduit pas nécessairement à une meilleure alimentation puisqu’on constate l’apparition et le développement d’une élite dans les sociétés qui se constituent et puisqu’une explosion démographique a lieu. Pour Harari, « le fermier moyen travaillait plus dur que le fourrageur moyen, mais se nourrissait moins bien ». « Ce sont les plantes qui domestiquèrent l’Homo Sapiens et non l’inverse ». Le blé nécessite de faire des efforts conséquents pour être cultivé. Il faut préparer la terre, désherber, arroser le blé et le soigner. Le corps d’un Sapiens n’est pas taillé pour cela. Les genoux, la voûte plantaire, la colonne vertébrale et le cou en pâtirent (problèmes de disques, arthrite, hernies…).

La sécurité alimentaire ? Les hommes sont des singes omnivores. Les céréales ne constituaient qu’une petite partie de l’alimentation du Sapiens. Une alimentation basée sur les céréales est pauvre en minéraux et vitamines. Elle est difficile à digérer. Quand il n’existe qu’un produit de base, le moindre aléa (sauterelles, pluie, champignon…) peut causer la famine.

Le rapport à la violence Il y a eu probablement une hausse de la violence. Le besoin de terre à cultiver peut pousser à faire des razzias chez le voisin pour éviter la famine. Face à la pression d’un groupe, les fourrageurs pouvaient aller voir ailleurs. La possession de terres, maisons, greniers, pousse l’homme à ne pas abandonner. Les cadres apparaissent petit à petit pour juguler cette violence, la mettre sous contrôle.

 

Qu’a permis l’agriculture ? Sur le plan individuel, rien selon Harari. L’agriculture n’a apporté qu’à l’espèce. Elle a permis d’assurer plus de vivres par territoire, ce qui a conduit à une croissance exponentielle du Sapiens.

 

Bibliographie / sitographie


Demoule Jean Paul, Le Néolithique à l'origine du monde contemporain, La documentation photographique, mai-juin 2017

Demoule Jean Paul, Les dix millénaires oubliés qui ont fait l'histoire. Quand on inventa l'agriculture, la guerre et les chefs, Librairie Anthème Fayard, 2017, Edition Poche pluriel, 2019

Grataloup Christian (dir.), Atlas historique mondial, l'Histoire, les Arènes, 2019

Harari Yuval Noah, Sapiens, une brève histoire de l'humanité, 2015

Heyer Evelyne (dir.), Une brève histoire de l'homme, Paris 2015

Picq Pascal, Les origines de l'homme expliquées à nos petits-enfants, Edition du Seuil, janvier 2010

Pison Gilles, La révolution néolithique remise en cause, in Population, 41° année, n°2, 1986, pp. 372-375

https://www.pourlascience.fr/sd/paleontologie-humaine/ihomo-sapiensinbsp-pas-de-metissage-avec-lesneandertaliensnbsp-10850.php

https://www.pourlascience.fr/sd/prehistoire/un-metissage-tardif-entre-Sapiens-et-neandertal-en-europe12123.php

 https://leblob.fr/archeo-paleonto/Sapiens-un-migrant-en-europe

 https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/adn-fossile-croisement-especes-humaines-dennyavait-mere-neandertalienne-pere-denisovien-72525/

https://www.pourlascience.fr/sd/prehistoire/la-grotte-de-denisova-enfin-bien-datee-16200.php



 
auteur(s) :

Elisabeth Poisson, professeure Histoire Géographie
Emmanuel Oger, professeur Histoire Géographie
Mikael Landec, professeur Histoire Géographie

information(s) pédagogique(s)

niveau : 6ème

type pédagogique : scénario, séquence

public visé : enseignant

contexte d'usage : classe

référence aux programmes : Cycle 3 - Sixième - Histoire / thème 1 : La longue histoire de l'humanité et  des migrations

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