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comment faire cohabiter hommes et requins à la Réunion ? Café-géo - FIG 2017

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Un café-géo organisé dans le cadre du FIG 2017 durant lequel sont intervenus François Taglioni, professeur Université de la Réunion et Emmanuelle Surmont, doctorante, ENS Lyon.

La cohabitation hommes / requins à la Réunion est un sujet médiatique. C’est, en effet, à la Réunion que les attaques sont les plus nombreuses, lorsqu'on rapporte le nombre d'attaques au kilomètre de côtes.

Deux groupes sociaux s’affrontent sur la question des requins : les partisans de l’éradication et les partisans de la préservation du requin.

La question des requins soulève des enjeux en matière de loisirs, de tourisme et de protection animale.

Des attaques plus nombreuses

Deux espèces sont présentes : le requin bouledogue qui mesure de 2.5 à 3.5 mètres et pèse 150 kg, le requin tigre qui peut mesurer jusqu’à 8 mètres et peser 1000kg.

Depuis 2011, il semble que le nombre d’attaques progresse. 40% des attaques mortelles depuis 2011 se sont déroulées à la Réunion. C’est la Réunion qui a le nombre d’attaques le plus élevé par rapport au kilomètre de côtes. Ces attaques se concentrent à l’ouest tout comme se concentrent à l’ouest les activités marines.

Les premiers concernés par ces attaques sont les pratiquants de sport de glisse, puis les nageurs et les adeptes de la pêche sous- marine. C’est durant l’hiver austral (21 juin - 22 septembre), qui correspond à la période de reproduction de requins mais aussi à la saison où les vagues sont les plus importantes et attirent les surfeurs, que les attaques sont les plus nombreuses.

Quels facteurs peuvent expliquer l'augmentation des attaques ?

- Des facteurs liés au biotope (milieu de vie) : l’eau est de plus en plus turbide en raison de l’urbanisation.

- Des facteurs liés à la biocénose (ensemble des êtres vivants coexistant dans un espace écologique donné) : la Réunion, l’hiver, est un site de reproduction pour les requins ; en revanche l’existence de la réserve marine ne semble pas jouer de rôle car on ne constate pas une augmentation du nombre de poissons.

- Des facteurs anthropiques : l’accroissement démographique de la population réunionnaise ; l’arrêt de la commercialisation de la chair de requins depuis 1999 (en raison d’une toxine la rendant impropre à la consommation humaine (mais cet arrêt ne permet pas de conclure à l’augmentation du la population de requins).

L'historique de la "crise", comment le requin est-il devenu l'ennemi n°1 à la Réunion ?

1980 - 2000 : période où le risque semble socialement accepté. 5 attaques (mortelles et non mortelles) se déroulent durant cette période mais ces attaques sont vécues comme une fatalité avec l’idée que c’est l’homme qui s’est aventuré sur le territoire du requin.

1990 - 2000 : période de prise de conscience du risque.13 attaques (mortelles et non mortelles) ont eu lieu. La population locale s’interroge : pourquoi les pouvoirs publics n’ont –ils pas alerté sur le danger, placer des panneaux de signalisation par exemple ? La commune de St Denis interdit alors les activités balnéaires (d’autant plus facilement que le littoral à St Denis n’est pas touristique). A l’ouest de l’île, autour de la commune de Saint Paul, les autorités sont plus réticentes à prendre des interdictions car elles cherchent à développer les activités touristiques.

2000 - 2010 : période durant laquelle la Réunion s’est installée sur le marché mondial du tourisme. Depuis le 2 août 2010 les pitons, les cirques et remparts de la Réunion sont classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le tourisme connait d’autant plus un essor que les attaques sont rares sur le début de la décennie. Des activités touristiques se développent sur l’intégralité de l’île. C’est également la période où on cherche des boucs émissaires. Sont mises en accusation :

- la réserve marine créée en 2007

- le développement des fermes aquacoles (qui attireraient les requins – faux d’après les études)

- l’urbanisation qui entraine un accroissement de la turbidité des eaux marines

- la surpêche au large (qui priverait les requins de ressources alimentaires)

2010- aujourd’hui : période où le risque est vécu comme inacceptable. L’année 2011 a été l’année la plus mortelle. De plus deux attaques touchant des surfeurs mondialement connus ont été très médiatisées. L’idée que ces attaques peuvent concerner tout le monde s’est largement diffusée. Cela souligne la mondialisation du surf, devenu sport nautique très populaire et qui génère « une envie d’ailleurs ».

Concernant les conflits d’acteurs (entre associations de surfeurs et associations écologistes principalement), on peut se référer à l’article d’Emmanuelle Sumont, Peur sur les plages. Du « risque requin » à « la crise requin » à la Réunion, Géoconfluences, 14/04/2016.

Les perspectives de gestion

Plusieurs solutions ont été mises en place :

-          Pêche / prélèvement de requins. Ils sont systématiques après une attaque

-          Renforcement de la surveillance des plages / vigies requins

-          Signalétiques et interdictions

-          Filets anti-requins

A l’exception de la prévention (vigie requin et surveillance) aucun système n’est efficace.

Elodie Soubise, webmestre associée


 

 
 

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