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la géographie prospective, mise au point et approches pédagogiques

mis à jour le 08/01/2017


France 2050

faire le point sur la notion de géographie prospective et comprendre comment cette nouvelle approche peut s'appliquer en classe

mots clés : géographie prospective, territoire


« Prédire le futur… Beaucoup s’y sont essayés, fort peu y sont parvenus. Car l’avenir ne se lit pas dans les cartes, il se bâtit. (…) prévoir plutôt que prédire, proposer plutôt qu’attendre, agir plutôt que subir ». C’est par ces quelques mots que le Lépac (laboratoire privé, indépendant, de recherche appliquée en géopolitique et prospective) fondé par Jean-Christophe Victor, disparu le 28 décembre dernier, introduit son programme de recherche les futurs du monde proposant une démarche de géographie prospective qui prend une place de plus en plus importante dans le champ universitaire, dans nos programmes et dans nos pratiques pédagogiques.
 

 

la géographie prospective : « prévoir plutôt que prédire, proposer plutôt qu’attendre, agir plutôt que subir !»

 La géographie prospective est une démarche et un raisonnement géographique qui cherche, à partir de certains éléments du présent, à essayer de concevoir et projeter les territoires dans un avenir plus ou moins proche. Cette démarche ne discoure pas sur ce qui va se passer mais sur ce qui pourrait se passer. Elle reprend les démarches initiées par la DATAR depuis plusieurs décennies et plus particulièrement avec la démarche « territoires 2040 » élaborée sous la direction scientifique du géographe Michel LUSSAULT. 
Voir aussi le site du Commissariat général à l'égalité des territoires.

 

Apparu dans le monde universitaire dans les années 2000, elle a renouvelé profondément l’approche des territoires en incluant une dynamique dans le raisonnement géographique. La Revue L’espace géographique lui a consacré un article en 2012. Cet article définit la géographie prospective comme « un ensemble de pratiques visant à anticiper à moyen et/ou long terme les devenirs des espaces, soit en explorant leurs futurs plausibles soit en simulant les évolutions les conduisant à une situation considérée comme possible à un horizon donné, dans le but d’éclairer les décisions d’aménagement et de gestion des territoires. Sa spécificité repose sur l’intégration de la dimension spatiale aux différents stades du processus prospectif et, plus précisément, sur la compréhension et la prise en compte des dynamiques et interactions spatiales, et sur la spatialisation des scénarios prospectifs. »

La géographie prospective n’est pas qu’un raisonnement pour géographes friands de renouvellements épistémologiques et de nouveaux paradigmes. Elle vise à éclairer les décideurs politiques et les acteurs socio-économiques dans le domaine de l’urbanisme, de l’aménagement du territoire, de la gestion des risques …. 

Cette approche rejoint notre quotidien d’enseignant de géographie car elle aborde les territoires à travers une analyse systémique. Les territoires sont abordés comme des systèmes à la fois multiscalaires et multiformes. Le territoire n’est plus un « donné » hérité et figé mais un espace produit pas les sociétés, par le choix – objectifs et/ou subjectifs - des acteurs. C’est un espace organisé et structurant qui évolue sans cesse. Il porte en lui ses forces, ses contraintes, ses potentiels, ses menaces…. Cet espace peut être modélisé, simulé à partir de la connaissance géographique actuelle et du rôle des différents acteurs qui interviennent.

 

la géoprospective au prisme des programmes et de la didactique


Apparu dans les derniers programmes de géographie du Lycée, la géographie prospective est introduite dans les récents programmes du collège.
Les ressources Eduscol nous en donne un cadre notionnel dans les pages consacrées à l’aménagement, au développement et à la prospective (Géographie 1ère : dynamiques des territoires dans la mondialisation) :  
"Qu’est-ce qu’une démarche de prospective territoriale ? Les documents d’aménagement produits par les institutions à différents échelons du territoire discutent de l’opportunité d’aménagements et d’équipements d’envergure, qu’il faut anticiper parfois longtemps à l’avance. Cela oblige les aménageurs à inscrire leur réflexion stratégique dans le moyen terme, en essayant de décrire les perspectives de développement d’un territoire à l’horizon de deux ou trois décennies (voire davantage). Dans cette optique, les démarches de prospective complètent les plans et programmes d’aménagement. Ces démarches consistent à imaginer les avenirs possibles du territoire, en ayant par exemple recours à des scénarios exploratoires qui nourrissent la production de représentations partagées par des acteurs diversifiés. Ainsi, les travaux de prospective sur lesquels se fondent un schéma régional d’aménagement durable du territoire (SRADDT) sont issus d’ateliers collectifs, intégrant des publics diversifiés (associations, forces économiques, …). Chaque partie est invitée à exprimer des hypothèses sur le futur, l’ensemble dessinant une vision non de ce qui va se passer, mais seulement ce qui pourrait se passer."

 

Dans les nouveaux programmes du collège, la géographie prospective est aussi présente :

Niveau 6ème : Tous les thèmes dont le thème 1, Habiter une métropole

Niveau 5ème : Thème 2  - Des ressources limitées, à gérer et renouveler ; thème 3 - Prévenir les risques, s’adapter au changement global ;

Niveau 4ème : Thème 1 - l’urbanisation du monde et la question des villes de demain

Niveau 3ème : Thème 2 - Pourquoi et comment aménager le territoire ?

 

En Lycée …

En seconde, le thème des villes, du développement durable
En 1ère, les territoires de proximité

 

les apports pour les élèves

Oser la géographie prospective, c’est ancrer les pratiques de classe dans une pédagogie active, réinterroger les programmes et leurs approches et faire de la « géo-citoyenne ».  En partant de l’habiter ou des territoires de proximité les élèves sont invités à interroger leur(s) territoire(s)dans une approche citoyenne et géographique, interrogation qui vise à modifier les représentations initiales. De « penseurs » de l’espace, ils deviennent « acteurs ». L’approche multiscalaire renforce le raisonnement nuancé et interrogatif et permet une « décomplixification » du monde qui entoure les élèves. Ce sont là les finalités intellectuelles, civiques et culturelles définies par les programmes.

Du point de vue des compétences, les élèves sont mobilisés sur un projet, à planifier et organiser en travail collaboratif par l’élaboration de scénarios prospectifs. Ils sont invités à établir un diagnostic territorial par l’étude de documents ; le recueil de témoignages et des sorties sur le terrain lorsque cela est possible (territoire de proximité, voyage scolaire…). L’usage des outils numériques est privilégié (sites internet, bases de données, SIG, cartographie, traitements statistiques, de l’image…)

comment mettre en oeuvre ?


·         dresser d’abord un diagnostic du territoire choisi qui mobilise des savoirs disciplinaires

·         définir une situation problématique

·         faire une analyse spatiale afin de caractériser les dynamiques territoriales en jeu

·         identifier en fonction de leurs atouts et handicaps spécifiques, les projets les plus mobilisateurs et repérer les acteurs et les leviers pouvant jouer un rôle déterminant dans leur développement ;

·         rédiger des scénarios, se poser des questions « si on faisait cela ... »

·         répondre à un enjeu spatial identifié : comment améliorer les mobilités, comment enrayer le déclin d’une ville moyenne mal connectée, comment dynamiser un espace en déclin d’une métropole, comment limiter l’étalement urbain.... ?

 

aller plus loin...

 
auteur(s) :

jean-françois loistron, membre de l'espace pédagogique

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