Contenu

arts plastiques - InSitu

Recherche simple Vous recherchez ...

espace pédagogique > disciplines du second degré > arts plastiques > enseignement

entrevue de Gilbert Pélissier avec Christine Faucher

mis à jour le 05/02/2006


texte_article_bleu.jpg

De la créativité du début des années 70 à la construction d'une didactique au cours des années 80, l'auteur revient sur la place des références et de la culture dans l'enseignement des arts plastiques.

mots clés : arts plastiques, créativité, enseignement, art, image, oeuvre, histoire


Christine Faucher

En France, après la décennie 60, avec l'essor de la créativité la tendance était : « à bas les références, à bas les modèles » et « nous sommes tous des artistes ».  Comment décrieriez-vous cette période importante et, plus tard, quelles ont été les raisons de l'orientation que vous avez donné à l'enseignement des arts ?

Gilbert Pélissier

Pour bien comprendre l'orientation qu'il m'a été possible de donner à l'enseignement des arts plastiques en France, dès lors que j'en ai eu la responsabilité en tant qu'inspecteur général en 1987 (de 1987 à 1997) il me paraît nécessaire, en retenant seulement certains traits essentiels, de rappeler quelques faits à partir de la créativité comme phénomène

La créativité, telle une vague puissante, a déferlé en France au tout début des années soixante dix et notamment a fait irruption dans l'enseignement des arts plastiques avec d'autant plus de force qu'elle s'est située dans la foulée des « événements de 68 », véritable révolution culturelle. La mise en question globale de la société s'est effectuée dans le sens de la libération des mœurs, de l'hédonisme et de l'individualisme le plus affirmé. Ceci sur toile de fond constituée par l'abandon de la tradition et des valeurs jusqu'alors considérées comme telles. Parmi les graffitis qui fleurissaient sur les murs en 68, le plus célèbre, le plus illustratif de cet esprit libertaire a été : « Il est interdit d'interdire ». Mais aussi, par ces mêmes graffitis les perspectives culturelles étaient annoncées : « A bas les références, à bas les modèles ». Il y fut répondu, un peu plus tard, au début des années 70, par le slogan : « Nous sommes tous des poètes, nous sommes tous des artistes » qu'illustrait parfaitement, par exemple, l'Atelier des enfants  du Centre Pompidou. Toutes ces formulations qui se complétaient en parfaite cohérence, signifiaient d'une manière exemplaire l'idéologie de cette époque : l'expression personnelle comme valeur nouvelle. On en connaît les conséquences : l'indistinction dans un espace social où s'estompent et disparaissent les catégories, les hiérarchies, où s'affaissent les contenus au profit du comportement, où créatif se confond avec créateur et amateur avec professionnel. Les écoles d'art ne savaient plus quoi enseigner, à commencer par la première d'entre elle, l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts (le savent-elles aujourd'hui ?). Il est vrai que l'intention était autre et se voulait positive, libératrice, il s'agissait d'un encouragement à l'inventivité de chacun afin d'exister pleinement en tant qu'individu. On peut considérer aussi ce radicalisme comme un moment nécessaire pour effectuer une mue. Néanmoins, depuis cette époque l'auto proclamation artistique est devenu un fait banal.

En ce qui concerne plus spécifiquement l'enseignement des arts plastiques, la créativité a été, positivement, le moteur du changement. Elle a permis de libérer les arts plastiques de l'académisme en ouvrant à la diversité. C'en était fini au début des années 70 de la réponse unique à une question, à un sujet proposé, à la soumission à un modèle et d'ailleurs à tous les modèles. L'art lui-même était suspecté d'être « officiel » et « bourgeois ». C'est en fonction de ce rejet, en abandonnant l'académisme, survivance du système dépassé des beaux-arts, que la transformation de l'enseignement des arts plastiques s'est effectuée selon une conception culturelle étendue à la société elle-même comme référence. L'investigation du réel a été la nouvelle motivation en portant intérêt à l'environnement, aux signes sociaux, aux comportements, en utilisant l'image et en expérimentant toutes sortes de matériaux. De nouvelles formes didactiques et pédagogiques se sont développées prenant en compte l'élève individuel, favorisant sa démarche personnelle. Et surtout, l'expression de l'élève est devenue une question centrale, privilégiée, au détriment de la technicité et du savoir-faire d'autrefois. Cet enseignement s'est ainsi trouvé en accord avec les aspirations sociales d'un monde nouveau. Tout cela, c'est l'aspect qui est apparu immédiatement positif.

Cette période fertile de déconstruction-construction, je l'ai particulièrement vécue avec engagement ce qui a donné lieu pour ma part à des innovations pédagogiques avec notamment l'enseignement en proposition.


le texte intégral en fichier pdf
 
auteur(s) :

Gilbert Pélissier

information(s) pédagogique(s)

niveau : tous niveaux

type pédagogique :

public visé : non précisé, enseignant

contexte d'usage : non précisé

référence aux programmes :

fichier joint

information(s) technique(s) : fichier pdf

taille : 64 ko ;

ressource(s) principale(s)

patate.jpg le titre du document : il doit susciter le l'intérêt 01/12/2007
une accroche en deux lignes donnant les informations fondamentales sur le contenu
cinq mots au maximum, l'étiquettage conceptuel du document nom de l'auteur ou des auteurs

haut de page

article publié dans la revue Vision

le site de la revue

Gilbert Pélissier est Inspecteur général honoraire, il a été doyen de sa discipline et doyen du groupe des enseignements artistiques au ministère de l'éducation nationale en France. Il s'est fait connaître par ses nombreuses publications, participations à des séminaires, colloques et congrès dont celui, tenu à Montréal en 1993, par l'association internationale pour l'éducation artistique (INSEA) où il fut reçu en tant que conférencier d'honneur.
Il a enseigné à tous les niveaux et a exercé la fonction de conseiller pédagogique de 1970 à 1982. En 1979 il était codirecteur du Centre de formation pédagogique de Paris pour les arts plastiques et de 1981 à 1983 directeur de formation des professeurs d'arts plastiques de la côte d'Ivoire. De 1977 à 1980 il a effectué une recherche auprès de la Direction des Lycées portant sur la relation langage-perception et de 1978 à 1982 il a participé, en tant que responsable d'une équipe en arts plastiques, à la recherche nationale sur l'interdisciplinarité à l'Institut national de la recherche pédagogique.
Parallèlement à ces activités Gilbert Pélissier a collaboré plusieurs années à la revue Actualité des arts plastiques.
Avant d'être nommé inspecteur pédagogique puis inspecteur général il est chargé de mission ministérielle en 1982 à la mission des enseignements artistiques au ministère de l'éducation nationale. C'est dans ce cadre notamment qu'il propose et qu'il participe à la mise en place des premiers Ateliers de pratiques artistiques.

arts plastiques - InSitu - Rectorat de l'Académie de Nantes