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collages et intrusions

mis à jour le 15/05/2018


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La référence artistique au centre du projet pédagogique.

mots clés : collage, matériaux, bidimensionnalité, référence artistique, numérique



 Picasso, Tête de taureauDuchamp, Roue de bicyclette
 

 
Lors de la séquence précédente, les élèves ont travaillé une mise en scène du temps qui passe. Lors de cette pratique plastique, ils ont modifié l'objet en peignant, salissant, abîmant... leur intervention était, la plupart du temps, physique. Néanmoins certains d'entre eux ont joué davantage sur la présentation et leurs objets sont alors exposés sans transformation directe ou physique. Ce travail a donc donné lieu lors de la verbalisation à des questions sur l'utilisation d'objets manufacturés par les artistes et sur l'exposition d'objets présentés tels quels, sans intervention physique de la part de l'artiste.
Lors de la présentation des oeuvres, j'ai choisi d'évoquer l'oeuvre de Marcel Duchamp en montrant La Roue de bicyclette, et celle de Pablo Picasso La Tête de taureau.
 



A propos des sculptures d'assemblage

« Les objets eux-mêmes, leurs formes et leur texture me donnent souvent la clef de ma vision. [...] Je trouve une selle et un guidon dans la rue et je pense « Tiens, un taureau ». Tout le monde regarde l'assemblage que j'ai exécuté et remarque « Tiens, un taureau ». Jusqu'au moment où un cycliste passe et se dit « Tiens, une selle ». [...] je passe de la métaphore à la réalité. Je rends cette réalité tangible, en usant ainsi de la métaphore. [...] j'éveille une nouvelle émotion dans l'esprit du spectateur. C'est que, momentanément, je bouleverse sa façon conventionnelle d'identifier, et de définir ce qu'il voit. J'engage l'esprit du spectateur dans une direction qu'il n'avait pas prévue [...] .»
Pablo Picasso,
cité in Françoise Gilot et Carlton Lake, Vivre avec Picasso, Paris, éd. 10/18, 2005, p. 293.
 
Le temps consacré à ces oeuvres étant très court, j'ai estimé qu'il serait intéressant de prolonger cette réflexion, de continuer à travailler autour de ces notions nouvelles pour certains élèves. Aussi, j'ai eu envie de proposer un dispositif qui amènerait l'élève à introduire des objets ou fragments d'objets dans une réalisation plastique. J'ai alors pensé à une oeuvre de François Morellet Géométree n°106 observée par les élèves de sixième lors de la visite au musée des Beaux-arts d'Angers. En effet, cette oeuvre par l'articulation, le lien qu'elle établit entre l'élément réel et la ligne peinte, me semblait être une référence pertinente pour aborder la question de l'intrusion du réel dans l'oeuvre bidimensionnelle.
 
Morellet, Géométree n°106





Géométree n°106

de François Morellet – 1986
branche et acrylique sur toile marouflée sur bois
 



A propos de la série Géométree

« En 1983, François Morellet commence sa série des Géométree. Son amour des jeux de mots investit alors la langue anglaise : il mélange la géométrie et les trees, c’est-à-dire les arbres, et plus spécialement les branches. Dans cet accouplement contre nature, rencontres et correspondances font naître une espèce d’hybride artistique. (...) Pour ce faire, l’artiste se contente de flâner dans son jardin de Cholet à la recherche des branches – véritables ready made naturels – qui constitueront la matrice du tableau. En fait, il réduit son intervention au choix des branches dont les formes définissent le programme de construction de l’oeuvre. Sur un panneau de bois blanc, Morellet colle une grande branche constituant un angle presque droit (autant que peut l’être en tous cas un élément naturel…) qui se prolonge verticalement par une ramification de deux tiges formant un "y". Voilà donc la matrice de cette Géométree. Les extrémités végétales sont ensuite prolongées à l’acrylique de manière à former deux figures géométriques : un carré et l’ébauche d’un autre, superposé au premier. Un des archétypes de l’art est ce postulat de l’alliance entre nature et artifice : la tradition voulait que la main de l’artiste réussisse à " recréer " la nature : avec les Géométrees, c’est tout l’inverse qui se produit. En paraphrasant Oscar Wilde, c’est la nature qui semble ici imiter l’art. Et les branches de Morellet deviennent un artifice de la géométrie, au service d’une oeuvre au carrefour de dada, de l’art conceptuel et de l’arte povera. »
Publication sur le site des Abattoirs (FRAC Midi Pyrénées )



 
 
Il s'agit d'amener l'élève à expérimenter le travail de collage à partir d'éléments hétéroclites. Faire en sorte que l'élève fabrique une image en travaillant le collage et le dessin. Réaliser un collage sans pour autant transformer l'objet lui même mais davantage en procédant par introduction, intrusion du réel dans l'image. Une séquence sur cette question avait été mise en ligne sur In Situ sous l'intitulé Petites intrusions du réel, je me suis aidée de cette expérience pour préparer ma leçon.
 



A propos du collage

« Il ne s'agit pas seulement de faire des "tableaux sans peinture", mais bien d'organiser des formes, des couleurs et surtout des matières que rien ne destinait à coexister dans un espace donné.»
Geneviève Bonnefoi, centre d'Art contemporain de l'abbaye de Beaulieu, 1972.



 

Objectifs pédagogiques

Il s'agit à travers ce travail de collage inspiré par les caractéristiques d'objets ou d'éléments introduits, de mettre en évidence l'hétérogénéité possible dans les moyens utilisés et donc d'amener l'élève à :
    - se familiariser avec les gestes du travail  : dessiner, découper, associer, assembler, représenter
    - mesurer que des éléments hétérogènes peuvent être insérés dans une réalisation
    - s’interroger sur les liens possibles entre l'objet, l'élément collé et le dessin
    - comprendre que les éléments hétérogènes intégrés peuvent l'être pour diverses raisons : pour leur similitude de forme, pour leur matière qu'il n'est pas nécessaire alors de reproduire, mais aussi pour les propriétés physiques de celle-ci qu'il est possible d'exploiter (souplesse, malléabilité...), pour leur couleur, pour ce que l'élément représente, pour ce qu'il est tout simplement.


Champs de pratique artistique

dessin, collage






Notions en jeu

collage, dessin, objet, intrusion, relief, texture, forme, couleur

 



Au préalable, avant l'arrivée des élèves en classe
 
Sur chaque table (en îlot pour 4 élèves), sont posées 4 enveloppes en kraft A4 (contenant une feuille de papier à grain A4 et trois éléments ), et une boîte contenant des outils ( ciseaux, colle, stylos feutres noirs de diverses épaisseurs) et un appareil photographique numérique.
    Les fragments et /ou objets ne sont pas tous les mêmes pour tous les élèves. Il peut y avoir : un morceau de feutrine, de papier journal, de tissu, de toile de jute, de voilage, de résille colorée, de dentelle, un bâtonnet, un bouton, une plume...
1
 
1e séance
 
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Les élèves entrent.
Avant qu'ils ne retournent l'enveloppe et ne découvrent l'incitation, je les invite à revenir sur la séance précédente. Comme j'ai l'intention de les laisser s'approprier l'incitation et les consignes, c'est l'occasion de préciser oralement des notions utiles pour le travail à venir :
qu'est ce qu'un travail en 2 dimensions ou qu'est-ce qu'il n'est pas ?
Qu'est-ce qu'un support ?
Pourquoi photographier les travaux ?
 


Utilisez tout ce qui est dans la pochette pour réaliser un travail en 2 dimensions :

- La feuille blanche sera le support de votre travail.
- Les outils à votre disposition se trouvent dans la boîte métallique.
- Une fois terminé, vous photographierez votre réalisation et vous l'exposerez.

 
Verbalisation

En leur proposant divers matériaux, les élèves sont amenés à chercher quel parti en tirer. La situation proposée a pour but de leur faire découvrir que l'on peut exploiter diverses propriétés d'un même matériau :
  -  pour la matérialité : possibilité de découper, plier, chiffonner les papiers, les tissus / possibilité d'associer certaines matières à des choses connues pour leur ressemblance : toile de jute = cannage d'un panier, le bâtonnet associé au bois...
  -  pour la couleur : utilisation pour "colorer" une surface, pour ce que représentent les motifs de la dentelle ou du tissu.
  -  pour la forme ( la plume peut évoquer une feuille ou inversement, le cercle du bouton...), pour ce que sont dans la réalité les objets proposés (la plume qui est toujours une plume dans la réalisation).
 

2e séance, salle multimédia
 
Les élèves ont un document numérique à compléter.
Ce document est l'occasion pour l'élève de découvrir des oeuvres (étudier quelques objets emblématiques de l’histoire des arts en lien avec les questions de la séquence) et de travailler les compétences liées au numérique  : compétences 4 du palier 3 (Je sais utiliser les périphériques / Je sais utiliser les logiciels et services / Je sais créer, traiter, exploiter des données / Je sais me documenter : trouver et trier des documents utiles sur le net, enregistrer). Ce document doit me permettre une évaluation du travail de l'élève.

Le travail consiste pour l'élève à rechercher dans le dossier numérique de la séquence les images de son travail et des œuvres de Picabia, Marcus Raetz et Picasso et à transférer ces images sur le document numérique. Ensuite, l'élève doit indiquer par écrit sur le document les caractéristiques des éléments collés que chacun des artistes a exploitées dans son oeuvre.


Les références proposées :
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picabiapicasso 1picasso 2raetz
 
Vase de fleurs - Francis Picabia - 1920  - 150 x 61 cm
Nature morte à la chaise cannée – Picasso - 1912 - collage- peinture à l'huile, toile cirée, carte et corde sur toile  - 29 × 37 cm
Composition au papillon - Pablo Picasso  - 1932 - 16 x 32 cm
" I. B. II" - Markus Raetz  - 1987  - 95,5 x 85 x 6,5 cm
 
 
   Laisser les élèves s'approprier l'incitation et les consignes est un moyen efficace de différenciation pédagogique : ils échangent, discutent entre eux, s'expliquent les choses. Cela évite aussi que j'explicite des notions sur lesquelles certains élèves ne se seraient même pas interrogés.
    Les élèves semblent très stimulés par l'enveloppe ; l'objet remis à chacun qui contient quelque chose d'invisible au départ a une dimension mystérieuse séduisante.
    Certains travaux présentent du texte. L'élève inscrit un titre, fait parler les personnages. Ces inscriptions sont la plupart du temps peu réfléchies et nuisent à la qualité plastique de la réalisation. Il serait peut-être nécessaire de proscrire le texte.
    La verbalisation est riche en échanges sur les narrations proposées. Le risque de les écouter raconter ces histoires et de ne pas avoir le temps de discuter des enjeux plastiques de l'utilisation de l'objet dans la production est bien présent. Il est important de ramener les élèves vers les questions et les notions plastiques en jeu : pour quelles raisons les éléments sont utilisés ? Comment le sont-ils ? Un même élément peut-il avoir été utilisé pour diverses raisons ?
    En salle multimédia, les élèves sont contents de pouvoir observer à nouveau les travaux de la séance précédente. La photographie leur apparaît souvent comme un outil valorisant leur production plastique. Le travail de recherche et de transfert des images demande du temps car il implique de positionner correctement les œuvres sur le document. Néanmoins tous les élèves y parviennent et nous pouvons mettre en commun les réponses proposées oralement en fin de séance.



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auteur(s) :

pauline crusson

information(s) pédagogique(s)

niveau : Cycle 3, 6ème

type pédagogique : leçon

public visé : enseignant

contexte d'usage : classe, salle multimedia

référence aux programmes :
Les fabrications et la relation entre l’objet et l’espace

- L’invention, la fabrication, les détournements, les mises en scène des objets : création d’objets, intervention sur des objets, leur transformation ou manipulation à des fins narratives, symboliques ou poétiques ; la prise en compte des statuts de l’objet (artistique, symbolique, utilitaire, de communication) ; la relation entre forme et fonction.
   
La matérialité de la production plastique et la sensibilité aux constituants de l’oeuvre
- La réalité concrète d’une production ou d’une oeuvre : le rôle de la matérialité dans les effets sensibles que produit une oeuvre ; faire l’expérience de la matérialité de l’oeuvre, en tirer parti, comprendre qu’en art l’objet et l’image peuvent aussi devenir matériau.
- Les qualités physiques des matériaux : incidences de leurs caractéristiques (porosité, rugosité, liquidité, malléabilité…) sur la pratique plastique en deux dimensions (transparences, épaisseurs, mélanges homogènes et hétérogènes, collages…) et en volume (stratifications, assemblages, empilements, tressages, emboîtements, adjonctions d’objets ou de fragments d’objets…), sur l’invention de formes ou de techniques, sur la production de sens.
- La matérialité et la qualité de la couleur

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