arts plastiques - InSitu

Je leur ai proposé de retoucher les images avec un autre logiciel mais la manipulation de Comic Book Créator impose des contraintes auxquelles certains élèves n'ont pas voulu être confrontés, ce qui fait que beaucoup se sont contentés des images telles quelles. On a retrouvé souvent les mêmes images dans tous les collèges, et dans ma classe c'était très peu varié.
Une fois dans les cases, ils pouvaient facilement changer la taille de l'image et le cadrage, ainsi qu'utiliser quelques effets (même si c'est moins facile que sur Comic Life, logiciel assez similaire mais plus facile d'emploi). Cela leur a donc suffi.

La fin de la séance a été un peu décevante : pour utiliser Windows Movie Maker, images et pages de bande dessinée devaient être enregistrées dans le même dossier, et c'était loin d'être le cas, des travaux ont été perdus. 

Les élèves devaient donc réfléchir à leur histoire et comment la raconter pour la séance suivante.

deuxième étape
Nous avons donc enfin regardé les travaux : il s'agissait de suites d'images souvent incompréhensibles qui se ressemblaient beaucoup.
Les élèves s'en sont rendu compte très vite.
Ils ont reconnu que de mettre des cases les unes à la suite des autres n'était pas suffisant pour donner du sens à l'histoire.

Comment faire pour passer d'une image à l'autre ?

Certains ont proposé de dupliquer une même image puis de la recadrer différemment pour que des éléments identiques puissent revenir, de mettre des images plus ou moins foncées ou lumineuses, d'utiliser le même environnement, le mot cohérence est apparu.

Lors de la phase prise de vues, certains élèves s'étaient opposés très vivement à ce que leur image soit diffusée sur le blog, ils avaient refait des photos pour obtenir des images sans représentation du corps même fragmenté.  Les images d'ailleurs étaient de plus en plus neutres, de plus en plus pauvres.

Comme un des élèves les plus virulents avait, avec son équipier, choisi une photo où un élève d'un autre collège apparaissait et lui donnait le rôle d'un voleur, un autre lui a reproché d'utiliser une image et de ne pas le montrer sous un aspect positif. La discussion a été assez houleuse, pour certains, si on avait accepté que l'image soit sur le blog c'est qu'on autorisait son utilisation.  Puisqu'il s'agit d'un travail entre collèges, cela voulait dire que les professeurs étaient là pour mettre des barrières. Un autre a ajouté que lui n'aurait pas aimé qu'on le montre comme un voleur même si ce n'était pas lui en réalité. Une image n'étant pas la personne elle même.

Cet échange assez vif venait aussi du fait qu'il existait une grande rivalité entre deux groupes de garçons de la classe. Pour la grande majorité, comme les élèves des autres collèges étaient des inconnus, ils ont considéré que dans le cadre du cours ils avaient à faire attention de toute façon aux limites par rapport au respect mutuel. Ils n'ont pas réfléchi aux conséquences réelles de la diffusion d'image et de leur utilisation.

Je leur ai montré Duane Michaels et Christian Boltanski pour réfléchir à la différence entre suite et séquence d'images .

Le peu de temps qui restait a été consacré à retravailler le passage d'une image à l'autre pour certaines équipes.

troisième étape (2 séances)

Ils n'ont pas vraiment envie de reprendre leur travail (il y a à nouveau des soucis d'enregistrement) ils ont eu des idées mais ça demandait trop de travail, j'ai donc (à tort) autorisé finalement l'utilisation des textes et des bulles. J'avais évoqué l'écrit parlé à propos de Duane Michaels et de Christian Boltanski en insistant sur le rôle majeur des images.

Ils avaient ensuite un petit petit questionnaire à remplir.

Raconter l'histoire.
Comment les images ont été choisies?
Ont-elles été retravaillées? Comment, pourquoi?
Utiliser les images des autres élèves?

quatrième étape:

Lorsque nous avons regardé le résultat final, pas grand chose avait été vraiment changé, ils ont ajouté des titres, des bulles des inserts mais cela ne faisait toujours pas une séquence du point de vue des images, qui ici semblaient n'être présentes que pour illustrer le texte même si elles avaient été choisies avant.

Pour eux le travail était satisfaisant car visuellement ressemblant à une page de bande dessinée, grâce aux outils proposés par le logiciel qui lui donnaient un aspect séduisant, mais il n'y a pas eu de réflexion réelle sur les images, leur utilisation, le travail possible de retouche, de cadrage de transformation. On peut utiliser facilement le logiciel mais sans idée ni réflexion pas de narration, juste une suite d'images.