arts plastiques - InSitu

espace pédagogique > disciplines du second degré > arts plastiques > enseignement > leçons

les élèves et le droit à l'image

mis à jour le 07/07/2011

Les réactions des élèves lors de l'annonce de la diffusion de leurs images sur le blog

mots clés : numérique, narration, image

Dans le cadre du B2I, les élèves doivent apprendre à discerner quelles utilisations ils peuvent faire des documents qu'ils trouvent ou qu'ils déposent sur Internet. Cette question, concernant notamment l'utilisation des images, est assez problématique et ils ont tendance à déconnecter le droit général qu'ils récitent en cours de leur véritable usage, chez eux, notamment au travers de réseaux sociaux comme Facebook. Il nous a donc semblé utile de les confronter à cette question du droit de diffusion et d'exploitation d'une image, concernant en particulier leur propre image.

Nous avons donc imaginé créer un blog commun à plusieurs classes de l'académie participant au projet. L'accès au blog serait limité et le risque de fuite des images également. Nous nous proposions de demander aux élèves de prendre des photos et de décider ensemble si elles étaient publiables sur le blog ou non, et pourquoi.

Leurs réactions lors de l'annonce de la diffusion dans un blog ont été très différentes d'un établissement à l'autre.

collège Jean Rostand - Chateau Gontier

Les élèves ont une réalisation à faire, et en même temps, doivent s'inscrire au tableau, prendre l'APN de la salle et faire une photo . Puis on les regarde au vidéo projecteur. De nombreux élèves figurent sur les photos, y compris moi-même.
Je leur annonce :
« On va diffuser vos photos sur un blog commun à plusieurs collèges de l'académie pour travailler ensemble. Vous verrez les images des autres, ils verront les vôtres ».

« On envoie toutes ces images telles qu'elles? »
réponse unanime « oui ».
J'insiste :
« Des élèves que vous ne connaissez pas vont voir vos photos, vous voir, voir votre visage, cela ne vous fait pas réfléchir? »
« ça ne me dérange pas », « c'est juste une photo », « ce n'est qu'un travail », « Y a pas mon nom »

La semaine suivante plusieurs élèves disent qu'ils ont changé d'avis. Pour une même photo de groupe avec des visages vus de face et de profil les avis divergent entre le « je ne veux pas être reconnu » et le « ça ne me gêne pas, c'est un travail ».
Certains proposent de voter, les échanges sont assez vifs : « c'est celui qui a pris la photo qui décide », « moi je ne veux pas qu'on me voit » « quand la photo est bien on la garde », c'est mon, image, c'est moi qui décide! »
Ne sachant pas qui doit décider, ils proposent que ce soit moi et j'en profite pour leur demander s'il ne serait pas souhaitable de demander la permission avant de prendre une personne en photo. Certains sont d'accord pour que leur image soit diffusée sur le blog , d'autres préfèrent recommencer leurs images. Les représentations de corps ont disparues.

« On ne reconnaît personne, la salle ce n'est pas gênant, elle est d'accord! » « Beaucoup d'images se ressemblent » « les photos étaient mieux avant, c'était plus vivant » « moi je ne voulais même pas être vu de dos, c'est mieux sans personne » « une photo ça ne doit pas être n'importe quoi, moi je ne savais pas quoi faire » « on ne sait pas qui va voir les photos, maintenant on ne peut pas se moquer de nous, de notre physique » « Je préfère montrer mon travail que ma tête, je suis fière de mon travail » « J'ai essayé de photographier la classe et que personne ne sache ce que c'est , on dirait un trou dans un mur (la lumière) » « Les autres vont vont se demander ce que c'est (les photos d'images), c'est mystérieux »

en conclusion

« Je ne me rendais pas compte qu'il fallait demander son avis à une personne pour la photographier »
« On n'a pas le droit de montrer des photos des gens sans leur avis »

collège René Guy Cadou - Montoir de Bretagne

les réactions des élèves

Lors d'une séance avec une classe de 5e, j'ai donc fait passer quatre appareils photo numériques aux élèves, leur demandant de prendre une photo chacun. Cette première phase a duré une dizaine de minutes à peu près. J'ai ensuite récupéré les photos, nous les avons projetées et nous en avons discuté. C'est alors que je leur ai annoncé le projet : « Ces images, nous allons les mettre sur un blog commun à plusieurs classes de 5e de l'académie. Êtes-vous d'accord ? ».
S'en est suivie une espèce de tollé chez certains, pris en photo par leurs camarades et qui n'envisageaient pas de voir leur visage se promener sur Internet, ce qui a permis l'instauration d'un véritable débat dans la classe sur le droit à l'image. A qui appartient l'image ? Qu'a-t-on le droit de faire avec ? Faut-il la permission de celui qui est représenté pour pouvoir la diffuser ? Et de celui qui l'a prise ?
La discussion a été riche et concluante, le parallèle avec les photos volées mises sur Facebook efficace également.
Il est particulièrement intéressant de noter que, lors de la troisième phase de cette séance, lorsque j'ai demandé aux élèves de changer leur photo -et donc d'en reprendre une- quand la première n'avait pas eu l'accord de la classe, certains d'entre eux ont délibérément demandé à d'autres de les photographier afin d'être sur le blog. Comme si le partage de leur image était déjà un gage d'un peu de célébrité.

collège Albert Vinçon - Saint Nazaire

J'ai commencé par leur demander de prendre chacun une photo sans plus de précision. Celle-ci s'est faite alors qu'ils terminaient un autre travail, ils prenaient un appareil photo quand ils voulaient et pouvaient quitter la classe qui donne sur la cour.
A la fin de la séance, sans que l'on ai regardé les images je leur ai annoncé mon intention de les diffuser sur un blog. J'ai enregistré leurs réactions.

classe 1

classe 2

collège Jean Moulin - Saint Nazaire

Les élèves me diront qu'ils ne veulent pas que leur image soit diffusée sur internet (à quelques exceptions : « moi ça ne me gêne pas ») car « tout le monde peut les voir ». Si je leur dit que dans la rue, tout le monde peut aussi les voir, ils estiment que ce n'est pas pareil. Il faudrait savoir quelle est la part de fantasmagorie créée par la méfiance qu'on leur enseigne concernant les dangers d'internet, la dose de désagrément que leur renvoie leur propre image, la maîtrise qu'il veulent garder sur leur propre image.

ressource(s) principale(s)

	TraAM 2010/2011	13/07/2011
	Construire des propositions de cours exploitant les outils numériques de communication.
	mutualisation, numérique, image, communication

haut de page

arts plastiques - InSitu - Rectorat de l'Académie de Nantes