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percevoir, représenter , transformer

mis à jour le 23/02/2012


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Architecture : perception, représentation et transformation de l'espace bâti

mots clés : architecture, espace


1. perception de l'espace bâti ( vide, vive, intellegere)

Il s'agissait pour les élèves de découvrir et de ressentir autrement un lieu qu'ils croient connaître parfaitement : leur collège. Nous souhaitions qu'ils découvrent, en le ressentant, à quel point l'architecture d'un lieu influe sur les sensations qu'on y goûte et dont on n'est pas toujours conscient. Pour cela, nous avions donc élaboré un questionnaire assez complexe et relativement complet sur les différentes sensations ressenties dans un espace précis du collège (voir fiche jointe).

J'ai choisi moi-même sept lieux qui me paraissaient à la fois différents les uns des autres et présenter des caractéristiques suffisamment fortes pour être perceptibles par les élèves. Il était également nécessaire, en terme d'organisation, que ces endroits soient relativement éloignés les uns des autres afin que les élèves ne soient pas tentés de s'amuser avec le groupe d'à côté. Dans un même souci de maîtrise de l'attitude des élèves, j'ai également choisi l'attribution des lieux, laissant aux élèves la possibilité de former à leur guise des groupes de trois ou quatre.

 



Pour cette première séance, j'ai d'abord présenté à la classe le questionnaire, que nous avons commenté et expliqué tous ensemble. Il leur a paru rapidement finalement assez simple. Je leur ai expliqué qu'ils allaient se rendre dans un endroit particulier du collège et en faire l'expérience sensible (j'ai marqué au tableau : « expérimentation de l'espace bâti »), qu'ils allaient devoir faire attention à tout ce qu'ils ressentaient dans cet endroit, avec chacun de leurs cinq sens. Qu'il leur faudrait remplir le questionnaire distribué (seulement la première colonne quand il y en a plusieurs dans un tableau) et rapporter des images de ce lieu, dessins, photos ou vidéos.

Je leur ai ensuite demandé de former des groupes et, au fur et à mesure de leur constitution, j'ai attribué un endroit à chacun et distribué les appareils photos (il y en avait quatre, certains groupes, relativement proches spatialement, devaient s'organiser pour se passer l'appareil en cas de besoin). Puis ils sont partis. J'ai fait plusieurs fois le tour des groupes pour voir comment ils s'en sortaient, rappeler à l'ordre ceux qui souhaitaient en profiter pour s'amuser, discuter avec les élèves pour les amener à approfondir ce qu'ils ressentaient et à trouver des mots pour l'exprimer.

Après une grosse demi-heure, les élèves paraissaient avoir fait le tour de la question. Nous sommes donc retournés dans la salle d'arts plastiques où je leur ai précisé la suite du travail : il leur fallait, pour la séance suivante, retourner dans ce lieu à deux autres reprises, à des moments différents de la journée, et compléter le questionnaire lorsque les sensations ressenties étaient différentes. Comme cette première expérience avait eu lieu autour de 8h30, à un moment de l'année où il faisait encore très sombre dehors et à un moment de la journée où les couloirs et la cour sont déserts, nous avons vu ensemble quels autres moments, en fonction des lieux, pouvaient être particulièrement intéressants à expérimenter.

Lors de la séance suivante, les groupes sont passés un à un devant la classe présenter leurs images, leurs expériences et leurs conclusions, ce qui a donné lieu à une verbalisation intéressante sur la compréhension et la sensation d'un espace bâti.

Cette première approche de la perception de l'architecture et du bâti s'est avérée plutôt satisfaisante : les élèves ont, dans l'ensemble, bien joué le jeu, et le questionnaire leur a permis d'aborder des sens et de repérer des sensations auxquels ils ne prêtaient pas attention. Ils ont ainsi découvert que certain lieu (le garage à vélos) leur était plutôt oppressant du fait de ses proportions : trop bas de plafond pour une surface au sol très importante, qu'un autre (la cantine) pouvait être apaisant et presque inviter à la méditation en raison de son éclairage discret et tombant le matin, alors qu'il devient assourdissant de bruits, d'odeurs, de couleurs et de lumière au moment du midi.

Néanmoins, ils ont rencontré une difficulté importante dans la maîtrise de ce vocabulaire descriptif. Pressentant le problème, nous avions choisi de proposer dans la fiche-questionnaire un maximum de mots possibles, afin que les élèves n'aient la plupart du temps qu'à choisir parmi ceux-ci plutôt qu'à convoquer dans leur mémoire ceux qui leur sembleraient le plus justes. Mais ce n'était pas encore suffisant pour pallier la pauvreté lexicale de mes élèves de 3e. Ils ont ainsi été capables de décrire un lieu avec deux adjectifs absolument contradictoires sans en avoir conscience. Sans un travail de reprécisions systématique et approfondi lors de la verbalisation, cette prise de conscience, qui pour nous passe souvent nécessairement par des mots, aurait été généralement très superficielle.

 
Mais c'est aussi ce qui justifiait le passage à la deuxième étape, à savoir la représentation de l'espace ressenti : en effet, il peut être plus facile à certains de prendre conscience de ce qu'ils ont découvert, expérimenté, et d'en rendre compte, avec des moyens plastiques. Comme, à l'inverse, la mise en pratique plastique peut nous permettre à nous, enseignants, de vérifier que les élèves ont effectivement compris quelque chose à cette histoire de perception.
 
2. représentation de l'espace perçu

La troisième séance a débuté avec un rappel oral et rapide (en une phrase) des conclusions auxquelles les élèves avaient abouti sur chacun des lieux. Conclusions que nous avons confrontées rapidement avec les images (uniquement des photos) prises par les élèves sur les lieux étudiés. Il s'est avéré très vite que les images ne reflétaient pas les impressions ressenties par les élèves. J'ai donc demandé aux élèves, individuellement ou en groupes (de trois au maximum), de représenter le lieu tel qu'eux-mêmes l'avaient perçu, découvert. Ils étaient libres de choisir la technique et le format qu'ils souhaitaient.

Avant de les laisser se lancer dans une réalisation, je leur ai projeté l'image de deux œuvres représentant chacune un espace de montagne : Paul CEZANNE, La Montagne Sainte-Victoire, 1890, aquarelle, crayon, gouache sur papier, 31,1 x 47,9 cm, Musée d'Orsay et Odilon REDON, Paysage de montagnes dénudées, 1881-1890, fusain sur papier chamoix, 43,1 x 28,9 cm, Musée du Louvre. Nous en avons discuté et les élèves ont très vite découvert que le médium utilisé par l'artiste influait sur la sensation de l'espace représenté (lugubre, relativement fermé et oppressant chez Redon, ouvert, léger et lumineux chez Cézanne).

Je leur ai donc demandé de réfléchir aux qualités de l'espace qu'ils allaient représenter et aux moyens les plus efficaces de les rendre. Ce qu'ils ont fait, pour la grande majorité d'entre eux, chacun remplissant d'ailleurs en fin de réalisation un petit papier sur lequel étaient indiqués le titre du travail, la technique utilisée et ce que les élèves avaient souhaité montrer.

Ils ont disposé de deux séances de réalisation après lesquelles une séance entière a été consacrée à l'accrochage et à l'évaluation de leur travail. Cette évaluation, orale et collective, passait par une première phase de verbalisation pendant laquelle les élèves ont confronté leurs impressions et leurs choix de représentation. Les questions ont porté essentiellement sur la compréhension des différents partis-pris et sur les moyens utilisés (format, médium, traces, accrochage ...) pour les faire sentir.

Comme les travaux étaient relativement variés et que les élèves avaient beaucoup à en dire, j'ai choisi d'utiliser une dernière séance supplémentaire à une deuxième phase de la verbalisation : la confrontation avec des œuvres. Je leur ai ainsi projeté plusieurs images d'œuvres, que nous avons regardé ensemble une première fois avant de revenir sur chacune d'elle et d'essayer de comprendre quel type d'espace était représenté et par quels moyens. Pour ce faire, j'ai demandé aux élèves de prendre la parole dès qu'ils voyaient une œuvre dans laquelle la représentation de l'espace leur paraissait plus ou moins comparable à la leur. Nous avons ainsi confronté leurs réalisations et leurs choix, pas toujours aussi aboutis qu'ils l'auraient souhaité, avec des œuvres qui leur permettait d'exprimer plus efficacement ce qu'ils avaient cherché à rendre et surtout de prendre davantage conscience de l'impact de la représentation sur la compréhension de l'espace.

J'avais choisi les œuvres en fonction de leurs travaux. On trouvait ainsi, en plus du dessin d'Odilon Redon déjà aperçu, Vertige de Salvador DALI, une huile sur toile de 1930, 60 x 50 cm, Rome coll. Penti, un croquis pour le centre culturel Djibao à Nouméa de Renzo PIANO, 1991, Méditerranée (La Ciotat), une huile sur toile de 1952 de Nicolas DE STAEL, The Circle Theater, une huile sur toile de 1936 d'Edward HOPPER et des dessins d'Henri GAUDIN pour l'Ecole Normale Supérieure de Lyon. (voir fiche d'exemples)


Ce travail a été intéressant dans la mesure où les élèves ont réellement fait des choix en fonction de ce qu'ils souhaitaient montrer de l'espace qu'ils allaient représenter. Ils les ont assumés et ont été capables d'en parler à la classe. Ça nous a permis à la fois de renforcer les découvertes sensibles faites lors de la phase d'expérimentation et de poser des questions de représentation d'espace, liées notamment à celles du support et du médium.

Je regrette toutefois la pauvreté plastique des travaux de mes élèves mais c'est hélas (surtout quand il s'agit de dessin ou de peinture) un problème récurrent pour ne pas dire permanent.


Georgia et Maxime
L'escalier plat
Gouache
« On a voulu montrer que c'était abstrait »

référence choisie par les élèves
Méditerranée (La Ciotat) de Nicolas DE STAEL


Estelle
Le préau en profondeur
Dessin au crayon, mesures avec l'équerre

« J'ai voulu montrer que de loin le préau paraît de plus en plus profond »
Référence choisie : Vertige de Salvador DALI


Pierre et Gwendall
Préau de la cantine
Fusain

« On a voulu montrer la différence de luminosité »
Référence choisie : Paysage de montagnes dénudées d'Odilon REDON
 
3. transformation de la perception de l'espace

La suite du travail, commencée à la suite -et dans la même séance- de cette deuxième verbalisation, avait pour objet de réfléchir à la transformation de la perception de l'espace. C'est une des questions posées par le programme de 3e et il nous paraissait indispensable pour la traiter de passer d'abord par une première phase d'analyse de cette perception.

J'ai donc proposé aux élèves, par groupes de 2 ou 3, de choisir un des lieux étudiés (et pas nécessairement celui qu'eux-mêmes avaient expérimenté puis représenté) et de proposer un projet d'intervention plastique in situ qui en transforme la perception. Ce projet devrait être présenté sous forme de planche dans laquelle on trouverait au minimum une « vue » du travail réalisé et un plan de l'endroit. J'ai fourni aux élèves des photocopies de plan du collège et des impressions en noir et blanc des photographies prises par eux lors de la première journée. A la suite de l'annonce de ce nouveau travail, il restait une demi-heure de cours environ qui a été consacrée au choix d'un lieu et à la mise en place d'un projet -même vague- pour cet endroit.

La réalisation de la planche devait être faite en deux séances.


Nous en sommes actuellement là et nous n'avons pas encore eu le temps de regarder tous ensemble les différents projets et leur présentation. Néanmoins, j'ai pu constater que les élèves choisissaient souvent les mêmes lieux. Or ce sont ceux qui ont été le mieux analysés et représentés par les équipes qui les avaient en charge. Leur problématique apparaissait donc suffisamment claire pour qu'ils se sentent la possibilité d'agir dessus.

D'autre part, je remarque de grosses difficultés à concevoir abstraitement un dispositif qui ne sera peut-être pas réalisé. Certains élèves avaient très envie de passer tout de suite à une réalisation pratique, à peine l'idée formulée dans leur groupe. D'autres ont une idée générale des transformations qu'ils veulent faire subir au lieu sans pour autant trouver de solutions pratiques pour les réaliser. D'autres enfin ont des projets qui ressemblent davantage à des projets de décoration du lieu (fresques) qui, certes, en transformeront la perception, mais qui ont l'inconvénient de focaliser l'attention des élèves sur d'autres questions que sur celle de la perception de l'espace.

J'avais prévu une ultime étape à cette séquence sur la perception de l'espace bâti qui était la réalisation d'un des projets de la classe. Je pense toujours qu'il est important de passer par une réalisation in situ, ne serait-ce que pour aborder avec les élèves ce genre de pratiques, mais je crois que nous allons d'abord devoir mettre au point un autre projet, tous ensemble, qui intègre les conditions et les contraintes de sa réalisation.


 
auteur(s) :

marie decelle bissery - stage didactique 2011/2012

information(s) pédagogique(s)

niveau : 3ème

type pédagogique : leçon

public visé : enseignant

contexte d'usage : classe

référence aux programmes :

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