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une réalisation interactive - expérience 2

mis à jour le 07/07/2011


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De la difficulté à faire coexister création plastique et outils numériques.

mots clés : numerique, interactivité, espace, image


projet TraAM

- fabriquer des images numériques
- détourner la fonction habituelle d'un diaporama (présenter/communiquer) pour en faire un outil de création.

Perdus dans Impress

dispositif
première partie
J'ai donc demandé aux élèves dans un premier temps de partir, par groupes de quatre à peu près, de manière discrète et indépendante, sillonner l'établissement un appareil photo à la main afin de rapporter des images qui nous permettraient éventuellement de découvrir le collège autrement. J'ai insisté sur le fait que ce qu'ils produiraient était destiné à être découvert par les autres et qu'à ce titre, leurs intentions devaient rester cachées.

Pendant que les groupes se succédaient à la prise de vues, les autres découvraient rapidement le fonctionnement du logiciel Open Office Impress et la façon de créer des hyperliens pour passer d'une image à une autre sans qu'elles se succèdent nécessairement.

deuxième partie
S'en sont suivies trois séances de travail en salle multimédia, par groupes de deux à quatre élèves, à partir de l'ensemble des photographies prises lors de la première séance et du logiciel Impress. J'ai demandé aux élèves de produire un enchaînement d'images qui puisse surprendre le spectateur: que le parcours de découverte du collège, qui semblait devoir se dérouler de manière assez évidente pour des usagers habituels, soit contrarié par des découvertes inattendues ; en passant une porte, une fenêtre, on parviendrait à un endroit insoupçonné.

Évidemment, pour que ce parcours déroute le spectateur et le perde, il fallait réfléchir à la question du choix : qu'il soit confronté, à un ou plusieurs moments, à la possibilité de prendre plusieurs chemins différents à partir d'une même image. Et c'est ici que se justifiait l'emploi de l'hyperlien.
Je leur ai d'ailleurs demandé de tracer par écrit un schéma du labyrinthe qu'ils avaient ainsi créé.
Cette question technique de l'hyperlien, mêlée à celle du parcours labyrinthique, a passionné les élèves. Beaucoup ont souhaité cacher le plus possible leurs liens, d'autres ont choisi de présenter plusieurs parcours dans leur travail, avec différents degrés de visibilité des liens et donc différents degrés d'immédiateté de découverte.
Il est évident que les élèves, par leurs habitudes et leur culture, ont été particulièrement intéressés par l'idée d'interaction dans un travail plastique. Ils ont imaginé des parcours en fonction de leurs différents spectateurs possibles. Mais c'est surtout lors de la découverte collective des réalisations de la classe que cette interaction s'est fait particulièrement sentir comme une question artistique. Les élèves, même en troisième, ont souvent du mal à admettre la coexistence de points de vue différents sur une même œuvre Leur travail prenait ici un aspect souvent imprévu, parfois même décevant, selon la réception qu'en faisait le spectateur. Certaines images, pourtant très travaillées et très appréciées par leur auteurs, ne sont jamais apparues faute d'avoir trouvé le lien correspondant.
 

Les diaporamas ont été réalisés avec open office impress et afin de pouvoir être mis en ligne, transformés en .pps, ce qui a modifié leur paramétrage d'origine qui permettait de ne rendre actives que les zones choisies par les élèves.
Pour retrouver  l'interactivité souhaitée des diaporamas, il est nécessaire de chercher les "mains" qui signalent les liens...mais il se peut que parfois, volontairement , elles soient très difficiles à trouver.
 
constat
Ce travail a donc permis aux élèves de toucher du doigt l'importance de la place du spectateur dans l'œuvre, la façon dont il devient activateur de l'œuvre en y participant. La phrase de Duchamp « c'est le regardeur qui fait le tableau », qu'ils connaissaient bien, prenait ici tout son sens. L'interaction, dans ce projet, permettait de rendre sensible cette question puisqu'on pouvait voir trois parcours différents sur la même proposition grâce à trois spectateurs différents.
En revanche, il est clair que la question plastique du travail a été franchement laissée de côté par les élèves, trop absorbés par les aspects ludique mais aussi technique de leur réalisation.
Malgré mon insistance sur des liens plastiques entre les images, ils ont eu tendance à les plaquer l'une après l'autre pour des raisons pas toujours très connues d'eux-mêmes, même si certains ont néanmoins su expliquer qu'ils avaient fait apparaître une image morbide après celle d'un couloir sombre parce que le manque de clarté de l'image leur paraissait particulièrement sinistre, et d'autres faire référence à quelques formes qui en appelaient d'autres bien connues.
Ce projet aura donné lieu à quelques analyses d'images éparses parmi les groupes, mais la réflexion plastique, dans son ensemble, s'est avérée très décevante et insuffisante. Les élèves se sont focalisé sur d'autres enjeux (créer des hyperliens, perdre le spectateur) et ont oublié celui-ci. Faut-il penser que les moyens technologiques ne sont pas encore, pour eux, de véritables moyens plastiques ? C'est possible.
Néanmoins, ils ont su adopter une démarche artistique dans l'utilisation détournée de l'outil Impress. Ce n'est pas allé de soi. Beaucoup avaient tendance à se laisser guider par la présentation extrêmement formatée du logiciel et ont commencé par imaginer un parcours qui irait simplement de la diapo 1 à la diapo 2, puis à la 3, etc ...
Ayant ensuite compris le peu d'intérêt d'une telle proposition, ils ont vraiment cherché à produire un labyrinthe et ont ainsi commencé à jouer avec les codes du logiciel, mais aussi du diaporama. Certains ont ainsi souhaité ajouter du son et ont expérimenté les différentes façons de l'utiliser, en rapport avec l'image, en transition ...

remarques personnelles
J'ai trouvé globalement que, pour la plupart, les élèves étaient véritablement rentrés dans une démarche artistique : ils ont cherché à expérimenter les fonctions du logiciel, à les utiliser autrement, à découvrir d'autres possibilités, puis ont su ré-exploiter ce qu'ils avaient trouvé dans une optique de création, afin de réaliser une proposition nouvelle et inattendue, chacun cherchant l'utilisation qui lui conviendrait le mieux d'un logiciel surexploité d'habitude toujours de la même façon.
Il y avait donc des aspects très intéressants dans ce projet et je pense que les élèves, comme moi, y ont été sensibles : il leur a permis de mieux appréhender la question de la participation du spectateur et celle de la démarche créative.
Je reste cependant un peu déçue de la qualité plastique de leurs réalisations. Je crois que notre propos était trop vaste et qu'ils ont, intuitivement, cherché à concentrer leur attention sur les questions principales que posait le projet.
Ils ont ainsi évacué les problèmes de perception de l'espace à travers une suite d'images, se focalisant sur de vagues impressions d'atmosphères, portées par quelques couleur, forme ou luminosité. La question de la circulation et de la continuité du regard ne s'est pas posée pour eux, sans doute en raison de la fixité des images choisies : ils passaient d'une image à une autre, c'est-à-dire finalement d'un univers mental à un autre sans avoir véritablement besoin de les parcourir, d'y circuler. Ils n'ont manifestement pas perçu l'espace représenté et n'ont donc pas vu la nécessité de rendre spatialement cohérent le parcours proposé. Pas de continuité entre un espace et un autre, pas de fluidité dans le regard. Plutôt une espèce de zapping.
Peut-être pourrait-on résoudre ce problème en proposant au préalable des photocopies des photos aux élèves et en leur demandant de les associer, spatialement, pour présenter une sorte de maquette du lieu, de ses ouvertures, et des différents espaces sur lesquels elles donnent.

Peut-être aussi pourrait-on leur proposer de travailler à partir d'une maquette virtuelle d'un lieu simple mais contenant plusieurs angles morts, réalisée grâce à un logiciel comme Google SketchUp par exemple, et en leur demandant d'appliquer aux ouvertures prévues des images(photos) des lieux vers lesquels elles donneraient. Le spectateur pourrait alors se déplacer dans cet espace et en découvrir les possibilités de manière plus fluide, il ferait le lien plus facilement entre les différents espaces proposés. De toute évidence, il a été difficile à mes élèves de percevoir, à partir d'images bidimensionnelles, les questions d'espace posées par un lieu en trois dimensions, en particulier architectural. Passer par le biais d'une maquette, réelle ou virtuelle, les aiderait sans doute à identifier ce qu'est véritablement un parcours. Mais si cette dernière proposition peut se suffire à celle-même dans un projet mettant en jeu la participation du spectateur et la perception de l'espace, elle risque néanmoins de se heurter à la complexité des logiciels et à des difficultés techniques qui pourraient, là encore, détourner les élèves d'une véritable réflexion artistique et plasticienne.
Peut-être aussi n'était-il pas utile de rajouter aux autres questions déjà travaillées celle de la perception de l'espace et peut-être aurait-il été plus facile pour les élèves d'aborder une réflexion plastique sans cette complexité supplémentaire.
 
auteur(s) :

marie decelle bissery

ressource(s) principale(s)

vignette.jpg TraAM 2010/2011 13/07/2011
Construire des propositions de cours exploitant les outils numériques de communication.
mutualisation, numérique, image, communication

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