Contenu

arts plastiques - InSitu

Recherche simple Vous recherchez ...

espace pédagogique > disciplines du second degré > arts plastiques > enseignement

peinture d'histoire (1)

mis à jour le 21/01/2013


vignette bernard.jpg

Comment s'approprier un événement et en faire une "peinture d'histoire" ?

mots clés : Courbet, histoire, genre, médias


.
.

.
.
.
.


.



.




Opération Iraqi Freedom
 
J'ai choisi de faire une peinture d'histoire sur la guerre en Irak de 2003 à 2011 appelée aussi « Opération Iraqi Freedom ». Cette guerre fut conçue comme un véritable spectacle hollywoodien visant à émouvoir les téléspectateurs et fut commentée de cette manière : « Une des grandes premières de cette guerre a été sa très grande médiatisation. Certains journalistes étaient présents aux premières lignes, intégrés ou aux côtés des troupes de la Coalition, ou dans des zones potentiellement dangereuses. De plus, bon nombre de soldats équipent leurs véhicules ou leurs casques de petites webcams. Des images du front étaient ainsi diffusées vingt-quatre heures sur vingt-quatre... De plus, les armements modernes permettant des attaques distantes ne permettaient pas de « voir » les combats. »
Cette donc cette idée que j'ai retenu, de sur-médiatisation et d'usage intensif des nouvelles technologies qui en fait voulait masquer la réalité physique de toute guerre : la mort de centaines de milliers d'hommes et femmes. Mon travail est donc conçu comme une double image avec un format panoramique ; d'un coté une scène en deux temps avec le conflit entre soldats américains et iraquiens et les médias à l'écart tournant un « reportage » sur cette guerre. De l'autre coté j'ai peint des visages d'acteurs ou victimes de cette guerre comme sortant de l'ombre. J'ai choisi le bois comme support et en m'appuyant sur des photographies d'époque, j'ai essayé de traduire ces deux réalités en utilisant des contrastes, d'échelle, de couleurs, de noir et blanc mais aussi des touches et des taches de couleurs, comme quelque chose de mouvant. J'ai conçu la scène de guerre et des médias comme une fausse réalité ; peut-être lié à mon goût pour la réalité virtuelle de l'univers vidéo. De l'autre coté du tableau, j'ai représenté des visages clairs, fantomatiques émergeant d'un fond noir préalablement peint (un peu comme le fait Courbet) comme si ces figures (acteurs ou victimes du conflit) simplifiées apparaissaient sous le feu des projecteurs. Cette partie sombre de mon projet fonctionne un peu comme une peinture de mémoire pour les victimes mais aussi comme l'envers du décor diffusé par les médias. (Aurélien)
 
Aurélien est passionné de dessin et d'imagerie numérique, sa proposition renvoie à ces deux univers croisés. Le choix du médium peinture (peu usité par Aurélien) fait suite à une première proposition vidéographique non aboutie ; pour autant le même référent nourrit les deux projets : la guerre en Irak, ses victimes et cette composante médiatique new-age et compassionnelle. « Rien à voir des combats » mais tout à éprouver avec ce que diffuse l'omniprésent 4ème pouvoir. Des images en rafale, en boucle, dressent le portrait d'une guerre prétendument éclair et propre mais surtout cette inflation visuelle opère à la manipulation des consciences et met les violences et la mort en réserve. Aurélien a bien saisi les composantes de cette « guerre des images ». Il en condense l'humeur avec des choix décisifs comme le format panoramique, cinématographique et un travail recto-verso évoquant les deux faces d'une même tragédie mais aussi proposant deux temps de lecture au spectateur. Les choix figuratifs confortent l'aspect narratif du travail pictural ; Aurélien choisit une écriture simplifiée, abréviative des formes entre construction-déconstruction comme un flux d'énergie en action. Une manière picturale double (couleurs et noir et blanc) qui renvoie aux variantes du « réalisme » de Courbet, au programme de Terminale L. Les « réalismes » d'Aurélien oscillent entre l'esthétique des jeux vidéos et le « ténébrisme » du Franc-Comtois. (Bernard Descourvières, Lycée La Colinière, Nantes)
 


.
.

Notre projet est une suite aux précédentes recherches sur les questions croisées du portrait, de la mémoire et de la disparition ; comme dans l'œuvre de Boltanski où se mêlent réalité et fiction tout en faisant référence aux événements tragiques de l'histoire. A notre façon nous voulions aussi rendre hommage aux victimes de l'Holocauste, réaliser un travail où le spectateur aurait un rôle central.
Dans un premier temps, l'idée était d'intégrer le spectateur dans notre représentation symbolique du processus de déshumanisation à l'œuvre dans les camps nazis avec deux panneaux face à face, recouverts chacun de visages-masques identiques et singuliers. Puis l'idée a mûri et l'utilisation d'une armoire usée et de sacs poubelle noirs nous a amené à fabriquer une sorte de lieu de mémoire et à réaffecter une salle du 3e étage laissée à l'abandon. Le choix de matériaux pauvres, usagés est en lien avec notre choix de figuration neutre et simplifiée ; le visage-matrice est réalisé sur papier blanc A4 puis photocopié ; dans un second temps le document est mis en couleur par endroits puis plié (souvenir d'enfance) et enfin re-photocopié après séchage.
Le choix d'un papier utilitaire, fragile et manipulable évoque la fragilité de la mémoire (collective et individuelle). Cette fragilité se retrouve dans le choix d'une lumière jaune qui n'a pas pour fonction d'éclairer le contenu de l'armoire mais plus une fonction symbolique de veille comme une bougie. Un seul point est désigné par la lumière : l'unique visage-masque en couleur.
Puis nous décidons de réaliser d'autres éléments de mémoire en reprenant l'inscription « Arbeit macht frei » (situé à l'entrée du camp d'Auschwitz) et « écrite » en fil de fer puis suspendue au centre de l'installation ; le deuxième élément consiste en une série de chiffres photocopiés sur du film transparent et suspendus autour de l'inscription, ces chiffres renvoient aux matricules imposés aux prisonniers. Le tout est éclairé ponctuellement à l'aide d'une lampe torche mise à disposition du spectateur quand il rentre dans la pièce. Enfin pour structurer l'ensemble nous prenons la décision de fabriquer une forme de cadre constitué d'autres exemplaires des photocopies de visages-masques, comme une fragile limite visuelle de l'ensemble. Le spectateur est invité à faire librement l'expérience des ténèbres et à comprendre en fonction de sa propre histoire et de sa culture.(Cassandre et Folavril)
.

.



Réalité et fiction
 
.
La réponse de Cassandre et Folavril développe une interrogation plus globale sur la problématique du portrait contemporain en relation avec l'expressivité des médiums et des matériaux. L'évocation (artistique) fine et responsable de la Shoah est complexe et pourrait, sans information précise en amont, s'exposer au danger d'une restitution sommaire voire caricaturale. Un propos de Boltanski (dont l'œuvre renvoie pour une grande partie à cette tragédie) sur la création d'une œuvre et la responsabilité de l'artiste nous servit de garde-fou : « Le problème n'est pas de créer une œuvre d'art mais de savoir comment elle fonctionne. Ce n'est pas de faire des œuvres belles, mais des œuvres qui, dans un certain moment, font comprendre des choses aux gens. »
Fort de cette mise au point, il fut décidé d'éviter tous « propos » provocateurs ; de ceux par exemple puisés dans les œuvres « réalistes » de Cattelan, des frères Chapman et autres Ronald Ophuis (qui furent évoqués avec le reste du groupe). Cassandre et Folavril ont donc opté pour une mise à distance assumée du référent avec des choix figuratifs et des matériaux employés à des fins symboliques. Une mise à distance seule à même, dans le contexte scolaire, de produire du sens et des interrogations essentielles. Rendre donc le (jeune) spectateur disponible, ne rien démontrer mais juste fabriquer un espace de réflexion critique, telle fut définie la visée artistique du projet. Le résultat abouti fait figure, à l'évidence, d'un belle « leçon des ténèbres »... en hommage à un certain Boltanski, entre réalité (des matériaux) et fiction (figurative). (Bernard Descourvières, Lycée La Colinière, Nantes)

 

.
.
.

Pour mon projet sur la « peinture d'histoire » j'ai décidé de travailler sur l'annonce de la fin du monde le 21 décembre 2012. Selon les médias le calendrier Maya avait prévu cette date pour prophétiser des événements cataclysmiques. L'idée m'est venue de raconter à ma façon cette annonce farfelue et peu scientifique. J'ai donc sélectionné un certain nombre de sources comme le film 2012 de Roland Emmerich pour le cyclone et le raz-de-marée ou le village de Bugarach dans l'Aude. Je me suis intéressée aussi aux contenus des peintures du XV et XVIe siècles évoquant la fin du monde et leur façon de présenter l'histoire comme un récit à découvrir. Comme j'aime beaucoup la bande dessinée et travailler avec des stylos Posca, j'ai raccroché ce projet à mes projets précédents comme pour créer différents moments de ma vie. J'ai créé un monde de monstres en rapport avec ceux d'Odilon Redon, le peintre symboliste de la fin du XIXe siècle, mais aussi j'ai repris des personnages faisant référence à la Bible, à la Genèse et au Jugement dernier. J'ai cherché à croiser différentes époques, différentes sources comme des dessins d'après photographies de mes proches et de moi-même, la musique de Steve Aoki. Ce projet finalement prend la forme d'un autoportrait élargi à mes proches, mes coups de cœur, mon plaisir de dessiner et de raconter des histoires. (Mélaine)

Mélaine est de nature rieuse et positive et comme en écho à ces délicieuses dispositions, elle aime à représenter le monde dans un registre emprunté au monde de la bande dessinée. Le choix du 21 décembre 2012 comme annonce d'une fin du monde fortement médiatisée et comme thème d'une « dernière » peinture d'histoire n'est ni anodin ni gratuit. Ce choix insolite vaut comme clin d'œil malicieux à « Un enterrement à Ornans » de Courbet (étudié en amorce de la leçon) mais surtout invite Mélaine à se frotter aux grands classiques de la peinture religieuse européenne. Mélaine en retient, comme par exemple chez Jérôme Bosch dans le « Jardin des Délices », leurs manières singulières de figurer les derniers moments de l'humanité, leurs choix des formats en volets articulés et en séquences narratives. Mélaine opte pour le triptyque articulé, le stylo Posca, l'opposition du noir et blanc et  des couleurs et de multiples sources iconographiques. Ce contenu s'accommode très librement des processus de prolifération, de superposition et de saturation du champ pictural propre à l'univers figuratif de Erro.
Tout le monde est invité à participer à ce dernier supposé « enterrement » ; les proches de Mélaine réduits à quelques figures simiesques, le bon peuple proposé dans sa version ovine, le dieu du « jugement dernier » n'en peut lui de tous ces panurges... tout cela et d'autres éléments formels figurent une joyeuse et dernière sarabande diablement organisée. Le récit de Mélaine se joue avec appétit des codes pour mieux laisser voir et ressentir une contraction des temps, des époques, des espaces et des cultures savantes et populaires. Enfin Mélaine aime à rire et rire de soi-même, à l'instar de cet autoportrait glissé dans le flux des figures, ici abouties et d'autres en voie de figuration ou d'effacement... comme un clin d'œil ultime avant disparition programmée et mise en image par une jeune fille originaire d'Epinal... en lien, là, avec l'appétence reconnue de Courbet pour l'imagerie populaire de l'époque. (Bernard Descourvières, Lycée La Colinière, Nantes)

.
.
.



21 décembre 2012, Bugarach
 
.
.
.


.
.
.

Pour ce projet de « peinture historique » j'ai étudié les unes de journaux dans la période de l'événement, des textes ainsi que des images de manifestations dans la rue durant les jours de la crise. Le projet naissant se résumait à de simples suspensions et superpositions de dollars Américains, des mots-clés imprimés sur des feuilles plastiques ; ces éléments formels représentaient l'argent partant « en fumée » comme une forme de dématérialisation des échanges entre les humains.
Après l'analyse d'autres photographies de l'événement et de la situation des lumières dans la salle d'arts plastiques, je décide la construction d'une maquette de New York que je situe au sol et dans l'axe de l'une des sources lumineuses de la salle. Cette maquette devient essentielle à ce projet d'installation in situ. Cette maquette a été bombée de noir pour rendre l'idée plus abstraite et symbolique entre clarté et obscurité. En effet la relation de la transparence et de l'opacité joue un rôle majeur dans la conception du projet. C'est comme une métaphore locale et universelle des actions humaines et leurs conséquences. J'ai ajouté d'autres éléments à l'installation comme les textes de l'époque relatant les effets du crash sur les citoyens puis un détail formel du 11 septembre et des silhouettes d'hommes peintes en noir symbolisant la chute humaine dans sa propre folie, son propre aveuglement. La colonne transparente ajoute un aspect fictif à l'installation et crée une sorte de cosmos qui renferme l'humanité dans le désordre de ses actions ; une sorte de bulle montrant l'homme enfermé dans sa triste condition. L'ensemble de l'installation forme l'image d'une société défaillante et vorace où l'homme impuissant et cupide se condamne de lui-même. (Léa)
 
New York, 1929-2011
 
La réponse de Léa à la problématique contemporaine de la « peinture d'histoire » vaut particulièrement pour la compréhension de Léa d'une des sous-entrées du programme « L'œuvre » de Terminale L, appelé « le chemin de l'œuvre » : « Ce point du programme est à aborder sous l'angle d'une analyse du processus global qui fait suite à l'intuition et à la réflexion. »
En effet, l'installation lumineuse et mobile de Léa est le fruit d'un processus créatif long et « flottant » mais dans le meilleur sens (artistique) du terme. L'intuition formelle et conceptuelle de départ constitue un quart de la mise en forme définitive. « L'objet artistique » n'a eu de cesse d'évoluer dans le temps et dans l'espace. Pour exemple, les premiers et timides essais sur la  transparence (les billets, les photographies), susceptibles d'évoquer le processus de dématérialisation du réel, se sont élargis à la conception d'une enveloppe-sculpture-bulle soumise, elle, aux effets de dématérialisation par l'une des lumières de la salle d'arts plastiques. De même la confrontation avec des exemples du travail de maquette de matériaux de récupération de Body Isek Kingelez et les installations-maquettes des frères Chapman (référence évoquée avec un autre groupe pour d'autres raisons) fit émerger l'idée de « maquette narrative et symbolique ». Le choix du noir pour uniformiser et abstraire la réalité des matériaux (Tinguely) conforte, lui aussi, le propos symbolique et spatial de l'installation entre art et design, entre opacité et transparence ? entre intuition et réflexion. La formalisation de « l'œuvre » est à ce prix. (Bernard Descourvières, Lycée La Colinière, Nantes)
 

.
.
.

Il s'agissait, pour ce travail, de s'approprier un événement et d'en faire une « peinture d'histoire ». Ainsi j'ai choisi les élections présidentielles françaises de 2012, ayant au dernier tour opposé la droite et la gauche avec deux personnalités politiques majeures. J'ai sélectionné comme référent les photos de campagne officielle. L'objectif de mon travail était de déjouer et d'interroger les codes de fabrication et de mise en scène des portraits photographiques officiels de campagne électorale.
En effet, de nos jours, les candidats sont devenus les acteurs de la « société du spectacle » (Guy Debord) et plus précisément du spectacle de la vie politique transformée en véritable scène de théâtre. Faits divers, déclarations intempestives et mise en scène de la vie privée des candidats forment une abondance d'informations diffusée dans la presse dite sérieuse ou à scandales mais en décalage complet avec la vie réelle. Le star système fabriqué par les médias et réservé autrefois aux comédiens s'est installé durablement dans l'arène politique. Dans mon projet je ne représente point de taureaux mais un combat de coqs (gaulois) plus précisément de poulets comme une parodie absurde faite de chair renvoyant à nos besoins vitaux, à notre humaine condition.
Par un jeu de construction et de déconstruction, je manipule l'image et j'opère une nouvelle mise en scène du propos... peu habituelle !
Pourtant, je conserve les principaux procédés de la mise en scène photographique officielle : personnage principal et central, tourné de trois quarts vers le spectateur et mis en scène dans un décor consensuel. Ce décor est choisi pour sa symbolique géographique en écho avec les valeurs défendues par le candidat (paysages agréables et lisses, bucoliques et pastoraux, français voire européens ?). Avec l'utilisation de la figure du poulet, je renvoie le spectateur à un élément vital, la nourriture. C'est un retour des stars et de leur image à une échelle « humaine ». En effet le poulet est un aliment ordinaire, basique, peu onéreux et proscrit par aucune religion, il est connu et mangé par tous. Mais on peut aussi voir dans la figure du poulet, la parodie d'un symbole de la France, le coq, ici réduit à l'état de poulet grillé.
Le tableau central lui, en revanche, est une inversion des rôles, le spectateur entre dans l'œuvre. En découle ainsi une fonction interrogative, « Et vous ! Qu'en pensez-vous ? Qui êtes-vous ? « l'œil » artificiel, façonné dans l'aluminium, intègre celui du spectateur. Il en appelle à son jugement. Le spectateur devient ainsi l'acteur central de mon projet, fixé furtivement dans le miroir déformant de la communication électoraliste... (Marcelline)
.
.
.



Ors et illusion
 

La réponse de Marcelline fait partie d'un ensemble de propositions personnelles plus large sur les phénomènes de perception et la question de la nourriture, l'utilisation de l'aliment dans la création artistique. Le propos parodique de Marcelline pourrait dans la forme s'inscrire dans la lignée des œuvres poétiques d'Arcimboldo ou des portraits-charge de Louis-Philippe par Daumier mais dans l'intention il s'agit plus de déconstruction et retournement des codes de la communication visuelle de la classe politique, en période électorale. Le travail joue des tensions entre l'ordre de la présentation (or des cadres) et le désordre de la représentation (grotesque et perturbante). Le propos grinçant renvoie, de façon personnelle, à la pratique du collage DADA des années vingt. Marcelline travaille au corps notre perception du réel et retourne comme une peau (de poulet) le mensonge médiatique. Elle propose une saugrenue traversée des miroirs de notre société devenue paradoxalement aveugle et avide de lumières. (Bernard Descourvières, Lycee La Colinière, Nantes)

 
.
.
.



God Bless America

.
.
.

Mon choix thématique est lié à l'intérêt linguistique et culturel que je porte à ce grand pays.
J'ai donc décidé de représenter la fracture et la déchirure de ce pays suite aux événements du 11 septembre 2001 ; événement majeur dans l'histoire des États-Unis ayant changé le mode de vie des américains, la vision du monde et l'ordre géopolitique mondial. J'ai donc utilisé des photos couleurs déchirées du 11 septembre (World Trade Center, Pentagone, crash du vol 93, décombres...) et des fragments d'articles de journaux. Les morceaux de photos sont comme tombants vers le sol afin de rappeler les débris, ils signifient aussi plus largement, le désordre mondial que cet événement a occasionné et valent comme métaphore de la situation des États-Unis après le 11 septembre. Au centre, le drapeau des États Unis se retrouve sali, terni comme un acteur endeuillé et meurtri, comme bloqué dans les gravats. En arrière-plan, une vue panoramique de New York plongée dans des ténèbres barrées d'éléments en grisaille du drapeau américain comme une mise en abyme de l'événement.
Au-dessus du drapeau, « God bless America » symbolise une lueur d'espoir pour le peuple, des jours meilleurs et l'idée que le pays se remettra de cet événement tragique.
J'ai volontairement sali et « glacé » les photos et le drapeau comme s'ils faisaient eux-mêmes partie des gravats. J'ai également utilisé le collage pour donner du dynamisme et de la matière à la représentation. J'ai voulu ternir les couleurs pour montrer un effet double de mémoire et de désespoir, pour montrer que cet événement annonçait d'autres heures sombres au pays .Le choix d'une toile m'a permis de travailler des effets de teinture et de recouvrement. Pour le format de la toile, je voulais qu'il ressemble un peu au format d'un drapeau et en répétant ce motif drapeau (image du drapeau et fond) souligné par le cadre noir j'apporte une sorte de profondeur expressive, symbolique et funèbre à ce tragique événement. (Victoria)
 
Le peintre allemand Tim Eitel, quand il évoque son processus créatif et son rapport aux sources photographiques, déclare : « Le tableau à la fin n'est pas une représentation de la réalité, c'est devenue une fiction ». Le lent travail pictural de Victoria, dans son élaboration, pourrait faire sienne le propos de Eitel. Victoria collecte des images de presse, les déchire et reconstitue patiemment un puzzle anarchique et construit. Le réel médiatisé des événements du 11 septembre 2001 est devenue une fiction sous forme d'hommage. Victoria insiste sur les effets de matières du matériau papier et du médium ; ses effets de « glaçage » donnent à la surface un double effet (plastique et symbolique) de pétrification moirée du « réel ». Cette technique découverte en cours de processus renvoie au travail à l'encaustique de Jasper Johns, mais avec des finalités plus expressives et symboliques. La couche picturale, là, stratifie différents moments de l'événement comme un palimpseste funèbre ; le spectateur, comme le souhaitait Paul Klee, est invité à « brouter la surface du tableau », pour mieux en apprécier la teneur matérielle et expressive et ce dans les limites d'un cadre fin noir assigné par Victoria à sa fiction mémorielle. (Bernard Descourvières, Lycee La Colinière, Nantes)
 

information(s) pédagogique(s)

niveau : Terminale L

type pédagogique : leçon

public visé : enseignant, élève

contexte d'usage : classe, travail autonome

référence aux programmes : "L'oeuvre" : l'oeuvre, filiation et ruptures ; le chemin de l'oeuvre ; l'oeuvre, le monde.

ressource(s) principale(s)

VIGNETTE_LENIRA_2.jpg peinture d'histoire 11/05/2014
Comment s'approprier un événement et en faire une "peinture d'histoire" ?
réalisme, figuration, genre, médias

haut de page

arts plastiques - InSitu - Rectorat de l'Académie de Nantes