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Renvoyé spécial 2023 - Lycée Carcouët

Rencontre avec la journaliste syrienne Naama Al Alwari
Vendredi 10 février 2023

Certes, les élèves ont travaillé l’intervention à l’oral durant leurs cours d’anglais, ainsi que sur des articles du fait de leur préparation au concours de l’ENS. Mais cette rencontre leur a permis de concrétiser certaines notions et d’échanger avec une jeune journaliste qui a vécu et leur raconte ce qu’ils lisent habituellement dans la presse.

Elle n’a que 30 ans, et son sourire chaleureux ne laisse pas deviner ce qu’elle a pourtant vécu avant de se réfugier en France.
Ce vendredi 10 février 2023, dans l’amphithéâtre du lycée Carcouët, la jeune journaliste syrienne Naama Al Alwari est venue parler -en anglais- de son parcours avec les élèves de première et seconde année de CPGE (Classe préparatoire aux grandes écoles).
Originaire de Homs, cette jeune femme syrio-libanaise ne s’était pas destinée au journalisme avant que la guerre n’éclate.
Mais le Printemps arabe a fait basculer son pays et sa vie en mars 2011.
Sa ville fut la première à prendre part aux manifestations contre le gouvernement et la famille El Assad puis à diffuser ces évènements via les réseaux sociaux.
Armée d’un téléphone Nokia 5300 et de comptes Facebook et Twitter, Naama Al Alwari décide de couvrir les manifestations, mais aussi les ripostes de l’armée ainsi que les répressions et les fusillades qui s’en suivent.
C’est rapidement l’escalade… Internet est coupé dans tout le pays, Bachar El Assad donne l’ordre de tirer à balles réelles et de bombarder certaines villes, dont Homs.

La jeune journaliste étant menacée, elle fuit avec ses parents à Darays, au Nord de Damas, afin de poursuivre son travail de journaliste photographe et vidéaste. Elle y enquête et publie des articles pour divers médias, ainsi que pour des associations de défense des droits de l’Homme.
Elle part ensuite à Tartous dans le cadre d’une mission de défense des droits de l’Homme. Mais la ville est contrôlée par l’armée syrienne, ce qui rend son travail difficile et dangereux. Elle est malheureusement arrêtée à son domicile le 20 octobre 2013, et passe près de 7 ½ mois en prison, isolée de sa famille et du monde. Les conditions de détention sont très difficiles, et certains de ses co-détenues y ont été assassinées.

À sa sortie de prison, Naama Al Alwari part se réfugier au Liban avec sa famille. Elle y obtient une bourse pour suivre des études de journalisme, avec une spécialité en radio et télévision. Elle continue de militer pour les droits des réfugiés et des femmes. Elle couvre divers évènements concernant le sort des réfugiés, ainsi que l’explosion du port de la capitale libanaise ; et sert aussi de traductrice pour les journalistes étrangers.
Sa vie se poursuit ensuite en Turquie, où elle exerce aussi la profession de journaliste.
Mais lorsque la Turquie et la Syrie passent un partenariat économique, Naama Al Alwari comprend que l’exil est sa seule chance de survie pour ne pas être arrêtée par la police turque et remise à l’armée syrienne.
Et lorsque les élèves lui demandent si elle pense pouvoir un jour rentrer au pays et le voir en paix, la jeune femme répond qu’elle ne croit pas à ce doux rêve, malheureusement.
Elle précise aussi que notre contrée n’était pas son premier vœu mais que l’ambassade canadienne n’a jamais répondu à sa demande, alors qu’elle a de la famille dans ce pays.
Ses parents sont restés vivre au Liban. Quant à Naama, sa vie est désormais en France.

Caroline Malville

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