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atelier d'écriture numérique créative : se dire, se lire, s’écrire, s’inventer

mis à jour le 11/01/2016


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Comment conduire les élèves à pratiquer l'écriture autobiographique dans le cadre d'un atelier d'écriture numérique créative ? Les propositions d'écriture mises en place dans cette expérience permettent de lancer l'écriture, d'accompagner cette démarche en suivant les pistes tracées par des écrivains, et d'enrichir les productions en utilisant la richesse créative des outils numériques.

mots clés : atelier d'écriture, écriture numérique, écriture, lecture, autobriographie


Un temps de lecture, d’observation et d’analyse

Lectures préalables
L’atelier commence par la lecture d’autoportraits, de portraits d'écrivains mis à disposition par le professeur.

Recherche sur l'écriture de soi numérique
Une recherche est menée sur les blogs d'écrivains. Les élèves parcourent ce qui existe, observent les suppléments que seul le numérique peut apporter. Il s'agit de donner un aperçu des innombrables façons de procéder. La question de l’écriture de l’autoportrait à partir du "je", à partir du "il", est posée.
 

1ère proposition d’écriture – Écrire son autoportrait et composer un autoportrait numérique

 
Étape 1 : écrire en trouvant un angle
Il convient d'insister avec les élèves sur le fait  qu’il n’est pas question de raconter sa vie de façon simple. Dans la pratique de l'écriture littéraire, il faut essayer de se dire en trouvant un angle d’attaque, une intention, qui permette l'originalité, l'inattendu, et qui favorise la créativité. Les élèves produisent alors un texte de façon assez libre.

Étape 2 : cinq mots pour créer des liens hypertextes
Consigne 
Pour cette proposition, une autre contrainte est donnée, mais cette fois après l’écriture. Il est demandé aux élèves de choisir dans leur autoportrait cinq mots et d’en faire des liens hypertextes.

Analyse : éviter les clichés
Quelques exemples sont passés au vidéo projecteur et font l'objet d'un échange. Ce qui surgit immédiatement, c’est la facilité. Les premiers réflexes des élèves vont vers l'illustration directe par une image, ou par un site de type Wikipédia. L'analyse montre comment les images répondent à des idées préconçues, à des clichés.
Pour mener ce travail d'analyse critique, dans la mise en commun, avant de cliquer sur le lien hypertexte d’un élève qui a choisi par exemple le mot "Londres", on s’amuse à dire ce qu’on ne voudrait pas trouver. Viennent les images du drapeau anglais, des bus à impériale, des taxis noirs. Quand on clique sur le lien, tout cela apparait sur la même image/collage avec en prime, en arrière-plan, la Tour de Londres ! La classe réagit. Le lien hypertexte ne doit pas conduire vers des clichés, de la paraphrase, ni même de l'information, ou alors à titre exceptionnel.

Des liens qui doivent continuer à écrire le texte
La consigne suivante est donnée : ces liens doivent continuer à écrire le texte. Ils doivent davantage être une parenthèse, une
note de bas de page, on attend d’eux qu’ils viennent augmenter le texte, qu’ils continuent à écrire l’autoportrait.
Les élèves reprennent leur travail dans cette perspective, avec davantage de réflexion sur l'acte même d'écriture numérique, sur le lien image/texte.
Le message semble être entendu. L’écriture demande de l’exigence, ce qui est aussi au cœur de l’atelier.

Débloquer l’écriture : s’écrire avec des images

Un élève, qui dès la première heure de l’année avait évoqué à la fin du cours son blocage vis-à-vis de l’écriture, blocage vieux de plusieurs années semble-t-il, reste sans réaction devant son écran d’ordinateur durant l'activité. Il explique qu'il se sent incapable d’écrire.
Il lui est proposé de procéder différemment. Plutôt qu’un texte avec des liens hypertextes, il peut essayer de s’écrire avec des images trouvées sur internet, avec ce qui aurait pu faire les liens hypertextes. Vingt minutes plus tard, alors qu'il n'a toujours rien produit, il dit qu’il ne voit pas ce qu’il pourrait dire, que sa vie n’est qu’une succession de "tuiles". Il tient alors sa première image. La photographie d’un toit de tuiles. D'autres images suivent ; l'une d'entre elles évoque par exemple la phobie scolaire. Une petite phrase accompagnent chacune d’elles... L'écriture est enclanchée.

Débloquer l’écriture : du passé au futur
Une autre piste est suivie pour contribuer à débloquer l'écriture. Elle propose de faire basculer cet autoportrait de la réalité à la projection imaginaire.
Pour l'élève en question, il s'agit d'écrire non plus des éléments appartenant à son passé morose, mais des éléments positifs appartenant à un futur plus ou moins proche. Comment aimerait-il se voir dans quelques années ?
Seront choisies, entre autres, la photo d’une basse électrique, et, surprise, d’une pièce aux murs recouverts de livres. A chaque fois, quelques mots ont été écrits.
 

2ème proposition d’écriture – réaliser un autoportrait fictif

 
Les élèves doivent réaliser, sous une forme libre, un autoportrait fictif. Plusieurs étapes vont les amener à enrichir leur écriture.

Étape 1 : autobiographie et autofiction

Cette proposition est l’occasion de d'aborder plus précisément l’autobiographie et l’autofiction : analyser à partir de textes comment les éléments s’entremêlent. Avant le passage à l’écriture, des souvenirs puisés chez Pierre Jourde, Jean Rouaud, Charles Juliet sont lus et travaillés.

Étape 2 : "ce que Google a fait de moi"
Consigne 
La contrainte de cette proposition intitulée "Ce que Google a fait de moi" consiste à taper son prénom et son nom dans Google images et à voir ce qui arrive, ce que l'on peut récolter, glaner. Il faut ensuite choisir entre cinq et dix images à partir desquelles les élèves vont s’inventer un personnage, une vie, un possible au plus loin de soi.

Forme libre

La forme est laissée libre. Les élèves réfléchissent à des pistes : proposer les images et un texte en-dessous ou bien écrire sous chacune des images. La notion de storyboard est abordée, avec quelques exemples à l'appui.

Prolongement : Le Château des destins croisés

L’occasion est donnée d’aborder Italo Calvino et son Château des destins croisés, une référence pour l’animateur d’atelier, même si la proposition d’écriture de Calvino est bien différente dans son principe que celle évoquée plus haut.

Bilan : l’écriture comme plaisir du jeu

Les élèves pratiquent l'exercice avec investissement et plaisir. Dans l'invention de soi, une dimension ludique apparaît. L'importance du jeu dans l'écriture, et peut-être plus largement dans la vie, se révèle. Le parallèle avec le théâtre, le jeu de l'acteur, le  jeu de masques, est établi. L'écriture, comme le théâtre, permettent de solliciter, pour reprendre les mots de Deleuze, "cette multitude qui nous habite". Jouer c’est remettre du plaisir au centre de l’apprentissage. Les élèves le ressentent, de même que l'enseignant animateur.

Le souvenir protéiforme et les exemples littéraires
Se raconter, se dire, c’est se souvenir. La question de la mémoire donne lieu à une réflexion. Le souvenir est analysé dans son manque de fiabilité, dans la façon dont
notre cerveau le recompose à chaque période de notre existence. Il est défini comme une matière fuyante, fluctuante, spongieuse, protéiforme, insaisissable. Un étayage est réalisé par des exemples de récits à dimension autobiographique : des extraits de La Recherche du temps perdu de Marcel Proust, d'Opoponax de Monique Wittig, d'Enfance de Nathalie Sarraute. 
Étape 3 : enrichir son autoportrait
Tiroirs de souvenirs
Ensuite, il est proposé aux élèves d’observer le tiroir de souvenirs que renverse Éric Chevillard à la lettre Q du Désordre Azerty. Qu’est-ce qui surgit de cette énumération, de ce déballage ? Quels effets sont produits à la vision de ce tiroir renversé ?

Vider son tiroir

Les élèves doivent ensuite vider leur tiroir.
Des contraintes d'écriture sont données : utilisation du passé composé, nécessité d’une certaine longueur, composition fragmenté, esthétique de la juxtaposition et du collage.
Les élèves se livrent avec plaisir, entrent dans l'élan et la puissance de l'inventaire.

"Je me souviens…"

Ensuite, marronnier de l’atelier d’écriture, mais qui fonctionne toujours : "Je me souviens…" de Georges Pérec. L'exercice est toujours efficace pour convoquer, faire remonter à la surface, des souvenirs. Les élèves découvrent avec plaisir le principe.
Le travail peut être contraint davantage en proposant de n’écrire que des "Je me souviens…" liés à une tranche de vie particulière ou à un thème, l’école par exemple.

Déplier lentement un "Je me souviens…"
Quand les élèves ont écrit une dizaine ou plus de ces souvenirs épars, il leur est demandé d'en choisir un, qui sera déplié lentement, très lentement. L’idée est de le ramener à la vie. Il faut lui redonner de l’épaisseur, une forme, le faire s'animer, prendre vie, le reconstruire, à la manière d'un origami.
Pour cela, les élèves sont incités à préciser les circonstances du souvenirs, mais aussi à mobiliser un maximum de sensations : odeurs, parfums, bruits, sons, goûts, mais aussi impressions… La vue, premier sens évoqué spontanément, est retravaillé : couleurs ou absence de couleurs, lumières, formes, lignes, matières... Il sera ensuite placé en dernier dans le texte.
Les textes sont lus, les élèves sont conduits à observer la place du corps dans l'écriture et les frontières entre le rêve et la réalité.
Le texte est repris pour être réécrit au présent. Les effets produits sont observés et analysés. Une réflexion est menée sur le choix des temps dans l'écriture du souvenir.

Étape 4 : enrichir son blog, "ma vie mode d’emploi"
Le titre du roman de Georges Perec, La Vie mode d'emploi, peut donner lieu à une nouvelle proposition d’écriture : "ma vie mode d’emploi". Les élèves doivent écrire le mode d'emploi de leur vie : comment l'utiliser ? Quelles étapes suivre ? Quelles instructions donner ? L'exercice peut être facultatif, et donné uniquement aux élèves  qui auraient par exemple déjà terminé leurs travaux. Prévoir des exercices d'écriture supplémentaires revient à gérer l'hétérogénéité du groupe.
 
auteur(s) :

Pierre-Antoine Brossaud, lycée St Félix-La Salle, Nantes

information(s) pédagogique(s)

niveau : Lycée tous niveaux

type pédagogique : scénario, séquence, démarche pédagogique

public visé : enseignant

contexte d'usage : salle multimedia

référence aux programmes : B2i Lycée, référentiel de compétences

ressource(s) principale(s)

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