Étape 1 : Concevoir une progression annuelleDans la mesure où notre projet reposait sur la mise en place d’un enseignement obligatoire, il nous est apparu nécessaire d’élaborer une progression annuelle autour d’un thème précis. La collaboration entre un professeur de lettres et un professeur d’anglais exigeait ce travail commun afin que le projet soit cohérent pour les élèves.
Le programme de français incluait une étude des contes de Perrault : ce thème semblait approprié dans la mesure où il peut permettre de nombreux développements et détournements, mais également parce que le conte appartient à la culture populaire européenne et pouvait intéresser des enseignants d’autres pays.
La progression annuelle a été difficile à élaborer : bien que des sources britanniques existent, elles reflètent des pratiques qui se développent sur toute une scolarité, or nos élèves, quoiqu’adolescents, étaient finalement totalement débutants. Nous avons donc cherché à croiser l’approche thématique (le conte) avec une approche plus fonctionnelle de jeu théâtral (prise en compte de l’espace, du corps, du regard, de la voix…)
Étape 2 : Construire un déroulé de séance ritualiséEn nous inspirant des déroulés de séance vus en Grande-Bretagne, nous avons cherché à mettre sur pied un plan de séance ritualisé, qui permettait de proposer à des élèves non-volontaires un cadre rassurant.
Les séances étaient donc constituées comme suit :
a) L'échauffement (warm-up) :
La séance débute par des exercices aux objectifs multiples, en fonction de la période de l’année, du groupe, des objectifs globaux de la séance. Il a pu s’agir, soit de constituer le groupe-classe en groupe de travail, de travailler sur la prise en compte de l’espace, d’apprendre à se faire confiance, de dynamiser le groupe ou au contraire de travailler sur la concentration et l’attention aux autres…
Voici quelques exemples de warm-ups pour travailler sur la confiance dans le groupe et la concentration :
- "La quille" : un élève au-milieu d’un groupe de 7, les yeux fermés, reste raide et se laisse pousser lentement par le groupe, comme une quille. Il convient de rappeler l’objectif : avoir confiance, donc pas de violence !
- "Dos à dos" : se déplacer conjointement en s’appuyant au dos de son camarade (nécessité de se coordonner, de coopérer et se concentrer)
- "Dos à dos" (variante) : se retourner, se regarder sans rire (travail de concentration à généraliser au jeu pendant le stimulus)
b) La situation (stimulus) :

Une situation est donnée aux élèves, avec des contraintes de constitution de groupe, etc. Il s’agit d’imaginer différentes saynètes en lien avec le thème du conte.
Après avoir donné le sujet, celui-ci était immédiatement et ouvertement discuté par l’ensemble de la classe, et chacun était invité à proposer des idées, à interpréter la consigne, etc. L’objectif était alors de ne pas laisser le groupe seul avec une consigne complexe, de laisser émerger spontanément des émotions diverses et de stimuler l’imagination. Chaque groupe était libre de travailler dans son coin pendant quelques minutes, de mettre sur pied un petit scenario avant de le jouer.
Par exemple, on peut demander aux élèves d'imaginer la visite guidée d’un espace merveilleux (la forêt de Blanche-neige, le château de la Belle au bois dormant…) : un guide met le lieu en valeur, les visiteurs réagissent au lieu décrit.
Quelques contraintes sont imposées : des groupes de 4 ; introduire les mots-clés en anglais pour une visite bilingue ; faire comprendre l’espace décrit et l’émotion ressentie par rapport à l’espace ; possibilité de prendre des notes mais absence de notes au moment de jouer.
c) Le retour :
Après le jeu, la parole était redonnée aux joueurs et aux spectateurs pour commenter ce qu’ils avaient fait ou vu.
Enfin, à l’issue de la séance, la parole était donnée à la classe pour faire état de leur expérience et des émotions vécues.
Étape 3 : e-twinning, un outil de collaborationSur la plate-forme e-twinning les projets sont listés avec un certain nombre de mots-clés qui permettent aux collègues européens intéressés de proposer leur participation : les nôtres étaient drama, théâtre, conte…
Une enseignante italienne a spontanément répondu à notre demande ; à cette réponse s’est ajoutée un contact obtenu auprès de collègues roumains rencontrés dans le cadre de la mobilité européenne et sollicités lors de la mise en place du projet. L’objectif est avant tout culturel, il devait permettre de prendre appui sur une culture commune et de donner à notre activité une audience plus large que la classe, mais en même temps limitée à un espace virtuel.
Le premier échange s’est fait à la demande de la collègue italienne, qui a proposé une activité pour "briser la glace". Elle consistait à élaborer l’affiche de notre projet : les élèves devaient créer un poster présentant l’activité drama. Cette activité a eu pour bénéfice secondaire de réaliser que les élèves avaient parfaitement compris et intégré les objectifs de l’activité "drama".