Étape 1 : Visite d’une exposition de broderie
À ce moment-là, un centre culturel proche du lycée proposait une exposition sur la brodeuse japonaise, Rieko Koga (
lien vers le site de l'artiste). La visite guidée réservée aux professeurs permettait de mettre en évidence la démarche de l’artiste qui brode ses textes sur des tissus, jouant avec les nuances de couleur, de style, d’enchevêtrement des matières…
La semaine suivante, les élèves ont pu visiter l’exposition. Bénéficiant d’une visite guidée, ils se sont montrés particulièrement intéressés et attentifs à cet art. Loin de tout préjugé, ils se laissaient aller à des commentaires pertinents, créatifs, sur ce que les œuvres évoquaient pour eux, en eux. Ils ont été sensibles aux émotions qu’essayait de traduire R. Koga à travers ses différentes œuvres.
Afin de réinvestir cette sortie, lors de la séance suivante, on leur demande d’écrire une lettre à un(e) de leurs ami(e)s pour l’inciter à aller visiter l’exposition de Rieko Koga. Cet exercice d’écriture possédait plusieurs finalités, notamment la maîtrise de la langue et de l’expression, ainsi que l’aptitude à construire un jugement argumenté et à prendre en compte d'autres points de vue que le sien. Cela constituait un entraînement à l’écriture d’invention de l’EAF. Ils devaient pour cela argumenter en utilisant le vocabulaire étudié en cours : convaincre ou persuader. Cela leur a permis également de revoir les contraintes liées au genre de la lettre.
Étape 2 : Du texte au tissu
Qu’ont en commun la littérature et le textile ? À la séance suivante, les élèves devaient choisir deux mots pour exprimer ce qu’ils avaient retenu de l’exposition. Cette activité orale a débouché sur la distribution et la lecture à haute voix de l’extrait de Roland Barthes. Ensemble, nous avons proposé des explications, des interprétations possibles de ce texte théorique.
Ensuite, les élèves ont travaillé sur la polysémie de certains mots, que l’on retrouve aussi bien dans le domaine textile que littéraire : fil, trame, tonalité, chaîne, point, tissu-texte (exercice de vocabulaire fabriqué à partir de l’extrait de
Barthes, Théorie du texte). Après avoir cherché à formuler les différentes définitions de ces mots et rappelé certaines notions (polysémie, synonyme, antonyme), les élèves ont dû établir des rapprochements entre ces deux domaines : le fil conducteur, la trame narrative…
Enfin, lors d’un mini débat, les élèves ont pu échanger leur point de vue sur l’art et ses fonctions : l’expression, la mémoire, l’esthétique, la transmission…
Étape 3 : Analyses du roman
Lors d’une séance suivante, nous sommes revenus au titre de notre roman "Le Rapport de Brodeck" afin d'en dégager des horizons d'attente. Le paratexte a également été questionné : les dédicataires de ce roman sont-elles celles de l’auteur ou du narrateur ? ("Pour ma femme et ma fille, sans lesquelles je ne serais pas grand-chose"). Les élèves se souviendront de cette question et interrogeront à leur tour l’auteur, lors de la visioconférence. Ensuite, nous avons procédé à une analyse de la première page de ce roman.
Au fil de la lecture, nous avons pu faire un travail sur les prénoms/noms des personnages, et travailler l’onomastique. À l’écrit, deux par deux, les élèves devaient émettre des hypothèses sur la personnalité qui pouvait se cacher derrière des prénoms comme : Brodeck, Poupchette, Émélia, Fédorine, Orschwir… Cette recherche a été menée en comparaison avec la liste des personnages d’un autre roman de Claudel : "Les Âmes grises", roman aux noms évocateurs, tels Belle de jour, Lysia, Mierck…
Puis, les élèves ont tenté de classer les personnages en "personnages blancs", "personnages noirs", "personnages gris" (référence poétique aux Âmes grises). Ce tri a permis de mettre en évidence les multiples facettes des personnages : en effet, aucun des personnages ne pouvait se trouver dans les colonnes "noir" ou "blanc". Ainsi se construisaient la notion complexe de personnages de roman (identité, portraits physique, psychologique, moral…) ainsi que celle de vision du monde qu’ils véhiculaient.
Comment un « roman nouveau » s’inscrit-il dans une tradition littéraire ancienne ?
Étape décisive dans cette séquence : l’étude du portrait de la vieille Fédorine. Dans un premier temps, après avoir relu ce portrait, les élèves devaient exprimer leur ressenti, à l’oral : À qui/À quoi vous fait penser cette vieille femme ?
Cette réflexion a été l'occasion de remobiliser les connaissances des élèves sur le genre littéraire du conte : Quels contes connaissez-vous ? Lequel vous a le plus touché ? Pourquoi ? Pensez-vous que les contes soient réservés aux enfants ? Pourquoi ?
Nous avons alors travaillé à l’oral l’intertextualité avec le conte des frères Grimm : "Blanche-Neige". Les élèves devaient retrouver dans le livre tout ce qui leur faisait penser à ce conte de Grimm (la pomme rouge donnée à Brodeck, Fédorine décrite comme une sorcière, la fin assez mystérieuse du roman, la présence d’animaux…). Ce travail de repérage exige une charge cognitive importante du lecteur puisque le roman est constitué d’analepses et de prolepses.
Dans un troisième temps, le portrait de la vieille Fédorine a été l’occasion d’aborder la culture de l’Antiquité. Un extrait de "L’Odyssée" d’Homère leur a été distribué. Les élèves ont découvert l’épisode de Pénélope qui tisse le jour et défait son travail la nuit pour repousser ses prétendants.