Une "mise en pad" pour (re)donner envie d'écrire
On le voit dans les travaux d'élèves déjà décrits que la lecture n'est pas qu'une activité de réception et l'écriture une activité de production, que les deux sont intimement liés bien sûr, qu'on a tout à gagner à travailler cette relation.
Ecrire sa lecture
On peut même dire que ces deux classes ont passé leur temps à « écrire leur lecture », en saisissant au clavier directement dans le pad :
- des remarques ponctuelles s'attachant au grain du texte de Jules Verne, soulignant par exemples des petites différences repérées par les élèves eux-mêmes entre les versions du texte de Jules Verne tel qu'on le trouve sur internet et dans l'édition papier de chez Nathan ou encore des coquilles dans cette même version papier.
- des annotations signalant des textes auxquels ont pensé les élèves au fil de leur lecture (Tristan et Iseult lors de l'arrivée de la Jeune Hardie et son pavillon noir en signe de deuil au chapitre I, l'Odyssée dans la figure de Marie/Pénélope attendant son (futur) époux au chapitre III …)
- des marques indiquant des arrêts de lecture en fin de séance pour la classe entière
- un champ lexical dont il faut identifier les termes ...
Le pad devient ainsi une sorte de journal de lecture, un cahier de texte dont il est possible de consulter tout l'historique, jour après jour, séance après séance.
Ecrire en lecture
« L'écriture peut se nourrir de la lecture et loin de constituer une activité où il s'agit de s'exprimer en attendant que les idées viennent (ou ne viennent pas), bien souvent, l'écriture vient en lisant. Non plus seulement écrire sa lecture mais écrire en lecture » (Ibid.) On pratiquera donc l'incrustation (« l'insertion » pour reprendre le lexique propre au traitement de texte), l'ajout d'une pièce à un ensemble. « On amène l'élève à lire le texte dans une posture de lecture-écriture-lecture et qui, autrement que l'écriture de type commentatif, lui permet de transformer sa lecture. » (Ibid.)
Explorer et relancer l'écriture … de cette exploration polaire.
Ce travail d'écriture et de réécriture est facilité bien sûr par les outils et aides en ligne très rapidement accessibles portant sur la langue et notamment le lexique. Un
dictionnaire de synonymie en ligne, tel que celui du
Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, le CNRTL, est systématiquement utilisé pour enrichir et réécrire les textes produits. (Cf. capture 7.)
Les deux classes ont également expérimenté le
répétoscope, qui s'est montré assez utile pour débusquer les répétitions et inviter à la réécriture.
La rédaction du dialogue entre la jeune Marie et un homme d'équipage pour lui expliquer pourquoi il n'y a pas de nuit polaire pendant notre été sera facilitée par le visionnage d'une vidéo, préalablement choisi par l'enseignant (doc. 8).
Une autre vidéo trouvée sur le web (doc.9) sert à enrichir les rédactions des passages dans les passes précédant l'arrivée au Groenland.
Ecrire systématiquement … à la manière de Jules Verne.
Je pense que les élèves ont gagné à écrire souvent, presque systématiquement, sur des sujets différents, seul ou en groupe, sur des textes à dominante narrative, descriptive, explicative et les insérer dans le pad afin que ces derniers « passent » pour avoir été écrits par Jules Verne. Les anachronismes sont vite débusqués, les tournures trop modernes tout comme les niveaux de langue trop peu soutenus également.
Le côté « brut de décoffrage » de la minuscule palette d'édition du pad (gras, italique, barrés, et soulignés seulement !) empêche toute diversion de l'élève qui ne perd plus de temps à choisir qui sa police, originale mais illisible, qui sa couleur de texte qui change sans raison à chaque paragraphe … pour concentrer son attention et son énergie sur la lisibilité et la signification de sa pièce ajoutée à l'oeuvre. Notons enfin que certains premiers jets ont été rédigés de façon manuscrite, « une question d'habitude », m'ont confié certains élèves.