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l'aventure d'un projet : "objectif, Goncourt des lycéens" - première partie, présentation du projet

mis à jour le 12/12/2018


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"Vous avez quinze romans à lire... et deux mois pour le faire !" Comment placer les élèves face à ce défi et les entraîner dans l'aventure hors norme que constitue le Goncourt des lycéens ? L'expérimentation qui nous est racontée ici montre comment toute une équipe pédagogique se mobilise pour aider les lycéens à s'engager dans cette entreprise. Premier acte : s’inscrire au prix Goncourt et lui donner sa place en classe…

mots clés : lecture, livre, littérature, action éducative, Goncourt des lycéens


Pourquoi le Goncourt ?

La découverte de l'univers du lycée
Je suis enseignante de français au lycée de Carquefou. J’ai en charge cette année la première L. Je travaille beaucoup avec ma collègue enseignante documentaliste, Claire Chignard, sur des actions autour de la lecture et aussi sur des projets numériques.
Le lycée de Carquefou a ouvert l’an dernier. En l’intégrant, nous avons découvert, toutes les deux, l’univers du lycée car nous venions du collège. Dans nos précédents établissements, nous avions expérimenté de nombreux dispositifs pour inciter les élèves à lire (réalisation de bandes annonces littéraires, lecture publique, émission radio, carnet de voyage littéraire, club culture …).

Et la lecture dans tout ça ?
En arrivant au lycée, nous avons constaté un fort désintérêt pour la lecture. Celle-ci était assimilée en grande majorité à une corvée. Il nous a donc semblé primordial de mettre en place ce qui avait fonctionné dans nos établissements respectifs. Une de nos premières actions a consisté à organiser un concours de bandes annonces littéraires sur des lectures cursives. Ce projet qui mêle à la fois la lecture et le numérique entrait complètement dans le cadre du projet de l’établissement qui vise à développer les usages pédagogiques du numérique. Le choix des lectures s’est porté sur de la littérature contemporaine car j’avais remarqué que les adolescents avaient du mal à sortir des sagas d’héroïc fantasy. Je voulais leur faire découvrir des auteures françaises qui sont des références aujourd’hui. Les romans que nous leur avons soumis proposaient des héros adolescents positifs, pour certains très solaires - Corniche Kennedy de Maylis de Kerangal, Un paquebot dans les arbres de Valentine Goby, Ce que je sais de Vera Candida de Véronique Ovaldé, Dans la nuit brune d’Agnès Desarthe - des héros susceptibles de leur plaire, de leur parler. Après avoir lu l’un de ces titres et leur avoir expliqué ce phénomène éditorial qui prend de l’ampleur avec les réseaux sociaux, les élèves ont réalisé leurs bandes annonces. Ils ont ensuite voté et les lauréats ont gagné des places de cinéma. Les bandes annonces plébiscitées ont été diffusées sur e-lyco et sur l’écran dans le hall du lycée. Aujourd’hui, au CDI, un QR-code apposé sur les romans en question, permet au futur lecteur de découvrir l’intrigue, via son smartphone, en regardant les bandes annonces réalisées à cette occasion.

Tenter l'aventure du Goncourt des lycéensphoto Goncourt 2
Dans la continuité de cette expérience plutôt réussie, nous avons décidé, au mois de juin, de nous lancer dans l’aventure du Goncourt des lycéens.
Le Goncourt nous permettait d’offrir des titres de qualité et de donner une légitimité à la lecture d’œuvres contemporaines qui souvent ont du mal à se faire une place dans nos salles de classe.
Le prix Goncourt, c’est aussi un beau challenge, un défi - et je dois l’avouer que c’est quelque chose qui me plait. J’avais envie de partager un moment fort, exaltant avec mes élèves, de me lancer dans une aventure avec eux, de quitter mon rôle de professeur prescripteur pour celui de compagnon de lecture. En effet, ce prix est le leur. C’est leur avis qui compte. L’adulte accompagne, crée un cadre propice à la lecture, rassure, guide, aiguille quand l’essoufflement guette, mais ne souffle jamais à l’oreille pour donner sa préférence. Cette posture de partage, d’écoute, d’accueil est la force de ce prix.

On inscrit quelle classe ?

Nous avons décidé d’inscrire la classe de première L, même s’il y avait l’examen à préparer, même s’il y avait le stress du temps à gérer. Nous avons pensé que ce serait une force pour l’oral et pour l’écrit. Leur culture littéraire s’en trouverait fortifiée. Nous avions aussi fait un sondage auprès des futurs élèves de première L et plusieurs n’aimaient pas lire ou ne lisaient pas beaucoup, un comble ! Nous avons alors parié que cette expérience intense ne leur laisserait pas le choix.
Le prix Goncourt était aussi l’occasion de créer une ambiance de classe autour des livres, de créer une identité autour de la littérature, de faire en sorte que les livres soient un relais entre tous les élèves. Sa place était donc toute trouvée en première L ; classe que l’on inaugurait puisque le lycée n’accueillait jusqu’alors que des secondes. Le Goncourt permettait ainsi de créer dès la naissance du lycée (à orientation plutôt scientifique) une forte identité littéraire et de redonner des lettres de noblesse à une filière L encore malheureusement trop souvent caricaturée.
Fortes de cette conviction, nous avons rédigé notre lettre de motivation. J’y ai ajouté un poème, une sorte d’ode à la lecture. Et nous avons été retenues ! Ce fut une belle surprise et le stress a commencé à monter.

Maintenant qu’on l’a, comment on s’organise ?

Nous avons gardé le silence jusqu’à la rentrée. Nous voulions faire une surprise aux élèves, faire une annonce solennelle.

Aménager un espace accueillantphoto Goncourt 1
Dans le secret, au CDI, nous avons aménagé un espace de lecture rien que pour eux. Nous l’avons décoré pour le rendre agréable, pour leur donner envie de s’y poser, d’y prendre un livre. Un tableau blanc leur permettrait de voir l’avancée de leurs lectures et de partager leurs premières impressions. Ils pourraient y discuter, y débattre librement.

L’annoncer aux élèves
Le jour de l’annonce aux élèves est arrivé. Nous les avons réunis. Sans en dire plus, toujours en maintenant le suspense, nous leur avons diffusé une vidéo qui montre l’annonce du prix Goncourt des lycéens à Gaël Faye pour son roman Petit Pays. Nous avions choisi ce film car on y voit un auteur jeune, pris dans l’émotion. Ils ont tout de suite compris. Ils ont accueilli cette nouvelle avec enthousiasme, avec des rires mais aussi avec une pointe d’angoisse quand nous leur avons annoncé qu’il fallait lire 15 romans en 2 mois.
Nous leur avons montré l’espace de lecture. Ils ont été conquis, n’en revenaient pas d’autant d’attention. Ce moment était important pour les embarquer dans l’aventure. Nous l‘avions réussi ! La première étape était gagnée. Il fallait que cet enthousiasme perdure. Il a donc fallu tout planifier pour éviter les temps morts, les découragements.

Intégrer les collègues au projet
C’est là que l’équipe pédagogique a joué un rôle important. Les collègues ont accueilli favorablement ce projet et ont accepté de prendre du temps sur leur cours pour offrir un quart d’heure de lecture aux élèves tous les jours. Les livres du Goncourt sont ainsi sortis du cours de français et ont contaminé les cours d’anglais, d’histoire-géographie, d’EPS ! Les collègues ont lu quelques romans de la sélection et se sont ainsi aperçus du vrai défi auquel étaient confrontés les élèves. Ils ont reçu des conseils de lecture et ont été impressionnés par la justesse de leurs propos, par leur engagement. Nous n’étions pas seules pour les accompagner, nous étions une équipe !
La réussite du Goncourt dans cette classe tient à cet effort des collègues, à cette envie de partager une part de l’aventure.

Intégrer les familles
Après l’annonce aux élèves, nous avons voulu rencontrer leurs familles. C’est autour d’un verre de l’amitié au CDI, un soir, que nous leur avons dit combien leur rôle était important dans cette aventure. Qu’ils auraient sûrement à redonner confiance parfois courage à leurs enfants, qu’ils ne devaient pas hésiter à les solliciter tout en se gardant de les influencer.
Alors, quel bonheur d’entendre une élève nous dire, quelque temps plus tard, qu’elle avait débattu avec sa maman pendant une heure au sujet du roman d’Inès Bayard Le malheur du bas !
Les parents nous ont soutenues, nous ont remerciées.
La belle aventure pouvait commencer et elle s’annonçait intense, mais sereine.
C’est parti …

A suivre... Deuxième étape : comment faire vivre le Goncourt dans la classe ?

 
auteur(s) :

Christelle Guillot, Lycée de Carquefou

information(s) pédagogique(s)

niveau : Lycée tous niveaux

type pédagogique : démarche pédagogique

public visé : non précisé, enseignant

contexte d'usage : classe

référence aux programmes :

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