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projet E.C.R.I.T : dispositif pour améliorer les pratiques d'écriture

mis à jour le 27/09/2014


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Comment améliorer les écrits des élèves ? Comment améliorer ses pratiques professionnelles dans ce domaine ?  L'expérimentation d'un dispositif en atelier mène les enseignantes a expliquer leur démarche : les premiers constats, la documentation, la mise en place des ateliers.

mots clés : différencier, différenciation, écrire, autonomie


Origine du projet

Un constat de départ
Nous sommes parties de l'observation des élèves qui ne prenaient pas plaisir à écrire ; l'expression écrite était vécue comme une contrainte et un "contrôle". De notre côté, nous avions du mal à les accompagner dans leurs travaux d'écriture et à les faire progresser.

Comment font les autres ?
Nous avons donc effectué des recherches qui nous ont menées de l'autre côté de l'Atlantique, chez les professeurs des écoles qui pratiquent déjà un travail en ateliers. Séduites par ces pratiques innovantes, il fallait cependant les adapter au collège.
Document : bibliographie/sitographie "pratiques d'écriture"

Projet

Il a fallu poser les principes du dispositif. Voici ce que nous avons gardé de nos lectures et adapté.

Trois étapes d'écriture
L'écriture (un premier jet guidé), l'édition (écrits intermédiaires avec nouvelles consignes) et la correction (rectification des problèmes orthographiques et morphosyntaxiques)

Un entretien individuel
Obligatoire pour chaque élève à n'importe quelle étape d'écriture. Le professeur rencontre au moins une fois de manière individuelle chaque élève pour faire le bilan de son écrit et pour l'aider à choisir un ou plusieurs points sur lesquels se concentrer. Le professeur et l'élève remplissent une fiche bilan de cette rencontre.

Cinq traits d'écriture

Nous avons identifié cinq composantes d'écriture, d'où le titre de notre atelier :

E : Entrer dans l'écriture : travailler la structure globale de son texte.
C : Corriger son texte : les conventions d'écriture (grammaire/orthographe avec le classeur de langue ; compétence E2 en particulier)
R : Rédiger son texte : le choix des mots, le vocabulaire nécessaire à l'écriture du texte (fiches de lexique The Big Word)
I : Inventer son texte : écrire à partir de consignes précises, trouver les idées (aide à répondre à la consigne d'écriture de base)
T : Types de textes travaillés : lier l'écriture à la lecture faite en classe (synthèse de la séquence par rapport à la problématique)

Ces cinq composantes constitueront autant d'étapes dans la démarche d'écriture des élèves.

Exemples de fiches


Atelier E.C.R.I.T


Entretien individuel
 

Organisation

 
Un travail d'écriture filé au long de la séquence
Le travail d'écriture est désormais davantage lié au travail de lecture. Il s'agit de fait d'un travail filé tout au long de la séquence. Les élèves reçoivent leurs objectifs d'écriture à atteindre dès la première séance de la séquence. On leur demande de réinvestir les stratégies étudiées lors des séances de lecture ou d'inventer leur propre solution pour répondre à la consigne d'écriture. Lecture et écriture sont dès lors indissociables.

Plusieurs temps de travail de durée variable
L'atelier se déroule sur plusieurs séances tout au long de la séquence, parfois sur une heure complète, parfois sur un temps plus court et en autonomie. L'idée est que les élèves soient toujours en activité. Les plus rapides peuvent donc poursuivre leur écriture dès qu'ils ont terminé le travail en cours.

Une écriture longue rythmée par de nouvelles consignes
Le travail d'écriture réalisé en classe est forcément une écriture longue. Afin d'éviter l'ennui et la stagnation et surtout pour permettre à l'élève de réellement progresser et de prendre plaisir à l'écriture, nous leur proposons toujours une deuxième consigne qui demande une modification profonde de leur texte initial. Nous nous sommes inspirées des travaux de D. Bucheton dans ce domaine. On a tous vécu ce sentiment d'impuissance face à un élève qui bloque et qu'on ne peut vraiment aider sans lui donner des solutions toutes faites. Une réponse possible à cet échec réside dans l'accompagnement de l'écrit avec un guidage précis mais qui ne demande pas une solution unique. Chaque élève pourra alors interpréter lui-même la consigne comme il le souhaite. Les nouvelles consignes que nous donnons après le premier jet peuvent être générales à la classe ou personnalisées en fonction des besoins.
Une disposition en îlots
Cette organisation est facilitée par la disposition de la classe en îlots. De ce fait, il n'est pas rare de voir lors d'une séance un îlot constitué d'élèves qui ont besoin de l'aide du professeur, un îlot avec le classeur de langue et un autre qui poursuit son activité d'écriture.

Un dossier pour un travail en autonomie
Enfin, les élèves reçoivent pour chaque atelier un petit dossier avec des exercices d'entraînement concernant les cinq traits d'écriture. Tout cela est fait en autonomie : ils choisissent l'ordre dans lequel ils les effectuent, en fonction des besoins et de l'envie. La seule contrainte se situe pour le T. (types de textes travaillés) puisqu'il s'agit d'une synthèse de la séquence tant du point de vue de la lecture que de l'écriture et qui clôt donc la séquence.

"Sur la route" : exemple d'atelier E.C.R.I.T centré sur un poème de Desnos
Afin d'être plus claires, voici un exemple réalisé dans une classe de 5ème. Nous avions étudié le thème du voyage en poésie. L'atelier E.C.R.I.T était centré sur le poème de Desnos, "Sur la route", coupé en deux dans la diagonale : les élèves avaient donc l'intégralité du premier vers, mais seulement le premier mot du dernier vers. Ils devaient compléter le poème en respectant les règles de versification vues en classe. Le premier jet a été douloureux, les élèves passant leur temps à compter sur les doigts et à chercher des rimes plus ou moins heureuses. Une fois ce travail effectué, nous leur avons demandé de réécrire leur poème en imaginant que le vin et la vigne (présents dans le poème) étaient la métaphore filée du voyage. Les poèmes qui étaient à l'origine pauvres et sans grand intérêt (mais qui répondaient cependant à la consigne de base) sont devenus véritablement intéressants. Les élèves ont complètement retravaillé leur brouillon et l'ont réellement amélioré, en y prenant plaisir.
 

Objectifs

 
Différenciation et travail en îlot
Étude de la langue (orthographe, grammaire et vocabulaire) ainsi qu'écrit sont différenciés. Chaque élève avance à son rythme et les critères d'évaluation sont personnalisés.

Travailler l'écrit par compétences.
L'écriture est conçue comme une évaluation de compétences et non plus comme un contrôle d'acquisition. Les productions finies ne sont pas notées de manière chiffrée. Nous évaluons les compétences acquises ou non. Comme le travail est progressif et les entretiens avec le professeur réguliers, l'élève sait s'il a "réussi" ou non. Nous insistons avec lui sur les points qui n'ont pas été acquis mais surtout sur ceux qui l'ont été. Ainsi, il y a toujours un point à améliorer.

Dédramatiser l'écriture
Les élèves perçoivent ainsi que la rédaction parfaite n'existe pas et que ce n'est pas ce que nous attendons d'eux. L'exercice s'en trouve dédramatisé et devient un entraînement et non plus un "devoir".
Le plaisir d'écrire
Une fois que les élèves comprennent qu'ils ne peuvent plus se tromper sur une rédaction (le hors-sujet étant bien évidement retravaillé grâce à de nouvelles consignes personnalisées), ils y prennent goût. Tous nos élèves sont bien plus motivés par ces ateliers que par des rédactions en temps limité. Les résultats s'en ressentent également.

Un regard réflexif et critique sur son écrit

L'élève doit savoir se remettre en question, barrer ce qui lui plaît mais qui ne correspond pas au sujet, etc. C'est une des compétences du socle commun. Il doit savoir s'auto-évaluer.

Lier davantage lecture et écriture
L'élève est amené à réinvestir ses acquis de lecture. Le sujet d'écriture proposé est toujours rattaché à la problématique de la séquence. Il doit permettre d'utiliser une des réponses vues en classe ou d'en inventer une autre. Tout cela sera institutionnalisé au moment de la synthèse.
 

Bilan

 
Points positifs

La motivation des élèves
Les élèves manifestent du plaisir dans ces ateliers. Ils les réclament, ils avancent par eux-mêmes leur travail, ils en discutent entre eux et se posent des questions intéressantes.

Les progrès effectués
Les progrès dans les écrits des élèves sont impressionnants. Chaque devoir est intéressant, riche et pertinent. Bien sûr, certaines sortent toujours du lot, mais les écrits ont été tirés vers le haut, grâce notamment au travail en îlot.

L'individualisation
Les élèves travaillent en autonomie et de manière personnalisée. Ils peuvent se retrouver à plusieurs sur un aspect et en discuter entre eux, mais chacun aura son objectif propre en fonction de ses besoins, grâce notamment aux entretiens individuels. En fin de projet, une lecture d'un florilège des travaux permet d'observer les différentes stratégies adoptées.

Travail et amélioration des écrits

Les élèves sont très fréquemment en situation d'écriture. Ils s'entraînent sur les différentes composantes de l'écriture (imagination, lexique, grammaire). Le "brouillon" est retravaillé plusieurs fois, avec de nouvelles consignes (personnelles ou collectives) lors des écrits intermédiaires.
Points à améliorer

Le temps et l'organisation en classe

Bien évidemment un tel dispositif prend du temps en classe Il est parfois difficile d'aller jusqu'au bout de la consigne, ce qui est assez frustrant pour l'élève comme pour le professeur.

Le support physique
Nous cherchons à améliorer notre petit dossier afin d'y intégrer une zone d'écriture pour le brouillon. Nous avions pensé à relier les pages et à leur faire écrire chaque jet sur le verso vierge. Mais il est peu pratique de retravailler un texte quand il faut sans cesse tourner les pages...
Pour l'instant, les élèves sont assez libres : certains utilisent des feuilles de brouillons et numérotent les jets en les écrivant à la suite, d'autres utilisent les verso des feuilles du dossier.

L'entraînement en temps limité
En 3ème, nous devons prendre en compte les exigences du brevet.
Certes nos élèves ont beaucoup progressé à l'écrit, mais on leur demande en fin d'année d'être performants en une heure trente. Bien sûr, ils ont des brevets blancs pour se confronter à cette épreuve.
Jusqu'à présent, nous n'avons pas repéré de faille sur ce point : les élèves progressent également en temps limité (si ce n'est une part plus grande de hors-sujet). Cependant, il faut reconnaître que cela constitue un défaut dans notre dispositif.
 
auteur(s) :

Pauline Boisselier, collège d'Ambrières-les-Vallées, 53
Stéphanie Dubarry, collège d'Ambrières-les-Vallées, 53

information(s) pédagogique(s)

niveau : Collèges tous niveaux

type pédagogique : démarche pédagogique

public visé : enseignant

contexte d'usage : travail autonome

référence aux programmes :

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