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De la Phénicie à la Grèce : Epopée de l'alphabet

mis à jour le 07/05/2023


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Débuter l'apprentissage du grec ancien avec des élèves de 3ème : un défi passionnant !  S'approprier l'alphabet à travers les premières lectures mais aussi  fixer des références historiques et géographiques indispensables pour se repérer et évoluer plus facilement le reste de l’année dans l’Antiquité. Voici autant de compétences déployées dans cette séquence. 


 

mots clés : LCA, grec, débutant, lecture, alphabet, repères géographiques et historiques


 * Pourquoi cette séquence ?

J’ai réfléchi à cette séquence pour donner du sens à l’apprentissage de l’alphabet grec. À la fois indispensable pour commencer l’acquisition de cette nouvelle langue et cette nouvelle culture, l’apprentissage peut s’avérer un peu aride dans un premier temps et un peu déconnecté des enjeux culturels et civilisationnels du programme. En incluant l’alphabet grec dans l’histoire de l’alphabet et dans un contexte historico-géographique, j’ai pu mettre au centre, de façon dynamique et logique, le déploiement de cette compétence première. Une fois ce souffle donné, il est plus aisé de continuer sur la lancée historique en proposant en séquence deux un traitement de la Crète et de la civilisation minoenne.

Deux constats de départ :

Tout d’abord, j’ai remarqué que les élèves avaient beaucoup de mal à se repérer dans le temps et dans l’espace. Commencer l’année de grec par des repères chronologiques et géographiques est quasiment incontournable. De plus, le reste de l’année, ils s’y réfèrent d’eux-mêmes. Leur donner ces outils d’entrée de jeu me semble très important.

En changeant d’alphabet, les élèves se posent des questions plus larges que celle qui concernent simplement leur langue : proposer une petite histoire des alphabets et faire référence à d’autres formes d’écriture permet de combler un peu cette curiosité. Cela permet de nourrir le recul sur leur propre culture et ainsi leur esprit critique.

 La ligne directrice du projet : découvrir les fondamentaux de la culture grecque antique.

Démarche collective : que ce soit cette séquence ou même le grec ancien dans sa globalité, ces cours ont pour but de donner une culture générale solide et dynamique aux élèves ainsi que de leur apprendre à cultiver leur esprit critique.

Besoins identifiés des élèves : nécessité d’apprendre l’alphabet d’une langue qu’ils veulent découvrir sur un an (au collège) ou sur quatre avec une poursuite de l’étude au lycée. Il s’agit de donner aux élèves une ouverture culturelle et des repères civilisationnels antiques en faisant des ponts avec notre culture et notre langue contemporaines. Cette séquence permet aussi aux élèves de commencer l’année en apprenant par petites touches à travailler en autonomie et à leur rythme.

* Quelle a été la démarche mise en œuvre ?

La démarche globale de la séquence est de toujours partir de l’élève : seul ou en binôme il appréhende les documents et les activités, il se pose des questions, cherche des réponses. Il est au cœur de l’apprentissage et est sollicité de telle manière qu’il se l’approprie.

Pour faciliter les points de repère de l’élève dans l’évolution des séquences, j’ai fait le choix de proposer un logo qui se situe en haut à droite de la feuille de séance. Il permet d’identifier visuellement la continuité dans les séances. Le changement de logo, a contrario, permet, lui, de comprendre, en le visualisant, que la séquence est nouvelle. En l’occurrence, j’ai choisi la représentation de la chouette d’Athéna sur la pièce de monnaie, symbole d’Athènes et par extension, voire métonymie, de la Grèce antique.

Dans la séance 1, il m’a semblé important de faire prendre conscience de la notion d’« histoire des mentalités et de montrer aux élèves que les catégories mentales du monde contemporain, dans lesquelles nous sommes plongés, ne sont pas celles des humains de l’Antiquité. Se mettre dans la tête d’un autre  (cf : Florence Dupont, L’Antiquité, territoire des écarts) n’est pas aisé mais est une expérience intéressante. De plus, la lecture de carte pour comprendre l’organisation politico-sociale des Grecs m’a semblé pertinente.

 Dans la séance 2 : la dimension historique de l’alphabet par la lecture de textes, images et cartes permet de déployer des compétences de lecture de documents chez les élèves. Cela peut faire écho à des compétences qu’ils développent plus avant dans les cours d’histoire-géographie. Il est important de montrer concrètement aux élèves que les cours de LCA (Latin ou Grec) sont des carrefours pédagogiques et font des liens entre des disciplines variées telles que le français, l’histoire-géographie, l’éducation aux médias et à l’information, SVT… Le fait de présenter plusieurs langues dans plusieurs alphabets différents est une activité qui est à la fois ludique et permet de se poser des questions de manière plus large sur les types d’écritures pratiquées dans l’humanité.

Dans la séance 3 : démarche plus classique. Recopiage de l’alphabet puis différents exercices pour se familiariser avec cette nouvelle écriture. Les exercices croissent en difficultés : lecture de mots puis repérage de mots dans un texte. Dès le début, l’objectif est d’habituer les élèves à fréquenter des textes grecs.

Dans la séance 4 : Donner quelques repères sur les signes diacritiques tels que les accents et les esprits, plus pour familiariser les élèves à les voir et les identifier que réellement entrer dans les règles d’accentuation grecques. Ces règles étant complexes, leur apprentissage en profondeur n’est pas du niveau d’un élève de troisième et nécessiterait un apport de cours qui viendrait alourdir les apprentissages sans un bénéfice concret dans un premier temps, à mon sens.

Au niveau de l’évaluation : j’ai pris la décision d’évaluer de façon conséquente les élèves en comparaison de la taille de la séquence (assez petite). Les compétences développées étant la pierre de fondation qui conditionne les apprentissages du reste de l’année, ces évaluations m’ont paru incontournables.

Deux évaluations se font à l’écrit : l’une portant uniquement sur l’alphabet, et l’autre sur les points de civilisation étudiés en cours. La dernière évaluation qui vient dans le prolongement de la séance 4 est une évaluation à l’oral : l’élève, pendant le cours de préférence, s’enregistre en train de lire un extrait de texte grec.

* Bilan réflexif de la séquence :

Analyses et remarques : La mise en œuvre de la séquence est assez aisée. Les élèves entrent facilement dedans et s’approprient assez rapidement les contenus.

Idées de prolongement ou d’activités complémentaires : demander de faire des recherches à la maison sur le Liban pour bien montrer le lien historique entre la Phénicie et le Liban. Cela permettrait aussi de donner une dimension géo-politique plus prononcée à cette partie de séquence. Possibilité aussi de faire des liens avec des langues imaginaires (Tolkien, Rowling) : en montrant que l’alphabet permet de créer toute une culture ; le percevoir comme un outil créatif. Il pourrait être intéressant de faire un lien avec la culture biblique et le mythe de Babel sur l’origine des langues.

Tâtonnements, difficultés, limites : deux difficultés sont apparues dans la mise en œuvre effective de cette séquence en classe.

La première réside dans le fait que le groupe classe, bien que réduit et souvent composé d’élèves très motivés, présente une hétérogénéité de niveaux dans l’apprentissage. Ainsi, certains assimilent très vite l’alphabet et réalisent très vite les exercices. Je n’ai pas hésité à leur faire faire très vite l’évaluation orale de la fin de la séance 4 alors même que nous n’étions qu’en séance 3. Pour d’autres qui avaient des difficultés, je leur ai demandé de surtout se focaliser sur l’alphabet minuscule. J’étais davantage en soutien de ces élèves pendant le cours : ce sont eux que j’interrogeais en premier lieu en début d’heure pour qu’ils récitent l’alphabet grec.

La deuxième limite de ce cours est que je veux leur donner des notions sur les esprits et les accents sans rentrer trop dans les détails. Or les élèves ont beaucoup de questions sur la manière dont cela fonctionne. Trouver la bonne limite entre leur donner matière à satisfaire leur curiosité sans sombrer dans l’explication technique qui risquerait de brouiller la clarté du cours est parfois fragile. Pour ma part, j’ai trouvé cela assez difficile et ai fait le choix de clairement dire aux élèves qu’il n’était pas nécessaire en première année de grec de passer trop de temps sur ces notions.

 * Quelles sont les plus-values pour les élèves / pour l’enseignant ?

 Les élèves travaillent globalement à leur rythme : certains, par exemple, s’y reprennent à plusieurs fois dans leur enregistrement, d’autres ne font qu’une prise car ils se préparent en amont. À la fin de la séquence, ils savent lire, même si c’est évidemment fragile, le grec ancien. L’exercice de lecture restera néanmoins un exercice récurrent au cours de l’année pour que les élèves sollicitent la compétence et ne la perdent pas en cours d’année. Ils ont à leur connaissance des repères historiques et géographiques. Ils ont pris connaissance de textes grecs. Ils sont de plain-pied dans le programme de troisième en grec.

En ce qui concerne le professeur, le rythme des apprentissages est progressif ainsi que les évaluations : il n’est ainsi pas submergé de questions ou d’interventions de élèves. La semi-autonomie de la séquence permet à la fois de laisser les élèves découvrir des connaissances nouvelles, et en même temps de contrôler leur compréhension et leur acquisition des notions étudiées.

 
Image : Aryballe protocorinthien en forme de chouette, auteur inconnu, Le Louvre, Photo Libre de droits, Domaine public, licence CC0

 
auteur(s) :

Elise Bois, Collège Blanche de Castille

information(s) pédagogique(s)

niveau : 3ème

type pédagogique : démarche pédagogique

public visé : enseignant

contexte d'usage : classe, travail autonome

référence aux programmes :

Le monde méditerranéen : échanges et influences

Compétences :

·       Disposer des repères nécessaires pour se construire une représentation de l’étendue historique et de l’ampleur culturelle des civilisations antiques.

·       Déchiffrer et lire un texte grec.

·       Disposer de connaissances sur des faits de civilisations antiques.

·       Comprendre les grandes catégories qui structurent la langue étudiée

 

·       Comprendre et traduire du vocabulaire grec

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