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lecture intégrale : Un aller simple - Didier Van Cauwelaert

mis à jour le 23/02/2007


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Pistes pour la lecture de l'œuvre intégrale, par Michel Clenet

mots clés : émigration, amitié


Proposition pour la lecture de l'œuvre intégrale par michel Clenet
Plan d'étude :

1ère séance :
" les horizons d'attente".
Cette séance peut se situer la semaine qui précède des vacances ; ces
dernières devant permettre la lecture individuelle de l'œuvre en dehors de la
classe

2ème séance : questionnaire de lecture

3ème séance : correction du questionnaire

4ème   séance : l'effet autobiographique

5ème séance : l'interprétation de l'œuvre

6ème séance : lecture méthodique, p.
99 et 100




Première séance (2 heures) Les horizons d'attente

Objectifs :

motiver la lecture apprendre à interpréter quelques signes qui aident à choisir un livre.

Notions :

paratexte connotation

Supports :

1ère et 4ème de couverturebiblio - biographie de l'auteurdébut et fin du roman

Déroulement :

lecture méthodique de la 1ère de couverture : description et interprétation, texte et illustration, connotations, horizons d'attente créés par cette 1ère de c.lecture méthodique de la 4ème de couverture : photo de l'auteur, résumé du roman, jugements critiques, relevé d'informations qui permettent de préciser les horizons d'attente : le thème, le héros, le tonconfrontation de la 1ère et de la 4ème de couverture.Lecture des premières ( 5 à 8 ligne 3) et des dernières (117 à 120) pages. Comparer : le narrateur, le lieu, le milieu, l'occupation, les temps du récit. Imaginer ce qui s'est passé entre ces deux moments.
 

Deuxième séance (2 heures) Questionnaire de lecture

Objectifs :

contrôler que la lecture a été faite vérifier que l'œuvre a été comprise dans ses grandes lignes obliger les élèves a parcourir l'ensemble du livre, à se l'approprier mettre en évidence certains aspects de la fiction et de la narration permettre aux élèves d'exprimer leurs opinions à propos du livre et de les échanger

Support : questionnaire

1 - Qui est le narrateur de ce récit ? Qui en est l'auteur ? Justifiez votre réponse dans les deux cas.

2 - A partir de la page 22, quel événement va venir bouleverser la vie du personnage ? Où décide-t-on de l'envoyer ? Pourquoi ? Quel nouveau personnage apparaît à ce moment dans le roman ? Retrouvez les cinq étapes du schéma narratif qui constituent la trame de ce roman.

3 - Qu' est-ce qu'Irghiz ? Expliquez en quelques lignes.

4 - A partir de la page 61, quel nouveau personnage entre en scène dans ce chapitre ? Quelle va être sa fonction ?

5 - A partir de la page 83 jusqu'à la page 100, sous quelle forme sont rédigées ces pages ? Quelles sont les caractéristiques de ce genre d'écrit (émetteur, temps utilisé, dates ...) . Tout au long de ces pages, comment évolue le récit, du point de vue de l'écriture (pourquoi ?), du point de vue du sujet ?

6 - A partir de la page 101, qui raconte ? Quel événement marque le début du chapitre ? Quel événement en marque la fin ?

7 - A partir de la page 113, où se situe l'action de ce dernier chapitre ? Que fait le personnage narrateur ? A qui s'adresse-t-il dans les deux derniers paragraphes ?

8 - Vos appréciations sur ce roman :

Vous avez aimé, pourquoi ? développez au moins deux raisons Vous n'avez pas aimé, pourquoi ? Quelle(s) question(s) vous posez-vous à propos de ce roman ?

9 - En faisant des références précises à certains passages du roman, justifiez l'appréciation de Jacqueline Piatier dans Le Monde " Un chef-d'œuvre d'ironie, mêlant constamment le rire et les larmes "

 

Troisième séance (une heure ou deux) réponses au questionnaire

Objectifs :

installer pour tous les éléments de la fiction (préciser voire corriger certaines lectures) dégager deux projets de lecture : l'effet autobiographique et la recherche de sens échanger des impressions de lecteurs sur l'œuvre.

Notions :

narrateur / auteur schéma narratif ou trame du récit ton : ironie, le rire (humour), les larmes (tragédie)

Eléments de réponses

1 - narrateur : Aziz Kemal, auteur : Didier Van Cauwelaert

2 - Le gouvernement français décide de renvoyer Aziz, considéré comme immigré clandestin, dans son pays d'origine, pour le réinsérer dans ses racines. Il le fait accompagner par un " attaché humanitaire " : Jean-Pierre Schneider.

Situation initiale : Aziz vit à Marseille, au milieu des tziganes qui l'ont élevés

Evénement perturbateur : Aziz est arrêté, désigné pour être  l'immigré clandestin qu'on raccompagne dans son pays

Péripéties : Aziz part au Maroc, accompagné par J-P Schneider. Ils partent vers Irghiz, lieu d'origine mythique, guidés par Valérie. J-P meurt. Aziz rapatrie le corps, il le ramène chez ses parents en Lorraine, mais le corps disparaît. Aziz invente une histoire d'enlèvement.

Elément équilibrant : Aziz s'installe chez les parents de J-P

Situation finale : Aziz écrit le livre que J-P avait commencé pendant le voyage. Il prend la place de Jean-Pierre.

3 - Irghiz est un nom de lieu inventé par " Place Vendôme " qui avait fait de faux papiers pour Aziz et indiqué ainsi son lieu de naissance. Aziz invente la légende d'Irghiz, pays des hommes gris du Haut Atlas vers lequel il prétend conduire Jean-Pierre.

4 - A partir de la p. 61, Valérie entre en scène, elle va servir de guide à Aziz et Jean-Pierre, elle sera aussi l'amante de l'un et de l'autre.

5 - p. 83 à 100 : ces pages sont celles du carnet de Jean-Pierre, journal de voyage (voyage présent et voyage vers le passé). Utilisation du présent puis de l'imparfait et du passé composé. Le style est souvent télégraphique, la structure schématique. L'état de Jean-Pierre se dégrade, il délire, confond le présent et le passé, l'Atlas et la Lorraine, Irghiz et Uckange, Valérie et Agnès.

6 - P101 : Aziz reprend la plume. Le début du chapitre est marqué par la mort de Jean-Pierre. A la fin du chapitre, Aziz quitte Valérie à l'aéroport de Marrakech et s'embarque avec le cercueil de Jean-Pierre pour Paris.

7 - p. 113 : l'action se déroule à Uckange. Le personnage narrateur s'est installé chez les parents de Jean-Pierre, il rédige le livre que celui-ci avait commencé pendant le voyage. Dans les deux derniers paragraphes, il s'adresse à Jean-Pierre.

9 - Les marques d'humour sont présentes tout au long du roman ( l'origine du prénom d'Aziz, " Dans nos coutumes, c'est le gâteux qui a la sagesse " p. 6, la réception de la commission p. 14 et 15 etc.)

Les passages les plus émouvants du roman correspondent à la mort de Jean-Pierre et surtout aux dernières pages de son carnet.

 

Quatrième séance (une heure ou deux) l'effet autobiographique

Objectifs :

définir le genre autobiographique sous différentes formes, les caractéristiques d'écriture dégager les enjeux possibles d'un récit autobiographique.

Notions :

récit autobiographique (caractéristiques et enjeux) (voir Philippe Lejeune Le pacte autobiographique, Le Seuil 1975) ordre et rythme de la narration le journal intime

Quelques pistes :

évocation de l'enfance, des origines, problème de l'identité complicité avec le lecteur (ton, humour, langage familier ...) la mise en scène du narrateur écrivant : son goût pour la lecture, son goût des histoires, des légendes, la rencontre avec Jean-Pierre lui-même attiré par l'écriture : un premier roman, le journal l'ordre de la narration suit l'ordre de la fiction (passé -> présent) le choix des événements : la ligne de vie, cohérence dans les hasards, le destin ? (un aller simple) " Ma première vie s'est arrêtée ... "p. 20 , rythme de la narration : 15 pages pour évoquer 18 années, 100 pages pour quelques mois pourquoi le choix de l'autobiographie fictive plutôt qu'un récit à la 3ème personne ?

caractéristiques du récit autobiographique :

C'est un récit à la première personne dans lequel il y a identité entre l'auteur, le narrateur et le personnage principal Ce récit raconte la vie de l'auteur-narrateur-personnage principal Ce récit est postérieur aux événements qu'il relate

Enjeu du récit autobiographique :

il permet à l'auteur de faire le point sur son passé il permet à l'auteur de mieux se connaître il permet de justifier certains comportements à certains moments de sa vie il permet de faire revivre le passé, des moments heureux de l'enfance il permet de témoigner d'une époque, du rôle d'acteur ou de témoin joué par l'auteur dans des événements historiques

Le journal intime présente les deux premières caractéristiques du récit autobiographique, mais le récit est contemporain des événements qu'il relate et il fait comme s'il n'avait pas d'autre destinataire que son auteur, ce qui explique le style plus libre utilisé.

 

 

Cinquième séance ( deux heures) : L'interprétation du roman

Objectifs :

amener les élèves à s'interroger sur les significations possibles du romanles aider à interpréter des signes ( construction, parallélismes ...)

Supports

les observations spontanées des élèvesle roman pris dans sa globalité du point de vue des ressemblances Aziz / Jean-Pierre

Notions :

récit enchâsséparallélismeeffet de réelschéma actantiel

Quelques pistes :

le personnage d'Aziz, l'absence d'identité (origine de son prénom, de son nom, de sa nationalité), milieu d'adoption (tziganes, des exclus, des marginaux) qui en même temps le rejette (gadjo). Son lieu : les légendes de l'Atlas de monsieur Giraudy un roman sous le signes de la dualité : vrai / faux, réel et légende (effets de réel : le choix de l'autobiographie, le langage, les lieux, la référence à des faits d'actualité sociale : manif, situation des banlieues, mesures à l'égard des immigrés clandestins, fermeture des fonderies et reclassements sociaux, tour operator au Maroc, prise d'otages ... légendes, mensonges : nationalité d'Aziz, Irghiz, l'enlèvement de Jean-Pierre ...)deux récits autobiographiques enchâssés qui vont se confondre dans un seul et même livre, deux personnages en rupture avec leur milieu d'origine et en quête d'identité, deux amateurs d'histoires à lire et à écrire, deux ruptures amoureuses, un voyage initiatique commun avec la même femmede la ressemblance à la confusion, de la confusion à la substitution :

"  On nous avait choisis au hasard, l'un pour l'autre, et pourtant on se ressemblait " (p. 45)

"  On était vraiment pareils, tous les deux, et dans la même situation " (p. 46)

"  - Je suis comme vous, Aziz, dans une certaine mesure " (p. 47)

p. 48 Aziz déchire la photo de Lila, Jean-Pierre déchire celle de Clémentine

"  C'était devenu mon copain " ( p. 51) (Aziz parlant de Jean-Pierre)

"  J'ai abandonné mon sol, moi aussi. J'ai renié mon milieu, mes origines. Et depuis tout va mal " (p.56)

"  Il se mettrait à ma place, il dirait " je " en parlant de moi, pourrait exprimer dans mon itinéraire tout ce qu'il avait sur le cœur, en transposant, ... il me donnerait cinquante pour cent des droits d'auteur, comme il s'inspirait de mon histoire ... " ( p. 57)

"  C'est moi, m'a-t-il expliqué. Enfin : vous, dans le roman. " (p. 59)

"  J'avais envie de " transposer ", moi aussi, de me refaire une enfance à partir de la sienne, maintenant que mon passé n'existait plus " ( p. 62)  

à la fin du roman, Aziz s'est substitué à Jean-Pierre : il vit chez ses parents, il dort dans sa chambre, il a son rond de serviette, il écrit son livre, il fera sans doute l'amour avec Agnèsl'élaboration de deux schémas actantiels à partir d'Aziz et de Jean-Pierre permet de mettre en évidence le sens du roman et de justifier son titre :

sujet : Aziz

objet : trouver une identité, une famille, des racines, devenir quelqu'un

destinateur : sa situation initiale d'enfant sans famille

destinataire : lui-même

adjuvant : sa débrouillardise, son goût pour la lecture et les légendes (son imagination), sa rencontre avec Jean-Pierre Schneider , leur amitié et la disparition de celui-ci, son goût pour l'écriture, le hasard ou le destin, l'accueil de la famille de Jean-Pierre

opposant : sa situation initiale, l'ambiguïté de son milieu d'adoption qui l'accueille et le rejette.

Mais Un aller simple est le dernier titre choisi par Jean Pierre pour le roman qu'il commence pendant le voyage " Plus jamais je ne retournerai en arrière. Le roman s'appellera Un aller simple. " (p. 97). Qui est le sujet de ce récit ? Aziz ? Jean-Pierre ?

Sujet : Jean-Pierre

Objet : retrouver son identité, avouer sa " honte "

Destinateur : son mal être

Destinataire : lui-même

Adjuvant : le voyage initiatique ( p. 84) fait en compagnie d'Aziz et Valérie, la confusion dans le retour aux racines : Irghiz = la Lorraine, Valérie = Agnès.

 

Le sens du livre : du sens au sens

p. 57 à 59 : qui a l'idée d'écrire un roman ? Quand et où cette idée naît-elle ? Quels sont les deux titres initialement envisagés ? Qui les propose ? Comment les comprenez-vous ? Relevez les expressions qui montrent que, dès le départ, il y a ambiguïté sur le sujet du livre.

p. 117 et 118 : quelle est l'origine du roman ? Comment se construit-il ? Qui devient alors le véritable auteur-narrateur ?

p. 120 : " Ecris-le dans le livre " Qui parle ? de quoi ? Ce sujet n'a-t-il pas déjà été évoqué à un autre moment dans le roman ? Par qui ?

" Un jour, j'inviterai Agnès pour lui lire tes dernières pages " Qui est l'émetteur ? A qui s'adresse-t-il ? Ainsi, la dernière page du roman invite à relire les dernières pages du carnet ; comment interprétez-vous cela ? Quel est l'indice qui montre que ces dernières pages (97 à 100) sont bien le cœur du roman et qu'elles lui donnent son sens ?

 

Corrigé - séance 5

Jean-Pierre a l'idée d'écrire un roman lorsqu'ils sont, Aziz et lui, dans l'avion qui les mène au Maroc :  " Alors Irghiz, pour lui, c'était peut-être sa dernière chance, c'était un sujet de roman fabuleux... "

Deux titres : L'attaché humanitaire proposé par Aziz, le titre désigne Jean-Pierre ; Le bagage accompagné proposé par Jean-Pierre désigne Aziz mais il y a ambiguïté : " C'est moi, m'a-t-il expliqué. Enfin : c'est vous, dans le roman, le bagage accompagné. Toute l'ironie de la situation, le dérisoire, le ridicule ... ". Qui est le vrai sujet ? Au fond, Jean-Pierre se sert d'Aziz pour parler de lui-même, d'Irghiz pour parler de la Lorraine, des hommes gris pour parler d'une civilisation menacée : celle des sidérurgistes. " La Lorraine ne faisait rêver personne, mais finalement, la vallée des hommes gris, c'était ma Lorraine à moi. Il se mettrait à ma place, il dirait " je " en parlant de moi, pourrait exprimer dans mon itinéraire tout ce qu'il avait sur le cœur, en transposant... "

L'origine du roman est le carnet de Jean-Pierre, d'abord des notes en bas de pages puis une préface qui prend de plus en plus de place et un commentateur qui se substitue à l'auteur. Jean-Pierre se sert d'Aziz pour écrire son roman.

" Ecris-le " : Guy, le mari d'Agnès parle de la fermeture des fonderies, la mort de la sidérurgie, sujet déjà évoqué par Jean-Pierre (p. 57), sujet de son premier roman.

Aziz s'adresse à Jean-Pierre, la dernière page du roman renvoie aux dernières pages du carnet parce que là est l'essentiel, comme dans le voyage initiatique, la fin est aussi l'origine : " Je ne vais pas bien du tout, Aziz. [...] J'ai abandonné mon sol, moi aussi. J'ai renié mon milieu, mes origines. Et depuis tout va mal " (p. 56). Jean-Pierre, auteur-personnage du roman est né du sentiment de culpabilité et sa trajectoire s'achève avec sa confession et sa demande de pardon. L'indice, c'est le titre définitif qu'il donne au roman (p. 97). Ce titre évoque un voyage sans retour, Un aller simple qui le conduira jusqu'au bout de ce qu'il a à dire, à confesser, bout qui sera en même temps pour lui celui de sa vie.

 
auteur(s) :

Michel Clenet

information(s) pédagogique(s)

niveau :

type pédagogique : scénario, séquence

public visé : enseignant

contexte d'usage : classe

référence aux programmes :

Programme de français des classes de Brevet d'Etudes Professionnelles. ( Arrêté du 10 juillet 1992 - Annexe II) - EXTRAIT

Seules les œuvres intégrales donnent à la lecture tout son sens aussi, à la fin du cycle préparatoire au B.E.P., les élèves auront lu et étudié au moins deux pièces de théâtre et deux romans ou recueils de nouvelles. La part faite à la poésie, à la nouvelle et au conte, au roman, au théâtre sera équilibrée sur les deux années de formation.

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Aziz s'adresse à Jean-Pierre, la dernière page du roman renvoie aux dernières pages du carnet parce que là est l'essentiel, comme dans le voyage initiatique, la fin est aussi l'origine : " Je ne vais pas bien du tout, Aziz. [...] J'ai abandonné mon sol, moi aussi. J'ai renié mon milieu, mes origines. Et depuis tout va mal " (p. 56). Jean-Pierre, auteur-personnage du roman est né du sentiment de culpabilité et sa trajectoire s'achève avec sa confession et sa demande de pardon. L'indice, c'est le titre définitif qu'il donne au roman (p. 97). Ce titre évoque un voyage sans retour, Un aller simple qui le conduira jusqu'au bout de ce qu'il a à dire, à confesser, bout qui sera en même temps pour lui celui de sa vie.

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