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2018-19

Travailler avec les élèves fragiles (décrocheurs, allophones) et en difficulté

Valoriser

La classe inversée n’est pas réservée aux élèves les plus autonomes mais peut être utilisée dans les établissements plus difficiles. Comment adapter la classe inversée à ce public ? quels sont les freins ? les leviers ? les intérêts pour ces élèves ? Quels sont les temps de hors classe et en classe ?

Sara Toupin, professeure d'éducation musicale au collège Jean Cocteau, Coulaines (72), précédemment au collège Alain Fournier REP+, Le Mans (72)
sara.toupin @ac-nantes.fr
 
Objectifs pédagogiques

- Trouver une réponse au besoin d’intégrer les élèves allophones et surtout les élèves en décrochage ;
- Ramener tous les élèves dans les activités, de les rendre tous acteurs et impliqués ; - Réorganiser le temps de l’enseignant différemment : dégager du temps en classe pour répondre aux besoins des élèves.
Travailler en classe inversée est une réponse possible à ces objectifs.


Contexte et modalités pédagogiques

- Collège REP + , travail personnel des élèves est souvent inexistant ;
- Cours d'éducation musicale ;
- Classes de 18 à 26 élèves ;
- Rotation importante : seulement environ 30% des élèves sont présents de la 6ème à la 3ème ;
- Matériel : 5 ordinateurs de fond de classe (deux neufs et trois très vieux récupérés) et 4 tablettes sans connexion internet. Des casques à disposition et des répartiteurs audios.

Utilisation possible des smartphones limitée à un matériel par groupe d’élèves et seulement si le besoin est établi par l’enseignant. Le smartphone est utilisable pour les applications vidéo, photo, et surtout dictaphone. Le règlement de l’établissement prévoit cette utilisation des équipements personnels des élèves. 

Descriptif


1. Des ressources variées sont mises à disposition des élèves. Toutes les stratégies sont utilisées : dépôt des ressources sur l’ENT, sur l’espace de la classe (hors connexion internet), sur le disque dur des ordinateurs, sur les tablettes ou smartphone via un NAS (serveur de stockage en réseau) de l’enseignant.
Les vidéos sont réalisées soit par l’enseignante, soit par d’autres collègues dans le cadre de mutualisation de ressources. La BRNE banque de ressources numériques éducatives, ainsi que les chaines vidéo dédiées des opéras, orchestres, philharmonies, offrent un contenu riche en extraits sonores et vidéos. De plus, selon les activités pédagogiques, certaines ressources sont disponibles en version papier dans le classeur de la classe.

2. L’accroche de l’activité est importante. Pour que les élèves s’investissent en amont pour découvrir et explorer les ressources mises à disposition, il faut déclencher un besoin tel que répondre à un défi par exemple. Cela peut-être en 5e « inventer une polyphonie avec des voix parallèles et un bourdon » ou bien en 3e « animer un atelier sur le flamenco ». Pour réaliser le défi, les élèves doivent à plusieurs découvrir, assimiler et utiliser les notions abordées dans les capsules vidéo. Si les notions clés ne sont pas maitrisées et comprises alors la réussite du groupe lors du défi est compromise.

3. La consultation des ressources est prévue hors classe (à la maison ou autre). Elle est également possible en classe car tous les élèves ne font pas (ou ne peuvent pas faire) leur travail ou bien ne comprennent pas ce qu’il faut retenir. Tout le monde doit pouvoir retrouver, revoir une notion ou simplement la découvrir en classe.
Pour vérifier leur compréhension, les élèves ont à disposition des questionnaires (sans contrôle ou évaluation). Ils doivent extraire de leur prise d’information des mots clés, des points essentiels sous forme prise de notes ou de cartes mentales qui seront ensuite discutées en classe. Ces éléments serviront au défi du groupe.

4. En classe, les groupes d’élèves travaillent en ilot. C’est un espace d’apprentissage entre pairs et d’auto-régulation. Pour reprendre l’exemple du défi 5e « création d’une polyphonie » : les élèves essaient, voient ce qui ne va pas, ceux qui ont compris expliquent, font des schémas, chantent etc. L’émulation se crée : ceux qui n’ont pas travaillé en amont peuvent s’impliquer, et ceux qui n’ont pas compris peuvent compter sur les explications des camarades.
Ce travail de groupe ne peut pas être réalisé seul. Le groupe, la collaboration et l’apprentissage mutuel sont nécessaires.
Le travail est lancé en classe et parfois poursuivi hors classe pour la finalisation des productions.

5. Mise en valeur des productions
En classe inversée, il est question de chef d’œuvre. Tous les formats sont possibles : enregistrements audio, guide d’opéra, carte mentale, bruitage d’extraits vidéos, création d’un parchemin, etc.

6. Evaluation
La validation des productions n’est faite pas toujours en classe entière. Elle est aussi parfois réalisée dans les groupes par l’enseignante.

Points forts et points de vigilance

Développement de l’autonomie des élèves, appropriation plus importante des notions, davantage de temps pour réfléchir, pratiquer….

Lorsqu’il n’y a pas de matériel en classe, l’accès se fait alors uniquement à la maison ou ailleurs dans l’établissement. Il faut prévoir des alternatives pour éviter une fracture numérique.
Travailler en classe inversée n’est pas une solution miracle pour répondre au problème du travail personnel des élèves.
Il n’est pas toujours aisé d’adapter sa progression sur un horaire d’une heure par classe.

Transférable à d’autres disciplines et d’autres niveaux d’enseignement en adaptant selon les contenus et les contraintes de la discipline.


Questions/ Réponses

J’ai travaillé de cette manière de nombreuses années dans mon collège précédent. Cette année, je suis dans un nouvel établissement. Mon fonctionnement pédagogique nécessite un temps d’appropriation des élèves, c’est pour eux une nouvelle manière de travailler en classe. Cela demande du temps. J’ai maintenant des classes de 25 à 29 élèves et pas de matériel en classe. J’adapte et fais davantage usage des équipements des élèves sauf en 6e et 5e car ils sont peu équipés.

Oui, c’est un choix personnel. J’ai des idées précises sur ce que je veux, de plus, je prends plaisir à les concevoir. Je pourrai également trouver directement de nombreuses ressources pédagogiques sur internet.
Au départ, une vidéo demande beaucoup de temps, puis de moins en moins mais il faut compter quelques heures tout de même (la prise de son, les montages d'extraits audio et le montage global). C’est surtout un investissement sur le long terme car les vidéos servent longtemps.
Pour les élèves allophones et dys, il est important d’avoir la même voix, la voix de leur professeure qui fait attention à utiliser les mots essentiels, des images claires et un récapitulatif « en bref » à la fin de la capsule.
Durée maximale d’une capsule 4 minutes, voire un peu plus s’il y a des extraits audios..

En REP+, de manière systématique ?... non c’est un peu trop compliqué. En revanche, les élèves ont construit pour certaines classes des cours sur un sujet imposé et conçu des évaluations. Certains ont fait des capsules, d'autres des supports papier. Le support est libre..

Je fais avec les outils natifs de mon matériel informatique personnel (logiciels de montage vidéo et audio), certains matériels sont plus intuitifs que d’autres. J’utilise également des outils en ligne pour créer des présentations vidéo attractives. Chacun fait avec l’outil qui lui est le plus familier. Les offres en ligne sont multiples mais il faut rester vigilant sur les éventuels contenus publicitaires des offres gratuites..



Ressources

Document support de l'atelier

Présentation en ligne


Sources d'inspiration


- Sur Twitter : les comptes edmus
- Le site d’Inversons la classe
- Marcel Lebrun en général
Lebrun, Marcel - Lecoq, Julie. La classe à l’envers pour apprendre à l’endroit : guide pratique pour débuter en classe inversée. [en ligne] Collection Les carnets du LLL, Université Louvain Belgique, 2017.[consulté le 05/02/2019] https://cdn.uclouvain.be/groups/cms-editors-lll/carnets/Classes_Inversees.pdf
 

Compléments

L’utilisation du BYOD Bring your own device ou AVEC Apportez votre équipement de communication (téléphones portables ou tablettes) n’est pas interdit.

La loi du 3 août 2018 encadre l’utilisation du téléphone des élèves, elle permet une utilisation pédagogique.
 

 


 

Compte-rendu rédigé par Catherine Lemonnier, chargée de mission à la DANE  

 

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