Il est difficile de résumer la démarche. Tout le monde expérimente, les élèves comme leur professeur ! C’est d’ailleurs ce qui fait sans doute que "ça marche" : nous sommes en création commune. On peut toutefois présenter ce qui se fait en tout début d’année, pour donner des pistes.
En AP, en demi-groupe, le professeur (sans la conteuse) amène un conte et le lit. Les élèves sont installés en cercle, les tables poussées contre les murs, et les jeunes ont pour objectif de raconter l’histoire, en suivant sa logique et sa structure globales, tout en improvisant les mots de leur narration et des paroles de personnages. On peut suivre les trois étapes suivantes.
Première étape (première heure, suite à la lecture) 
Par petits groupes, les élèves mettent en scène de façon théâtrale, en autonomie, toute l’histoire, ou une partie distribuée par le professeur si l’histoire est jugée trop longue.
Chacun prend le rôle d’un personnage. S’il y a trop d’élèves, ils peuvent jouer un personnage à plusieurs.
L’élève doit faire agir et parler son personnage en fonction de ce qu’il a retenu de l’histoire. Tout ce qui est dans la salle peut faire office d’accessoires. Les élèves peuvent être plus ou moins proches de ce qu’ils ont entendu. L’important est d’être créatif, mais de respecter le fil de l’histoire, et que tous prennent la parole équitablement. Le recours au texte n’est plus possible pour les élèves.
Avant la fin de l’heure, on garde cinq minutes par groupe pour que le travail soit présenté aux autres, et cinq minutes pour faire un bilan collectif de ce qu’on a aimé et trouvé pertinent dans le travail des autres.
Deuxième étape (deuxième heure, semaine suivante)Le conte n’est pas relu. Comme la semaine précédente, les élèves rejouent une partie de l’histoire, mais les groupes peuvent changer et la partie de l’histoire à travailler aussi. Contrainte supplémentaire : il faut maintenant un narrateur et chacun doit s’impliquer dans ce rôle, en plus de celui des personnages. L’important pour le narrateur : expliciter les gestes et les actions des personnages. L’important pour les personnages : qu’ils parlent encore plus et mieux. On a le droit de reprendre les bonnes idées relevées la semaine précédente.
Le travail est ensuite présenté aux autres et on exprime le positif et le pertinent.
Troisième étape (troisième heure, semaine encore suivante)Le conte n’est toujours pas relu. Les élèves sont assis en rond, pieds au sol, mains sur le genoux, et n’ont plus le droit de mettre en scène. A tour de rôle, chacun prend la parole pour raconter un petit bout du conte à la façon d’un conteur. On s’inspire des souvenirs des scènes présentées les semaines précédentes pour raconter l’histoire. On cherche à être cohérent, expressif et précis dans les actions des personnages.
Des principes servent de guides : chacun peut conseiller ; pas de par cœur ; le droit à l’erreur ; la nécessité parfois de recommencer pour apporter plus de précisions, rejouer le discours avec un ton plus approprié ; pouvoir raconter n’importe quel moment du conte ; pouvoir prendre en charge le narrateur et les personnages ; raconter collectivement et s’entraider : si le voisin a du mal, on prend la parole pour continuer l’histoire.
On termine par le bilan de ce qui a fonctionné ou non.
VariantesLorsque la conteuse vient dans la classe, on peut travailler différemment. La classe est au complet (28 élèves). Les élèves sont assis en rond, les tables repoussées contre les murs.
La conteuse raconte avant de donner une activité à réaliser à des petits groupes de quatre : finir une histoire en inventant ce qu’il pourrait se passer, ou développer une trame très résumée par exemple. La conteuse intervient dans chaque groupe pour amener les élèves à voir, à imaginer ce qu’ils racontent, et à utiliser un vocabulaire plus précis. Enfin, l’histoire est racontée aux autres et la conteuse amène encore ses conseils et ses encouragements.
Lorsque les élèves sont un peu plus à l’aise pour raconter, on peut proposer un concours de conte : après avoir lu l’histoire qui nous intéresse, la même pour tous, on divise la classe en groupes de cinq ou six élèves. Ils doivent raconter l’histoire de la façon la plus intéressante possible, en faisant parler narrateur et personnages avec des intonations vivantes, et en ajoutant des détails (qui ne noient pas l’histoire mais la rendent plus captivante). Puis ils présentent aux autres, on souligne le positif de ce qui a été fait, pour s’en inspirer la fois suivante, et on vote pour le groupe qui a été le plus intéressant.
Il est porteur de proposer aux élèves un vrai public, plusieurs fois dans l’année : des retraités, des conteurs amateurs, des élèves d’école primaire…