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la foule, un oral

mis à jour le 17/01/2020


vignette la foule.JPG

Comment dépasser la description d'un travail pour dire les enjeux artistiques d'une production ?

mots clés : oral, représentation, dessin, verbalisation, analyse


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Les questions en jeu dans la leçon

Cette séance courte de dessin est conçue pour revenir sur les porosités entre visualisation et conceptualisation (voir la séquence "du collège au lycée : l'oral")

Il s’agit d’approfondir la question de la représentation des différents plans et ses potentiels narratifs. 
    Quelles sont les effets produits par la répartition de personnages dans l’espace du support ?
    Quels sont les effets de la perception du réel dans la construction d’une image ?
    Comment le point de vue influence le cadrage et la composition de l’image ?

Il est souhaité ici que les élèves réalisent majoritairement des images où se repèrent les différents plans, où leur point de vue se manifeste par d’éventuels raccourcis et l’escamotage des personnages les uns derrière les autres.

Derrière ce dispositif, se dissimule aussi le désir de faire construire des images présentant une grande profondeur de champ.

Certains élèves construisent une image mentale de la « foule », ce qui permet de revenir sur les notions du début de la séquence (conceptualiser, visualiser) et préciser les différences entre image mentale et image optique.

Une situation inédite pour les élèves

Les élèves sont tous munis d’un crayon, d’une gomme, d’une feuille de papier Ingres école au format 16x25cm et d’une petite tablette de bois pour travailler sur un support solide.

Un espace est dégagé au centre de la salle, les élèves sont invités à s’y rassembler, debout, en regardant vers le centre, la situation est tellement évidente que la consigne n’est plus qu’une précaution formelle :
 

REPRESENTEZ TOUT CE QUE VOUS VOYEZ DEVANT VOUS !


    Les œuvres ou artistes en lien avec la leçon.

Une photographie de William Klein permettra de faire un écho à la profondeur de champ, l’étagement des plans et ses potentiels narratifs.

On pourra aussi comparer la disposition des personnages dans la Maesta de Duccio (étagés en hauteur, tous distincts dans un cadre symbolique) et dans celle de Lippo Memmi (cachés les uns derrière les autres, sous un dais unifiant l’espace).

D. Arasse, L’Homme en perspective, les primitifs d’Italie, éditions Hazan, Paris, 2008, pp 46-48.

 
KLEIN William, Paris, 11 novembre 1968, épreuve gélatino-argentique, 30x43cm, 1968, Paris, Centre G. Pompidou DUCCIO di Buoninsegna, maesta, détail, tempera et or sur bois, 1308-11, Sienne, museo dell'opera del Duomo MEMMI Lippo, Measta, fresque, 1317, palazzo comunale in san gimignano
 

Installer des rituels en classe

Des rituels de travail sont mis en place depuis plusiuers années :
- Tous les débuts et fins de cours se font en se regroupant dans une zone de la salle dévolue à l’oral. Ici, les élèves sont assis sur des bancs, face au tableau et à l’écran, débarrassés de toutes préoccupations matérielles, les sacs sont posés au sol. Cette disposition rend implicitement légitime la régulation de la prise de parole.

- Après l'activité pratique qui se déroule dans une autre zone de la classe, chaque élève vient accrocher son dessin au tableau, le matériel est rangé, les élèves s’installent dans la même disposition qu’au début du cours, le temps d’installation et de retour au calme leur permet aussi de voir les réalisations et d’en parler sans réserve de façon spontanée entre eux. C'est le moment de capter les premières impressions et d'enregistrer les paroles spontanées.

Les débats à construire collectivement

Parfois, une question est nécessaire pour engager les discussions, elle peut être vague à dessein, parfois, les habitudes aidant, un élève lève la main pour réagir de lui-même.

La première intervention détermine souvent l’ordre de l’analyse. Dans le cas de cette leçon, les élèves commencent par évoquer l’effet de profondeur très évident sur certains dessins ou au contraire, sur le constat que certains élèves ne représentent pas ce qu’ils voient.

Les élèves réagissent parfois à la première intervention en contribuant à traiter la même question, parfois, les réflexions sont désordonnées. Si on passe d’une question à l’autre, les élèves se perdent, l’analyse est décousue. Deux stratégies sont possibles : entendre la remarque et la noter au tableau pour y revenir plus tard lorsque la question en cours sera épuisée, ou noter toutes les remarques en les ordonnant au tableau puis les reprendre une par une ensuite.

Au fur et à mesure de la discussion, les remarques des élèves viennent confirmer ou infirmer ce qui a été repèré en observant les élèves travailler.

Les traces écrites au tableau permettent de synthétiser certains propos. Ces termes posés autorisent des conclusions et ouvrent la possibilité de véritablement analyser les œuvres choisies en référence.

Ces éléments écrits sont des guides pour s’assurer de la direction des débats : relancer telle remarque, faire reformuler exiger des phrases complètes, récapituler, préciser le vocabulaire spécifique défini à partir des mots des élèves.

Dans cette leçon, la notion de point de vue est souvent confondue avec l’angle de vue, celle du cadre ou du cadrage peut venir des élèves, l’étagement des plans, travaillé aussi dans d’autres disciplines arrive spontanément, la notion de champ mérite quelques précisions (champ, hors-champ, profondeur de champ, contre-champ) qui seront utiles lors de l’analyse de la photographie de William Klein.

Les contradictions entre élèves, les affirmations abruptes sont de belles occasions de formuler des argumentaires, des paradoxes : à propos des stéréotypes, on peut faire exprimer ce qui est très pratique dans la représentation stéréotypée (efficacité, codes, simplicité de lecture) et ce qui relève de la conceptualisation (ne correspond pas à ce qu’on voit, postures figées) sans bien sûr induire d’échelles de valeur.

Lancer un échange, accompagner les élèves

Parfois, pour lancer les échanges et initier un débat construit, il est possible de donner en amont des mots clés aux élèves. A eux de s'interroger et de proposer, en lien avec le regard qu'ils ont sur les travaux, une parole qui utilise à bon escient les termes appropriés.

Il est aussi envisageable de préparer la verbalisation en créant des débats par petits groupes de 4 à 6 élèves, en amont du regroupement collectif et en demandant par exemple, à chaque groupe de choisir quelques termes spécifiques qu'ils devront ensuite présenter et articuler à leur présentation d'une production.

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L’analyse collective

La première intervention des élèves détermine l’ordre de la verbalisation dont voici trois déroulés  différents selon les classes. Ci-dessus les tableaux photographiés à l'issue de chaque cours.

- Les élèves sont souvent représentés « groupés » : on poursuit en parlant des échelles des personnages, de l’étagement des plans.

- Les élèves réagissent en parlant des « détails » (un refuge courant des verbalisations, il s’agit de faire préciser ce qu’ils entendent par « détails », en effet, ces détails sont parfois déterminants, loin d’être négligeables) car pour eux, ce sont des accessoires, des visages, des vêtements, des membres. Outre le fait que ces précisions permettent de singulariser des schémas, on définit aussi que les personnages adoptent des poses ou des postures variées. Ces postures variées rendent l’image plus vivante, moins figée que celles construites à partir de stéréotypes (la « varietas » dont parle Alberti).

- on remarque plus ou moins de détails.

- les dessins présentent des formes génériques, ce qui nous permet de revoir des notions abordées lors des séances précédentes (conceptualiser-visualiser). Ces stéréotypes sont très pratiques, car rapides et facile à réaliser, les élèves les ont adaptés à la situation en modifiant ou ajoutant des cheveux, des caractéristiques physiques particulières, des accessoires.

- un personnage est en gros plan par rapport aux autres, alors que dans certains dessins, ils sont tous équivalents.

- le personnage le plus proche est représenté de façon plus appliquée, en entier, il a été représenté en premier, les autres après, cachés, flous.

- dans certains dessins, les personnages sont tous alignés (ce que l’on reverra avec Duccio), simplifiés, stéréotypés, et se singularisent par les détails (révision des séances précédentes)

- dans quelques dessins, les fenêtres, le tableau, les murs sont représentés.

Ces remarques spontanées sont inscrites, on peut ainsi approfondir et entrer dans les enjeux de ces caractéristiques :
- l’étagement des plans (arrière-plan, premier plan, deuxième, troisième etc.) déduit de la dernière remarque ouvre sur la profondeur de champ dont on repérera les potentiels narratifs avec la photographie de William Klein en ajoutant la notion d’admoniteur.

- les effets de profondeur qui induisent des rapports d’échelle donc des hiérarchies dans la mise en scène et la représentation depuis un point de vue subjectif.

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Pour poursuivre et élargir la refléxion sur l'oral en arts plastiques : InSitu - Recherches - La parole de l'élève

 
auteur(s) :

cyrille bret

information(s) pédagogique(s)

niveau : tous niveaux, Collèges tous niveaux, Cycle 4, Lycée tous niveaux

type pédagogique : analyse de pratique, démarche pédagogique, leçon, scénario, séquence

public visé : non précisé, enseignant

contexte d'usage : classe

référence aux programmes : La représentation ; images, réalité et Fiction
S’exprimer, analyser sa pratique, celle de ses pairs ; établir une relation avec celle des artistes, s’ouvrir à l’altérité
Questionner le fait artistique

ressource(s) principale(s)

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