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conseils pour transposition

Pour rendre sa classe plus accueillante, voire inspirante, pour donner le goût d’être en classe, d’échanger, d’apprendre, chaque enseignant peut imaginer un autre aménagement de l’espace-classe et une prise en compte du corps de l’élève dans les apprentissages.
Légitimes sont alors les questionnements organisationnels de tout enseignant intéressé par la classe flexible : flexibiliser le mobilier ? Les enseignements ? L’emploi du temps de la journée ?
La pratique d’un modèle classique (classes avec des places assignées, avec un plan de classe figé) peut rendre frileuses les volontés de changement : faire le choix d’une classe flexible, n’est-ce pas prendre le risque d’une insécurité déstabilisante ?
Pour faire avancer leur réflexion, Myriam Antoni et Sophie Deroo ont entre autres recherché des informations sur les réseaux sociaux.
Par ailleurs, elles ont constaté que le choix de matériel destiné à des classes flexibles se développe sur internet. On y trouve de plus en plus de matériel en lien avec les zones définies dans la classe flexible : au mobilier pour les habituelles zones frontales (bureaux doubles, chaises, etc.) s’ajoute le mobilier pour les zones de travail en autonomie (bureaux isolés, tabourets, etc.). Il en va de même pour les zones modulables : ballons de stabilité, poufs géométriques (ronds ou cubiques) et emboîtables (quart de rond, hexagonal, ...), banquettes, meubles roulants de matériel de manipulation, etc. Certaines assises, en mousse ou en plastique, sont légères donc aisées à déplacer sans bruit en plus d’introduire de la couleur dans la classe.
Mais ce peut être aussi, tout simplement, du recyclage de mobilier de l’école. Par exemple, les enseignantes ont fait couper de longs bancs pour avoir dans leur classe des bancs d’un mètre facilement déplaçables. Il est possible encore de relooker le mobilier initial pour des raisons didactiques : c’est par exemple une grande table (200 X 90 cm) qui a été recouverte d’un film Velléda blanc pour en faire un tableau blanc horizontal destiné aux élèves pour des activités de mathématiques.
Parce qu’elles bénéficient de grandes salles de classe, les enseignantes ont aménagé divers espaces dans leurs classes : espace-regroupement avec tapis, espace lecture, espace pour travail en autonomie, coin relaxation, etc.

Pour se lancer dans un tel projet de réorganisation de sa classe et de sa pédagogie, il convient de bien déterminer les finalités recherchées (un mieux-être des élèves ? Un travail scolaire plus efficace ?) et de répertorier le matériel déjà disponible. Commencer en identifiant, voire en adaptant, le mobilier existant dans la classe ou dans l’école avant de se lancer dans l’achat de nouveau mobilier (ex. : petits bureaux, tabourets, tapis de gym, …). Puis, faire progressivement évoluer l’agencement de la classe, si possible en impliquant les élèves. Rendre les élèves acteurs de ce changement, c’est d’emblée s’interroger sur la gestion des conflits (place des affinités, par exemple) et sur la régulation (partage du mobilier, autorisations de déplacements, places imposées par l’enseignant ?). Il peut aussi être nécessaire de faire verbaliser les exigences : respecter le mobilier, choisir une assise afin d’optimiser son travail, adapter sa posture, remettre le matériel à sa place d’origine. De même, il faut s’interroger sur les réponses pédagogiques en cas de non respect : privation temporaire de telle assise ?
Il convient également de s’interroger sur le petit matériel qui suivra l’élève lors de ses déplacements (crayon, trousse, porte-revue, duo-tang, …). On peut par exemple choisir d’accrocher des pochettes au dossier des chaises.
Enfin, la classe peut être organisée en centres (ou ateliers) d’autonomie, à l’image des "cinq au quotidien" : centre de lecture (autonome ou en binômes), centre d’écriture, centre d’étude de mots, centre de production d’écrits, ou encore centre d’écoute, centre d’ordinateur, centre d’étayage magistral.

Le questionnement sur la poursuite de la scolarité (entrée au collège) a engagé ces deux enseignantes dans une réflexion élargie au collège de secteur. À la demande de l’inspecteur de la circonscription, elles ont été invitées à présenter aux enseignants du collège les aménagements de leur enseignement. On peut aussi imaginer qu’au-delà des collèges, les lycées pourraient également être intéressés par cette réflexion sur le mobilier de classe pour des travaux de groupes, pour la mise en îlots, etc.

Transformer sa classe en classe flexible est une décision qui exige une bonne réflexion préalable. C’est pourquoi Sophie et Myriam ont décidé d’engager simultanément et parallèlement leurs deux classes et de régulièrement échanger sur les effets et les modifications.
Laissons à Myriam le mot de la fin : "Pour rien au monde, je ne reviendrais vers l’organisation que je suivais avant : tout le monde y gagne !". Transformer sa classe, c’est donc transformer sa pratique et transformer ses élèves et leur rapport à l’école.

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