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déroulé d'une séance type

Après avoir testé différentes dispositions des élèves dans l’espace-classe, Patrick Richard a, depuis 2008, agencé cet espace en deux grandes tables. Il a ainsi "re-designé" sa salle de classe en deux grands îlots de seize élèves, ce qui a induit quelques modifications pour accueillir dans de bonnes conditions pédagogiques un maximum de trente-deux élèves : éclairages adaptés, tabourets à roulettes et tables spacieuses. Ce choix reprend le principe de l’open-space avec pour objectif premier de favoriser les échanges. Si ces places sont occupées pour les phases frontales de début et fin de séances, c’est surtout lors des présentations des projets que cette organisation montre ses avantages, car les élèves sont alors mieux placés pour voir et intervenir.
Suivons, le temps d’une séance de technologie d’environ une heure trente, une classe de troisième.
Dès huit heures, les élèves sont en plénière durant dix minutes pour écouter un rappel magistral des consignes : nécessité d’interviewer le pilote, après avoir défini une ambiance pour cet enregistrement, nécessité de médiatiser les résultats, …, Patrick Richard rappelle également le temps restant avant la fin de la séquence. Les élèves ont eu connaissance précise du programme à respecter : les attendus de cette séquence sont projetés au tableau.
Ensuite les élèves se répartissent en groupes dans les différents espaces mis à leur disposition. Quatre salles sont utilisées ; c’est beaucoup mais indispensable car chaque équipe a besoin de s’isoler pour échanger, enregistrer, pouvoir étaler son matériel…
Durant un peu plus d’une heure les élèves vont rester focalisés sur leur projet, de façon parfois animée du fait de désaccords.
A neuf heures quinze, les élèves prennent cinq minutes pour tout ranger ; cette exigence fait partie du contrat. Ils remettent à leur place tout le matériel : cutter, règles... et ils éteignent les ordinateurs qu’ils ont utilisés. En quelques instants, les espaces requis pour cette séance ont retrouvé leur état initial.
Un peu avant neuf heures trente, les élèves ont repris la place qu’ils occupaient à l’ouverture de la séance. Une nouvelle plénière est proposée par l’enseignant pour que soit effectué un bilan du travail réalisé, et pour que soit identifié le travail à finaliser (les pilotes prennent des notes sur un petit "cahier de brouillon" - voir sur ce point notre feuillet "Écrire en technologie"). L’enseignant prend un bref temps en toute fin de cours pour exprimer son degré de satisfaction et leur transmettre un retour positif : "Je commence à avoir des maquettes virtuelles intéressantes. " Ce moment magistral lui permet aussi de revenir sur ses attentes : "Je demande à avoir l'empreinte du collège bien délimitée." Ainsi, en deux remarques, il envoie un double message, associant bienveillance et contraintes pour poursuivre. Les élèves sont toujours placés dans une dynamique de projection, ce qui facilite l’identification des finalités à atteindre.
Dans toute cette organisation, qui place l’enseignant dans une posture de chef d’entreprise encadrant ses équipes de concepteurs, les objectifs à atteindre sont régulièrement rappelés, et les responsabilités explicitées.
 
Au-delà des apparences, le travail en amont est conséquent. Patrick Richard n’avance pas dans un brouillard épais, mais suit des objectifs clairement identifiés. Il sait où il mène ses élèves, maîtrise les médias ressources, et ne perd pas de vue les apprentissages cognitifs, même s’il reconnaît que des moments de complicité, voire des chamailleries, peuvent momentanément détourner les élèves des objectifs à atteindre.
Si la classe fonctionne en pleine autonomie, c’est l’aboutissement d’une énorme réflexion pédagogique en amont. La confiance réciproque règne dans cet espace, si bien que l’enseignant n’a pas à intervenir pour recadrer sur le plan pédagogique un groupe qui adopterait une attitude inacceptable. "Ça arrive, qu’ils se dispersent un peu. Mais ils se remettent vite au travail, sinon ils prennent du retard !" reconnaît Patrick Richard. Leurs digressions reposent parfois aussi sur leurs doutes. Et il arrive même que ce doute naisse des remarques de l’enseignant, qui joue le trouble-fête en perturbant leurs certitudes, en refusant de valider les choix opérés, en questionnant les résultats obtenus.

Convaincu du bien-fondé du projet, l’enseignant réussit à impliquer activement ses équipes et à obtenir que ce projet devienne celui de ses élèves. Ainsi dépossédé de son projet par les élèves qui se sont approprié cet objet de savoirs, il provoque une opération pédagogique qui rejoint le concept de « dévolution », défini par Guy Brousseau 1.
Tout au long de la séance, Patrick Richard garde aussi un œil sur son smartphone, car il lui permet de connaître à tout moment l’avancée de la réflexion de chaque équipe et d’intervenir dès que nécessaire auprès d’un groupe en demande.
Toute séance répond à l’urgence des projets engagés : ceux des élèves et celui de l’enseignant ; d’où le rythme soutenu des cours. Chacun sait ce qu’il vient faire en technologie. Chaque séance est donc un temps de réflexion et de production qu’il faut optimiser.


1. Pour approfondir ce concept de « dévolution », on peut consulter le site de Guy Brousseau.

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