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des questions subsistent

Quelle forme de tutorat choisir ?

Pour Thierry Ryo, conseiller principal d’éducation au lycée Aristide Briand, le tutorat-enseignant s'est imposé de lui-même “parce qu’il était facile de trouver des professeurs volontaires et que cela fait partie d'un des aspects de nos métiers : l'aide aux plus fragiles”. On peut imaginer aussi que c'est parce que cela n'était pas trop éloigné de la relation apprenant-maître fréquente dans notre système scolaire.
Au lycée Guist'hau, c'est le tutorat entre pairs, c'est-à-dire entre deux élèves de niveaux de classe différents, qui a été adopté. Là encore, ce sont les plus anciens qui aident les plus jeunes. Ce dispositif est innovant même si selon Frédéric Gautier “l'entraide entre lycéens était déjà présente au lycée au niveau de l'internat, mais n'était pas formalisée”. Pour cette équipe, développer la solidarité entre élèves est essentielle pour la réussite de tous et pour créer un collectif. Les élèves peuvent expliquer leurs difficultés, sont capables de rendre compte des stratégies scolaires qu'ils ont mises en place pour réussir et, enfin, ils peuvent expliciter à ceux qui en ont besoin ce que les enseignants et l'institution scolaire attendent d'eux. Toujours selon Thierry Ryo, “ils ont des savoirs sur le métier d'élève qu'ils peuvent transmettre”. De plus, avec ce projet, l'équipe souhaite montrer que le lycée n'est pas qu'un lieu de transmission élèves-professeurs mais est aussi un lieu que les élèves doivent s'approprier et investir. En centre-ville, les élèves ont tendance à sortir. Avec ce dispositif, ils peuvent rester travailler ensemble et savent qu'ils peuvent demander des salles pour le faire. Le souhait de cette équipe est que le lycée devienne un peu plus encore un lieu de vie, une communauté.
On peut noter par ailleurs que cette mission s'inscrit pleinement dans le cadre général défini par l'article L. 912-11 1 du code de l'éducation. Ce décret reconnaît l'ensemble des missions liées au service d'enseignement dont elles sont le prolongement. Relèvent ainsi pleinement du service des personnels enseignants “les travaux de préparation et de recherches nécessaires à la réalisation des heures d'enseignement, l'aide et le suivi du travail personnel des élèves, leur évaluation, le conseil aux élèves dans le choix de leur projet d'orientation en collaboration avec les personnels d'éducation et d'orientation, les relations avec les parents d'élèves, le travail au sein d'équipes pédagogiques constituées d'enseignants ayant en charge les mêmes classes ou groupes d'élèves ou exerçant dans le même champ disciplinaire”.

Quelle relation avec les familles ?

Au lycée de Saint-Nazaire, un entretien avec le CPE ou le professeur principal est organisé afin d'expliquer les raisons, les objectifs et le fonctionnement du dispositif proposé. “Cela permet de les rassurer car parfois les familles ont peur du mot tutorat qui sonne comme une mise sous tutelle” souligne Thierry Ryo. Cette crainte des familles peut s'expliquer par le contexte socio-économique du lycée de Saint-Nazaire et la distance qui sépare certaines familles de l'institution scolaire. Ce rendez-vous d'explication permet de créer ou renforcer le lien avec les parents.
Au lycée Guist'hau, les familles sont associées au dispositif, notamment lors d'un rendez-vous avec le professeur principal de la classe, mais elles n'ont pas d'accord formel à donner. Il semblerait que ce choix, longuement discuté avec la direction, repose sur le besoin de ne pas mettre trop de pression sur les élèves–filleuls (c'est-à-dire tutorés) mais aussi parrains (c'est-à-dire tuteurs). À aucun moment, des objectifs de moyen et de résultat ne sont exigés de la part des deux parties. Cela peut être perçu comme une limite mais c'est pourtant ce qui en fait sa richesse et qui encourage les élèves à s'y engager sans crainte.


1. II de l'article 2 du décret n° 2014-940 selon l'Application des décrets n° 2014-940 et n° 2014-941 du 20 août 2014, circulaire n° 2015-057 du 29-4-2015.
 

 


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