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chercher sa voie et/pour trouver… sa voix

mis à jour le 04/11/2011


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Expérimenter au sein de l'établissement, en (se) donnant du temps, sans beaucoup sortir : c'est le choix de ce collège, qui a privilégié la mise en réflexion des élèves et l'expression personnelle de leur parcours. L'équipe d'encadrement - atypique - a su tirer le meilleur parti de son hétérogénéité.

mots clés : ODP découverte des métiers, culture générale, stages entreprises, oral


L'ODP : une chance à saisir

Le choix de proposer aux élèves l'option décou­verte professionnelle dès la rentrée 2005 ne s'est pas fait dans la précipitation. C'est une décision réfléchie, s'appuyant sur les textes, avec le souci de tirer le meilleur parti de cette opportunité. L'ODP a été en effet perçue comme présentant plusieurs intérêts. Le premier est le contenu même de l'option : le concept n'est pas réductible à un champ disciplinaire, il "explose" les disciplines, qui ne peuvent permettre d'en aborder qu'une partie et de manière réductrice. Il ouvre aux élèves un champ de connaissances jusque là resté aux marges des programmes, mais qui apparaît comme légitime dans la formation de tout individu. Il vient combler une sorte de manque en permettant aussi de travailler explicitement les liens entre la scolarité et la "vraie vie". Le sujet impose donc une approche complexe. Celle-ci ne peut être inventée que par des enseignants travaillant ensemble, dans la richesse de leur identité disciplinaire, mais avec l'absolue nécessité de l'adapter à un nouvel objet. Ainsi l'ODP - et c'est un second intérêt très fort - est un espace où les enseignants peuvent et doivent travailler collectivement. En conséquence, et c'est bien sûr l'essentiel, c'est aussi un lieu où les élèves apprendront autrement. C'est une chance à offrir à tous, à ceux qui sont à l'aise dans les apprentissages disciplinaires et aussi aux autres. Et, l'objet même de cette option fait que chaque élève est amené à s'emparer du sujet et à avoir une expression personnelle. Tout jeune, quelle que soit son histoire, a des choses à dire sur le monde du travail, sur des métiers, sur les parcours de formation... Pour toutes ces raisons, l'équipe de direction a décidé de proposer l'ODP dès 2005, sans attendre qu'elle soit généralisée.

Un engagement clair

Cette option facultative nouvelle, offerte à tout élève de troisième, a amené élèves, parents, enseignants et l'établissement dans son ensemble à opérer des choix. Éclairer ces choix a été une priorité, notamment pour le principal adjoint, qui était chargé de la mise en place de ce nouvel enseignement. Il est clair à ses yeux qu'il faut, pour assurer la pertinence et l'efficience de l'option, que tous s'approprient les questions posées par les choix à opérer. Du point de vue des élèves et des parents, la question est de savoir pourquoi choisir ou ne pas choisir cette option (voir annexe). L'établissement a donc accompagné les élèves et les familles dans leur réflexion, avec conviction mais sans démagogie et sans volontarisme excessif, tout en affichant avec force les choix de l'établissement et, en premier lieu, celui de l'hétérogénéité. Les groupes seraient hétérogènes et les classes aussi. Les élèves choisissant l'ODP seraient répartis sur plusieurs classes, tout comme les latinistes et dans les mêmes classes. Ce sont les objectifs mêmes de l'ODP qui fondent la diversité du recrutement : ils concernent tous les élèves, qu'ils envisagent une poursuite d'études en enseignement général, technologique ou professionnel. L'absence de lien entre le choix de l'ODP et le type de cursus de formation envisagé a été explicitement affirmée avec la deuxième idée-force : il s'agit d'une option culturelle, d'une option de culture générale pour tout type d'élève. Et d'ailleurs, la présentation aux parents et aux élèves des deux options ouvertes aux troisièmes, ODP et grec, a été faite au même moment par le principal adjoint et l'enseignante de lettres classiques, ces deux enseignements étant envisagés à égalité comme une chance supplémentaire d'apprendre, de s'enrichir, de nourrir sa réflexion. Le choix des parents pour l'une des options s'est aussi fait sur un document unique (voir annexe).


Travailler autrement

Les deux professeurs volontaires et le principal adjoint se sont lancés en juin dans la rédaction du projet. Le collège est situé à une vingtaine de kilomètres du Mans, dans un gros village. Une seule usine dans un rayon de quelques kilomètres, un supermarché et quelques agences bancaires, de nombreux commerçants, des artisans... Le choix explicite a été de ne pas privilégier, pour cette première année, les sorties pour les sorties, ni de rompre avec l'existant. L'option s'appuie sur le calendrier événementiel de l'orientation de l'établissement, se saisissant de toutes les opportunités. C'est le travail de préparation, d'exploitation, qui est différent et permet aux élèves de profiter pleinement des temps forts organisés pour tous les troisièmes : rencontres comme Formasarthe, stages en entreprise, opérations portes ouvertes... Sur ce canevas commun, viennent s'intercaler des activités spécifiques : rencontres avec d'anciens élèves, des professionnels, visite de deux entreprises... Et les mini-stages et portes ouvertes sont obligatoires pour les élèves de l'ODP (voir annexe). Le temps de l'option permet de faire de chacune de ces activités des objets de travail individuel et collectif. L'objectif affiché est d'amener les élèves à s'engager, à se mobiliser intellectuellement. Ce n'est pas le choix de la facilité : en n'affichant pas de rupture visible immédiatement de l'extérieur avec les autres cours, en s'ancrant fermement dans le collège, l'équipe marque que c'est bien ici que cela se joue. L'intérêt des visites ponctuelles n'est pas du tout remis en cause - deux sont d'ailleurs programmées - mais il n'a jamais été envisagé d'en faire l'axe porteur de l'ODP.

Assumer les choix

L'ODP proposée à tous les non-latinistes - c'est une volonté de l'établissement pour préserver l'option latin - a été choisie par trente élèves, soit deux fois plus que prévu. Les activités proposées avaient été conçues pour un groupe d'une quinzaine avec deux enseignants : un professeur de technologie et une professeure de lettres. Que faire ? La philosophie affichée - une hétérogénéité aussi large que possible - interdisait tout choix. Qui éliminer ? Un jeune n'ayant aucune idée de ce qu'il veut faire, qui va poursuivre ses études, mais qui a envie de s'ouvrir à la culture professionnelle et de travailler autrement ? Ce serait bien paradoxal ! Un jeune fixé depuis longtemps sur son projet : devenir apprenti boucher ? Quand celui-ci aura-t-il une autre occasion de découvrir autre chose que sa filière ? Bref, le groupe était très hétérogène, tant mieux, et très nombreux : il fallait s'adapter. L'équipe pédagogique était constituée de deux enseignants qui s'étaient portés volontaires dès que le principal adjoint avait sollicité l'équipe pédagogique. Ce dernier s'était investi dans la présentation aux familles et aux élèves, mais avait aussi travaillé avec les deux professeurs à la préparation du planning annuel des activités. À ce titre, il faisait déjà un peu partie de l'équipe enseignante de l'ODP et se sentait très concerné : il a donc proposé de s'investir dans les séances de travail avec les élèves. Mais un membre de l'équipe de direction est susceptible d'être appelé pour une urgence à tout moment. Il a donc sollicité la CPE qui a aussitôt accepté. Ils animeraient conjointement deux séances d'une heure par semaine : une par groupe. Les élèves, répartis en deux groupes hétérogènes de quinze, seraient pris en charge alternativement une heure et demie par semaine par chacun des deux professeurs et une heure par les deux nouveaux intervenants. La demi-heure restant à l'emploi du temps des élèves serait annualisée pour les sorties. C'est cette organisation qui a été retenue.

Une équipe atypique

C'est ainsi que l'ODP est assurée conjointement par quatre personnes : une professeure de lettres, un professeur de technologie, la CPE du collège et le principal adjoint. De l'avis de tous, cette hétérogénéité née de la conjoncture s'est révélée comme une richesse dont les effets induits sont clairement positifs. Le fait notamment que la CPE et peut-être plus encore le principal adjoint s'investissent effectivement dans les activités a donné du crédit à l'ODP, une sorte de plus-value inattendue. Tout se passe comme si les enfants (et peut-être les parents) se disaient : si l'équipe de direction s'investit autant, c'est que c'est important, que quelque chose d'intéressant s'y joue. À cette valorisation toute subjective, s'ajoute quelque chose de bien réel : le rythme et la variété qui naissent des deux séances courtes par semaine et de l'intervention organisée des quatre adultes. La séance avec les deux non-enseignants (par le statut) est consacrée à un retour sur l'activité menée avec l'enseignant ou à une préparation. Elle n'apporte qu'exceptionnellement un contenu nouveau : c'est un temps de formalisation, d'appropriation, de verbalisation... C'est une activité complémentaire, un contre-point, dont une des richesses est justement d'être menée par quelqu'un d'autre. L'espace de parole se trouve libéré du fait même de cette différence de l'encadrement, du regard porté sur les productions. Le professeur de français reste - l'enseignante de lettres en est du moins convaincue - toujours aussi un peu celui qui compte les erreurs d'orthographe, qui repère les constructions bancales. Sous les yeux de la CPE ou du principal adjoint, certains élèves se sentiraient plus à l'aise. L'équipe a travaillé dans la sérénité: les rôles étaient bien établis. Et elle a bénéficié des apports conjoints de la formation académique et des journées de regroupement départementales. Les responsables de l'option ont le sentiment que - "cette fois-ci" - l'institution les a très bien accompagnés, que les deux approches étaient très complémentaires, riches toutes les deux, avec des démarches et des contenus différents, parfois déconcertants au premier abord, mais pertinents dans les deux cas. Ces journées de formation ont bien nourri le travail de toute l'équipe.

Les démarches

Varier les démarches est un souci constant de l'équipe pour éviter la monotonie et l'impression de déjà-vu. Ainsi, le questionnement préalable, s'il est privilégié, n'est pas la règle absolue. La rencontre avec les anciens élèves a eu lieu sans préparation et sans beaucoup de formalisation. Les lycéens, par expérience, apportent spontanément un grand nombre d'informations et de conseils et les collégiens sont très réceptifs. L'appropriation a été laissée à chacun dans un dispositif léger. Et, avant la visite des deux entreprises, les élèves ont construit des savoirs sur chacune d'elles. Répartis en deux groupes, ils ont cherché des informations et essayé de se faire une idée sur ce qu'ils allaient découvrir. Plus ludique, plus libre, aussi bien dans la forme que dans l'investissement consenti, cette dernière démarche est bien sûr transposable. Préalablement à un entretien d'embauche ou à une demande de stage, il peut être précieux de s'être fait une idée de l'entreprise pour trouver les arguments susceptibles de convaincre son interlocuteur qu'on est la personne qu'il lui faut. De même, la production demandée aux élèves et qui finalise leurs apprentissages a été à chaque fois différente : une page web à la suite des rencontres avec les professionnels, des affiches en direction de leurs camarades de troisième, un blason à l'intention des quatrièmes pour les stages en entreprises, un dossier de presse, ou encore des fiches destinées à former un dossier des métiers, un exposé de quatre minutes... L'idée est de créer de la curiosité, de l'intérêt, de forcer la porte des esprits enfermés sur un seul cursus.

Projet personnel et culture générale : un conflit ?

L'option est justement un lieu où se construit cette réflexion, cette prise de recul, cette mise à distance de son projet personnel d'orientation. En découvrant d'autres univers professionnels, d'autres métiers, d'autres parcours de formation, l'élève est amené à se situer dans un ensemble, à regarder autrement son choix, à le mettre en perspective. Il va le comparer, le confronter aux paroles des autres jeunes mais aussi des professionnels, des chefs d'entreprises qui vont lui parler d'autre chose. Si, au départ, il est bien évident que les jeunes choisissent l'option dans l'objectif de nourrir un projet professionnel déjà plus ou moins précisément défini, c'est aux enseignants à garder le cap et à créer, par les activités proposées, l'intérêt, à susciter la curiosité. Ainsi, Jean-Pierre, fils d'agriculteur et qui veut devenir agriculteur, affiche une résistance à tout le reste. Néanmoins, au cours de l'année, il a été amené à travailler sur autre chose, à s'exprimer sur d'autres sujets. L'objet a été redéfini, il ne s'agit pas de creuser son propre sillon, d'en approfondir un seul : il s'agit d'ouvrir la perspective, de regarder ailleurs, autour... C'est une manière de travailler l'orientation, d'offrir une possibilité de revenir sur ses choix, d'envisager d'autres chemins, d'accompagner d'autres itinéraires... La résistance de certains élèves est bien sûr un frein, mais elle constitue l'objet même du travail pédagogique (voir annexe).
 

Donner la parole : cadrer pour assurer

Comment tirer parti de l'expérience - toujours unique - d'un vécu en entreprise ? Comment mettre en commun ces expériences radicalement différentes et qui, a priori, ne concernent que la personne qui les a vécues, dans un milieu spécifique qui n'intéresse pas les autres ? Pour atteindre cet objectif : faire partager son point de vue, éclairer un point de vue par un autre, éventuellement radicalement opposé, l'enseignante de lettres a mis en place un dispositif ouvert et dynamique. Le message était clair : "pour une fois qu'on vous donne la parole, saisissez-la, brandissez-la. Faites-vous entendre !". La consigne explicite était : ne pas laisser indifférent, mais intéresser, surprendre, interpeller, rassurer, choquer... Ne pas parler pour ne rien dire. Les élèves ont reçu une fiche (voir annexe) et ont eu dix minutes de préparation individuelle pour choisir le thème, l'unique sujet abordé, formuler l'idée-force à mettre en valeur et la justification de ses choix. À l'issue de ce temps très court, les élèves ont eu trois minutes de prise de parole. Ainsi, une élève a choisi de parler de la relation à la clientèle. En stage chez un coiffeur, elle a exprimé sa déception devant l'attitude méprisante des clients qu'elle a trouvés pénibles au point de remettre en cause son choix de métier. Plusieurs ont fait état de la richesse des échanges avec les adultes de l'entreprise. Ils ont été surpris d'avoir eu des "conversations d'adultes" avec les employés. Ce regard différent de l'adulte sur eux a été ressenti comme entraînant une transformation du regard sur soi-même : "on devient quelqu'un", "on est digne d'intérêt, de confiance". Chaque prestation a été suivie d'un débat "à chaud" nourri par les réactions. De durée variable, de cinq à dix minutes, ces échanges ont concrètement montré que l'expérience, le vécu se partagent. À la fin de la séance d'une heure et demie, chacun a disposé de cinq minutes pour lister les gens avec qui il voudrait poursuivre la conversation. Le choix d'un sujet unique et le cadrage chronologique serré ont maintenu l'intérêt et la dynamique, ce qui n'est pas facile dans ces séances de retour de stage.

Du projet personnel à la culture

Ainsi, les professeurs principaux incitent tous les élèves à profiter des opérations "portes ouvertes". Mais le plus souvent, les visites ayant toutes lieu au même moment, il n'y a aucun travail en classe sur cette expérience, faute de temps. En ODP, c'est très différent : on peut prendre le temps de poser les questions, et aussi les réponses. Par exemple, chaque élève peut inscrire sa visite dans un ensemble de réflexions personnelles, qui vont lui donner du poids : pourquoi j'ai choisi d'aller dans tel établissement, ce que je pense y trouver. Ensuite, il va en rendre compte : ce que j'ai effectivement vu. On peut être ici dans le projet personnel mais, lors de la mise en commun, les élèves se retrouvent à écouter les informations et le ressenti d'un autre, sur un établissement qui, a priori, ne les intéressait pas. Un des avantages de cette démarche, c'est de permettre à l'ensemble des élèves de troisième de bénéficier, notamment dans les heures de vie de classe consacrées à l'orientation, des travaux des élèves d'ODP. Leurs témoignages et des documents qu'ils élaborent y sont en effet intégrés. C'est le cas notamment pour Formasarthe : les élèves de l'option, en trois séances, ont produit le tableau d'aide à la prise de notes sur les formations lors de la visite (voir annexe). Cette unification des outils a un autre intérêt : faciliter l'exploitation des informations recueillies, exploitation menée par les élèves de l'ODP et dont les résultats seront diffusés à l'ensemble des troisièmes qui ont justement tous participé à Formasarthe.

L'évaluation : un carcan ?

Une des raisons qui ont donné, à l'origine, aux deux enseignants l'envie de se lancer dans l'aventure de l'ODP a été l'impression de liberté qui se dégageait des textes, laissant une marge aux enseignants. Pour conserver cet espace de création et ne pas s'enfermer dans des processus déjà connus, ils ont fait le choix de mettre de côté, dans un premier temps, l'évaluation des élèves pour que toute leur inventivité reste au service du développement des activités proposées. Cela ne veut pas dire bien sûr qu'ils n'ont pas observé le comportement des élèves, pris des informations dans leurs écrits, relevé les différences d'attitudes entre le cours et l'option. Ainsi Sébastien, qui sait si bien se faire transparent en français, a très vite osé prendre la parole et avec de plus en plus d'assurance. D'ailleurs de nombreux élèves expriment la satisfaction d'avoir beaucoup progressé dans ce domaine. Mais pourquoi et comment mettre une note ?

Des notes, malgré tout

Au premier trimestre, les quatre intervenants se sont mis d'accord sur une appréciation de l'investissement de l'élève, qui a été portée sur le bulletin scolaire. Au second trimestre, l'équipe a opté pour une évaluation chiffrée. La séquence sur les stages en entreprises a débouché sur la réalisation individuelle d'un blason à destination des élèves de quatrième. Cette production a été notée. De même, la présentation des mini-stages ou des portes ouvertes a été notée au troisième trimestre. Mais ces notes n'ont pas du tout le même statut que dans les disciplines. Pour les enseignants, elles ne servent pas du tout de moteur à l'action, au travail. C'est un plus, quelque chose qui vient s'ajouter, un peu sans nécessité à leurs yeux. Les élèves ne portent pas tout à fait le même regard. Certains ne cachent pas qu'une des raisons qui leur a fait choisir est justement la note qui peut apporter de précieux points à l'examen. Et ils sont souvent surpris de l'absence de notes ou de leur rareté. Quelques-uns le regrettent, soulignant sans doute par là qu'ils aimeraient voir reconnaître par de "bonnes notes" des réussites qu'ils n'ont pas par ailleurs et dont ils pensent qu'elles restent méconnues...

L'oral : un apprentissage induit

La grille d'évaluation de la séquence sur les mini-stages privilégie l'oral. En effet, tous les intervenants ont été frappés par les progrès réalisés par les élèves dans ce domaine. Sans que l'oral ait jamais été travaillé en tant que tel, le dispositif mis en place a permis ces progrès. Sans doute les élèves ont-ils bénéficié du cadre sécurisant d'un groupe restreint où tout le monde a une légitimité à parler. Les adultes les ont vus se libérer de la peur du regard des autres. Et, en termes d'image, d'estime de soi, quelque chose a dû changer, du fait même de cette aisance nouvelle à parler quatre ou cinq minutes. Mais ce que ces élèves auront sans doute appris et qui est transposable, c'est qu'une prise de parole ne s'improvise pas: la réflexion préalable et, plus encore, le passage par l'écrit sont incontournables. Car ce qui caractérise la démarche proposée aux élèves, c'est la place de l'écrit et de l'écrit en Je. C'est la représentation même de l'expression orale qui a changé, d'expression spontanée à l'oralisation d'un message préalablement construit, qui dit quelque chose de soi. Ce n'est pas sans raison que beaucoup des jeunes écrivent "qu'ils ont découvert certains élèves". Les enseignants ont très justement valorisé, par une note, ces progrès constatés par tous les adultes et les élèves eux-mêmes. De la pertinence de la note, car l'oral est sans doute ici l'indicateur de transformations bien plus importantes, en termes de responsabilité et d'autonomie.

Une équipe hétérogène : un atout à préserver

L'équipe des quatre adultes en charge de l'ODP est unanime pour exprimer la richesse de l'expérience. La CPE souligne notamment comment elle a découvert le métier d'enseignant : quelqu'un qui est toujours dans la projection, dans la préparation de "l'à-venir", dans la préparation de séquences structurées. Elle se voit plutôt gérant l'instant, l'urgence, l'inattendu. Ce qu'elle a aussi apprécié dans l'ODP, c'est d'avoir une autre relation aux élèves, un accompagnement dans le temps, une écoute plus libre, plus installée. Tous sont conscients que c'est une expérience rare : chacun a réussi à conserver son authenticité, sa personnalité, ses valeurs, son regard propre, liés à son statut, sa formation, sa discipline tout en profitant pleinement des apports des autres. Pour l'an prochain, les enseignants ne formulent pour le moment qu'un seul souhait : que l'équipe ODP comprenne au moins trois personnes, deux enseignants de disciplines différentes et un non-enseignant : la CPE, le principal adjoint, la documentaliste...
 
auteur(s) :

M. Coupry

contributeur(s) :

S. Ledru, S. Rouault, G. Furon, X. Chartrain, Collège Louis-Cordelet, Parigné l'Évêque [72]

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