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l’épopée de Vanille et Calinours

mis à jour le 15/06/2010


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Il était une fois deux classes de maternelle avec une mascotte chacune, ce qui fait deux ours en peluche, un garçon et une fille. Ces deux-là étaient faits pour se rencontrer. Et ce qui devait arriver arriva... Mais avant d'en arriver là, de nombreuses péripéties ont jalonné un parcours qui a fait voyager nounours et élèves jusqu'en lointaine Germanie. Une expédition, virtuelle pour les uns, réelle pour les autres, qui a constitué le fil conducteur de toute une année.

mots clés : échanger, culture numérique, numérique, écriture, correspondance, communication, multimédia


Il était une fois une classe de maternelle, dans la petite commune vendéenne de Saint-Étienne-du Bois, qui avait une gentille mascotte nommée Calinours. Ce nounours beige, de sexe masculin, accompagne les enfants depuis le début de l'année, toujours fidèle au rendez-vous, toujours présent dans la classe. Et voilà qu'un jour, catastrophe !... Les enfants arrivent comme chaque matin en classe et... Calinours n'est plus là! Les trente-six petits élèves, de petite et moyenne sections, en sont tout retournés. Où donc est parti Calinours ? Il a dû faire une fugue, suggère la maîtresse. Il faut faire une carte d'identité pour lancer un avis de recherche. Aussitôt dit, aussitôt fait. Heureusement, le mystère de la disparition de Calinours est bientôt éclairci par un coup de téléphone. C'est la maîtresse de l'école de Chavagnes-en-Paillers, Valérie Rouillon, qui annonce que Calinours est venu dans sa classe de maternelle pour rendre visite à leur mascotte, Vanille, joli nounours noir de sexe féminin. Calinours va passer quelques jours avec sa copine et rentrera ensuite, c'est promis. Hasard curieux, il se trouve que la classe de maternelle de Saint-Étienne et celle de Chavagnes correspondent l'une avec l'autre.

Le hasard fait parfois bien les choses

Il nous faut un peu remonter le temps pour comprendre la genèse de cette aventure qui ne fait que commencer. Anne Dubois, l'enseignante qui a en charge la classe de maternelle de Saint-Étienne, a entamé une correspondance scolaire avec sa collègue de Chavagnes. Lorsqu'elles se sont rendu compte que leurs deux classes avaient chacune un nounours comme mascotte, elles se sont dit qu'il y avait là une matière à exploiter. Les deux oursons seraient donc le fil conducteur de leur année scolaire. Anne Dubois s'était par ailleurs inscrite au programme KidSmart. La fondation International Business Machines (IBM) offre un ordinateur, adapté aux jeunes enfants, en échange d'un projet pédagogique réalisé par les classes bénéficiaires. C'était, pour Anna Dubois, l'unique moyen d'être dotée en informatique. Elle saisit donc l'opportunité et est sélectionnée. Le bel ordinateur, intégré dans un habillage coloré, à hauteur des enfants, est installé dans la classe. Des logiciels adaptés à leur âge sont proposés. Les compétences du B2i sont modestes pour les élèves de petite et moyenne sections : il s'agit d'être capable d'utiliser la souris, d'éteindre et d'allumer l'ordinateur, et d'en connaître le vocabulaire basique. On verra que nos élèves sont allés bien plus loin dans ce domaine. La correspondance entre les deux classes, quant à elle, commence en début d'année par la traditionnelle voie postale. Elle va bientôt prendre une nouvelle direction grâce aux deux nounours.

Deux ours à la neige

Calinours, après son séjour à Chavagnes, rentre au bercail, accompagné de son amie Vanille. On fait connaissance. Et puis, juste avant les vacances de février, nouvelle fugue ! Ces ours ont décidément la bougeotte. Les enfants commencent à s'habituer à leurs escapades, rassurés qui plus est par une carte postale reçue pendant les vacances. Vanille et Calinours vont bien, ils sont partis au ski et profitent de la neige. Un travail de lecture est mené autour de la carte postale. Et voici qu'un beau matin, Calinours refait surface dans la classe. Il revient avec tout un stock de photos de vacances. Qu'ont donc fait les deux fugueurs ? Commence alors un jeu de devinettes. Il faut reconstituer l'emploi du temps des deux voyageurs à partir des images. Après la phase de description, qui demande un vocabulaire précis, viennent ensuite celles de la remise en ordre chronologique et de l'interprétation. "Et si on inventait ce qu'on ne sait pas ?" propose la maîtresse. Ainsi commence la réalisation d'un premier album à deux voix. Une école imagine deux pages. Il faut écrire le texte que la maîtresse note sous la dictée de ses élèves et coller les illustrations, soit en puisant dans les photographies rapportées par les nounours, soit en dessinant ou en collant d'autres images pour reconstituer les "chaînons manquants" inventés par les enfants. Il est parfois nécessaire de procéder à des réécritures car, lorsque la maîtresse relit ce qui a été dicté, on mesure que ce n'est pas toujours très compréhensible. C'est ainsi que naît le personnage de la sorcière qui transporte les ours sur son balai. Les deux pages sont envoyées par la poste à l'autre classe qui écrit la suite, et ainsi de suite. L'affaire marche bien, mais, quand même, la poste, ça met du temps...


Correspondance électronique

... surtout que les enfants se sont initiés à une forme de correspondance plus rapide. Un échange électronique a été mis en place et les deux classes s'envoient régulièrement des courriels, à tel point que la lecture des messages fait dorénavant partie des rituels matinaux. Les enfants savent reconnaître l'icône indiquant qu'un nouveau message est arrivé. Questions et réponses font l'objet de fréquents envois. C'est toujours la maîtresse qui saisit les textes, sous la dictée des enfants. On s'informe de ce que font les autres, on raconte ce qu'on fait dans la classe, on parle du peintre sur lequel on travaille en ce moment... Les messages gagnent en longueur, en précision. L'autre, même loin, invisible, existe et vit : sa présence se matérialise par la petite icône annonçant son message, les mots écrits sur l'écran racontent des tas de choses. Le média prend tout son sens, il permet d'informer et de s'informer, de communiquer. L'avantage de ce mode de correspondance est sa rapidité et sa simplicité qui rapprochent les deux classes. Ces très jeunes enfants oublient vite l'existence descorrespondants lorsque les échanges sont très espacés. La correspondance électronique a créé un lien beaucoup plus fort et vivace. L'objectif principal de ce projet - permettre une ouverture sur le monde pour ces enfants qui ne sortent pas beaucoup de chez eux - est en partie atteint. Ils comprennent concrètement qu'il se passe autre chose, ailleurs, tandis qu'eux sont dans leur classe. Et leur univers va encore s'élargir grâce à nos deux intrépides voyageurs.

Un livre multimédiatique

Avant les congés de printemps, voilà que Calinours disparaît encore. Il est sûrement parti en vacances, notent les enfants, maintenant familiers des disparations soudaines de leur mascotte. Il suffit d'attendre des nouvelles. Elles arrivent pendant les congés par le biais d'une carte postale postée d'Allemagne. Nouvelle séance de lecture et de recherches. L'Allemagne, où est-ce ? On en saura sûrement davantage lorsque Calinours rentrera. Le voilà qui débarque un beau matin, avec un beau sac à dos rempli de nouvelles photographies. Nouvelle investigation, nouvelle mise en mots, par oral puis par écrit. Experts en réalisation de livres, les enfants décident d'écrire un nouvel opus pour raconter ce voyage. Mais cette fois-ci, on va utiliser un autre média. Ce livre sera numérique. Les enseignantes, pas du tout spécialistes des TICE, font appel à Grégory Leroy, conseiller pédagogique en informatique, qui va les accompagner pour la mise en place technique du projet. Trois logiciels, téléchargeables gratuitement, sont utilisés : Photophiltre pour l'insertion et le traitement des images, Didapage pour la réalisation du livre et la saisie du texte et Audacity pour l'enregistrement sonore. Leur utilisation, extrêmement simple, fait que certaines opérations seront prises en charge par les élèves de manière autonome. C'est le cas pour les élèves de grande section de Chavagne-en-Paillers. L'écran du logiciel de traitement du son affiche trois gros boutons: un pour déclencher l'enregistrement, un autre pour l'arrêter et le troisième pour écouter. Les élèves, par petits groupes, se sont eux-mêmes enregistrés. Ils essaient, écoutent, critiquent... et souvent décident de recommencer. Un excellent exercice pour l'articulation et l'entraînement à l'expression orale. Il s'agit d'être compris de tous, pas question de laisser un message confus ou à peine audible.

Au fil numérique d'une écriture à plusieurs voix

La même procédure de l'écriture à deux voix est reprise. Une classe commence. Elle choisit les photos, après une mise en ordre chronologique plausible de l'ensemble des clichés. Puis elle réalise le texte et l'enregistre, envoie les deux pages réalisées à l'autre classe qui prend la suite. Ce sont les enseignantes qui intègrent les images. La saisie des textes est prise en charge, soit par l'enseignante, soit par les plus grands élèves. La structure du récit est travaillée dans cette écriture en épisodes. Les pages réalisées sont imprimées, puis affichées en grand format sur les murs de la classe. On reprend le fil de l'histoire puis, sans oublier les indices contenus dans les photographies qui n'ont pas encore été intégrées au récit, chacun y va de son hypothèse. Les idées ne manquent pas, certaines sont pleines de fantaisie - comme l'intervention des extra-terrestres pour transporter les oursons d'un point à un autre - mais emmèneraient le récit dans une histoire trop complexe à maîtriser. La maîtresse est là pour gérer la parole, pour inciter à l'expression de chacun, mais aussi à l'écoute de tous. Elle prend en notes les idées qui ont été sélectionnées. Ensuite, après relecture, on passe à la reformulation lorsque la trace écrite manque de clarté ou de précision. Ce sont vraiment les élèves qui ont construit l'histoire, note Anne Dubois. Il a fallu faire des choix, mais cette construction collective est le fruit de leur travail. En un mois et demi, le livre est presque achevé (voir ci-dessous) : il n'en manque que l'épilogue.


 

Un moyen d'échanges, d'ouverture... et plus si affinités

La réalisation de Vanille et Calinours en Allemagne a donné lieu à des échanges tous azimuts. Entre les deux classes, bien entendu, mais aussi entre les enfants, leurs parents et l'école. Les parents ont pu suivre l'élaboration du livre, page par page: ce qui était fait était affiché sur l'ordinateur et les enfants ne manquaient pas de leur montrer le livre en construction, lors de l'accueil matinal. Placé ensuite sur le site de l'académie, chacun peut dorénavant le consulter. Grâce aux expéditions des deux ours, les enfants ont appris à mieux connaître le monde de leurs correspondants, mais aussi celui de la montagne en hiver ou encore, un pays européen bien étranger à leurs yeux. Et puis, du virtuel au réel, il n'y a qu'un pas (que les nounours avaient déjà gaillardement franchi à moult reprises !). Les petits élèves avaient des doutes depuis quelque temps déjà. Fuguant pour seretrouver, voyageant ensemble, posant côte à côte sur les photographies, soucieux de se revoir dès qu'ils étaient séparés... : ces deux oursons-là étaient faits l'un pour l'autre ! Un beau matin, la maîtresse met franchement la question sur le tapis du coin regroupement. La réponse est unanime : évidemment, Vanille et Calinours sont amoureux ! Marions-les !

Tout (enfin presque) finit par un mariage

Les correspondants, consultés par courriel, ont abouti - qui s'en étonnera - exactement à la même conclusion. La préparation du mariage va occuper la fin de l'année. La communication, par les moyens modernes du numérique ou par des voies plus traditionnelles, bat son plein. Réalisation des faire-part d'invitation, de dessins, écriture du discours de mariage du maire, contacts avec la presse... Chacun s'active. On réalise les habits de noce des futurs mariés, les décorations de la fête, on invente même une chanson en changeant le texte d'un chant connu des enfants. La noce doit être à la hauteur de l'extraordinaire aventure des fiancés. Les maîtresses réalisent des gâteaux pour le grand jour qui arrive enfin ! Un maire et son adjoint ont été élus (par tirage au sort). Et tous les enfants se retrouvent pour assister au plus beau jour de la vie de leurs mascottes. Les jeunes invités ont tellement tanné leurs parents que ceux-ci se sont pris au jeu. Les enfants arrivent habillés comme des princes, avec leurs plus beaux habits du dimanche, coiffés et maquillés. Le maire et son adjoint, arborant dignement leurs écharpes tricolores, célèbrent l'union. Ensuite, place aux festivités: danses, chansons, goûter... comme dans un vrai mariage. Et, enfin, on immortalise l'événement avec la photo du mariage. Une bien belle journée, dont la presse locale rend évidemment compte dans ses colonnes.

Les multiples possibles d'un outil au service d'un projet

À aucun moment, les enfants n'ont douté de la réalité des aventures de leurs mascottes. Ils marchent à fond dans une histoire qui ne se termine pas là. Vanille a bientôt accouché de deux oursons, prénommés Fraise et Chocolat. Nouveau faire-part d'une nouvelle histoire à écrire... Ce projet fédérateur s'est construit sur une grande partie de l'année scolaire, ce qui est difficile à mener avec de très jeunes enfants, d'autant que chaque classe avait d'autres projets menés parallèlement. L'ouverture sur le monde, principalement visée par les enseignantes, a incontestablement été réalisée. Les enfants se sont d'autre part familiarisés avec les TICE, dont ils ont découvert et utilisé les différentes potentialités. La richesse de cette ouverture virtuelle sur le monde ne nie pas la rencontre réelle avec l'autre. Au contraire, elle la stimule, l'alimente, comble l'absence d'une présence qui passe par les mots, les images, le son. Devenus des familiers du courrier électronique, les enfants ont aussi utilisé les TICE dans les possibilités de création qu'elles offrent. Émetteurs, récepteurs, messages, médias... : autant de fonctions de la communication qu'ils ont découvertes et pratiquées avec l'aide de leurs enseignantes. L'outil est ici au service du projet. Un outil dont la richesse est particulièrement adaptée à de jeunes enfants pour qui l'image et le son sont les moyens privilégiés de l'expression et de la compréhension. Quant aux mots écrits, ils ne sont pas négligés: ils viennent compléter par un autre moyen ce qu'expriment photos et textes enregistrés. Encore incompréhensibles pour les enfants, ils sont présents et ne demandent qu'à être déchiffrés.

Le blog de Mimolette et Coquin

Les élèves d'Anne Dubois n'ont pu se résoudre à abandonner leur mascotte. Les plus jeunes de l'an dernier, qui étaient en toute petite section, moins concernés par le projet, ont volontiers confié Calinours à leurs aînés qui ne voulaient pas s'en séparer. Le nounours est donc maintenant dans la classe de moyenne et grande sections. La mascotte de cette année est une superbe grenouille en tissu, prénommée Mimolette. Non loin de là, à Chavagnes, une autre grenouille, nommée Coquin, est la mascotte de la classe de Valérie Rouillon. Allez donc savoir ce qui va se passer entre les deux batraciens... Les deux enseignantes travaillent, toujours avec l'aide technique de Grégory Leroy, à la mise en ligne d'un blog. Il s'agit de réaliser un double cahier de vie numérique. Sur la page d'accueil, seront représentées les deux grenouilles sur lesquelles il faudra cliquer pour accéder aux informations de l'une et l'autre classes. Enfants et parents pourront voir ce qui se passe dans les deux classes. La question de la mise en ligne de l'image des enfants s'est posée. Il était exclu de ne pas mettre des photographies les représentant. Un code permettra donc l'accès au blog, que seuls les parents et les enseignants connaîtront. Ce blog est un support riche, il pourra intégrer les projets qui ne manqueront pas de naître dans le sillage des deux grenouilles qui, n'en doutons pas, seront sans doute largement aussi intrépides que leurs plantigrades prédécesseurs.
 
auteur(s) :

D. Grégoire

contributeur(s) :

A. Dubois, École publiques, Saint-Étienne-du-bois, Chavagnes-en-Paillers [85]

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information(s) technique(s) : pdf

taille : 196 ko ;

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