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le numérique tisse sa toile

mis à jour le 15/06/2010


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Pour la troisième année, le cahier de texte numérique sera utilisé au collège La Reinetière à Sainte-Luce-sur-Loire. D'abord utilisé par un enseignant puis par une dizaine, c'est trente-trois d'entre eux sur une cinquantaine qui ont fait ce choix à la rentrée 2008.

mots clés : culture numérique, numérique, cahier de texte numérique, TICE, formation


La révolution numérique est-elle en cours dans les établissements scolaires ? Après une décennie d'installation progressive des équipements informatiques, la réflexion et les nouveaux usages suscités par ce matériel semblent s'enraciner profondément dans la pratique quotidienne des enseignants, des élèves et des parents. Si chacun, dans sa discipline, essaie d'intégrer les TICE à son enseignement, c'est également au cœur même de nos pratiques communes qu'il est intéressant de réfléchir aux solutions que le numérique peut apporter. C'est sans doute ce qui a conduit F. Tessier à s'interroger sur la mise en place d'un cahier de texte numérique. Comme pour la plupart des enseignants de collège, remplir le cahier de texte est un pensum. Que doit-on y faire figurer, à quel moment le remplit-on et pour qui ? On le sait, il est réglementaire de le compléter et il est consulté par les inspecteurs, lors de leurs visites d'inspection. Mais on sait aussi que ce sont, vraisemblablement, les seuls lecteurs de ce document qui n'est pas réellement accessible aux parents et que les élèves délaissent volontairement ou involontairement quand il s'agit de rattraper un cours ou de vérifier les consignes pour le travail à faire.

Un premier test

Durant l'année scolaire 2006-2007, F. Tessier, professeur de sciences physiques et personne ressource TICE dans son établissement, décide de tester le cahier de texte numérique. De manière très empirique, il crée son cahier de texte pour ses propres classes avec "Chocolat" 1. Il profite de la réunion parents / professeurs pour expliquer cette nouveauté aux familles et entraîne immédiatement avec lui deux autres enseignants qui y voient la possibilité d'aider des élèves dyslexiques. En effet, si la configuration du cahier numérique permet d'y inscrire simplement le titre de la séance et le travail à faire, elle donne également la possibilité d'y intégrer des contenus. Deux professeurs de mathématiques décident donc de mettre en ligne leurs cours et d'autoriser l'accès aux élèves dyslexiques, souvent pénalisés par des prises de notes incomplètes ou illisibles. De la même manière, F. Tessier ajoute, en pièces jointes, ses cours qu'il a déjà l'habitude de préparer sous forme de fichiers informatiques. Très vite, il se rend compte qu'il peut aussi ajouter les animations utilisées en cours, de type diaporama, vidéo ou Flash, ainsi que les activités réalisées en salle multimédia, ou bien proposer des liens vers des sites qui permettent à ceux qui le souhaitent d'aller plus loin. Comme l'indique le professeur : "Mon intention est que les élèves puissent revenir sur l'animation, proposée en cours à un moment que j'ai choisi dans ma progression, mais qui n'est pas forcément le moment où l'élève est prêt à la recevoir. Contrairement à un écrit qu'il peut relire plus tard, une vidéo ou une animation ne pouvaient jusqu'alors être reconsultées en différé".

Un premier bilan

Pour les classes concernées par cette expérience, il apparaît que nombreux sont les élèves qui utilisent le cahier de texte numérique. Parmi eux, les élèves qui ont effectivement envie d'aller plus loin, ceux qui ont envie de s'entraîner avec les questionnaires à choix multiples (QCM) avant les contrôles, mais aussi, ceux qui n'ont pas pu faire l'expérience réalisée en classe ou ceux qui n'étaient pas détenteurs de la souris pendant la séance multimédia, et qui peuvent ainsi revivre la phase d'observation, d'expérimentation ou de recherche. Aucune obligation n'est donnée, sauf celle de récupérer les cours si l'on a été absent. Désormais, aucune excuse n'est tolérée, l'élève ne peut prétexter de raisons valables si son classeur n'est pas à jour. Selon les établissements, évidemment, le nombre d'élèves qui peuvent se connecter chez eux à internet, est variable. L'enseignant a pallié cette difficulté, relative à Sainte-Luce, puisque seulement deux élèves environ par classe n'ont pas de connexion à la maison: ceux-ci ont un accès prioritaire aux ordinateurs du CDI, toute la journée, ainsi qu'à ceux de la permanence entre 12 h et 14 h. Rien qui transformerait, d'un coup de baguette magique, tous les élèves en modèles, mais leur marge de manœuvre n'est plus la même. Les collégiens ont vite compris que les discussions interminables sur un sujet du cours non récupéré ou sur un travail non fait pour cause de mauvaise consigne n'avaient plus lieu d'être. Pas la peine d'insister ! C'est autant de fatigue en moins pour le professeur qui n'a plus, ni à se justifier d'un éventuel défaut de consigne (un numéro d'exercice ou de page, soi-disant erroné...), ni à trier parmi des excuses plus ou moins véridiques, mais énoncées de manière si convaincante... Tout est vérifiable en quelques secondes, en projetant la page du cahier (voir annexe).

Une pratique gentiment contagieuse

À la fin de la première année, un certain nombre de parents se montrent très satisfaits car ils ont pu aider leur enfant facilement en se servant des contenus de cours. Ils ont apprécié également d'avoir un réel outil de contrôle sur le travail personnel demandé, à la place du sempiternel : "J'ai tout fait...". Il en est de même pour les personnels de la vie scolaire qui ont utilisé le cahier de texte numérique pour inciter des élèves à travailler durant les permanences. Toujours accessibles et toujours compréhensibles par autrui, les cours de sciences physiques pour les classes de F. Tessier et ceux de mathématiques pour les élèves dyslexiques ont rencontré leur public. De ce fait, les collègues s'interrogent et profitent des réunions de fin d'année pour découvrir cet outil et y réfléchir. Il s'avère que beaucoup d'entre eux le craignent pour diverses raisons. D'abord, il n'est pas encore maîtrisé techniquement par tous, loin s'en faut ! Ensuite, s'investir dans son maniement, c'est accepter de s'engouffrer dans de nouvelles pratiques qui peuvent vite devenir chronophages. Enfin, c'est un outil de contrôle, tant pour les élèves qui ne peuvent plus échapper au regard parental que pour les enseignants qui affichent à la vue de tous (y compris celle des inspecteurs), le contenu de leurs cours... On ne peut nier la réalité de ces questionnements qui ont le mérite d'être exprimés et qui, sans arrêter l'élan technologique, l'ont orienté vers une demande de formation, bien compréhensible de la part des professionnels concernés.

Former est indispensable

Grâce à la présence d'un formateur TICE dans ce collège, en l'occurrence F. Tessier, plusieurs formations ont pu être organisées sur site, pour la rentrée 2007-2008. Une journée était consacrée à tout l'aspect matériel en lien avec la dotation du Conseil général : vidéoprojecteurs fixes, tableau blanc interactif, ordinateurs portables dans les salles... Une deuxième journée a permis aux enseignants de s'approprier les fonctionnalités du site de leur collège et d'ETNA (espace de travail numérique académique). Enfin, les deux dernières journées ont été consacrées à l'intégration des TICE dans les pratiques pédagogiques. Entre la découverte des multiples ressources utilisables et la manière de les articuler avec nos enseignements, le cahier de texte numérique a tout naturellement trouvé sa place en tant que prolongement du cours. Il a d'autant plus séduit que la procédure d'utilisation est simple, beaucoup plus que l'usage du site de l'établissement (voir annexe). En moins d'une heure, on en a appris le fonctionnement et l'on peut se lancer progressivement : au début, on peut noter seulement les titres du cours et le travail à faire puis, lorsqu'on est plus habitué, on inclut des contenus de cours, des fiches de révision, des documents complémentaires. Les professeurs de langue y ont vu tout l'intérêt pour leur discipline: en ajoutant des fichiers-sons, les élèves ont un meilleur support pour leurs préparations ou leurs révisions. C'est donc une dizaine d'enseignants qui se sont ajoutés, cette année-là, à la liste des utilisateurs du cahier de texte numérique.

Un univers aux multiples formes

Cette propagation numérique n'en était cependant qu'à ses débuts. Après le service en ligne "Chocolatware", c'est une salle des professeurs virtuelle qui a été créée à partir d'un autre site d'enseignant, salle virtuelle dans laquelle F. Tessier a inclus le cahier de texte. Très pratique, elle a conquis beaucoup d'enseignants qui, là encore, peuvent s'en approcher à leur rythme ! C'est d'abord une page conviviale qui se veut la fidèle reproduction d'une salle des professeurs avec, entre autres choses, le tableau des blagues ou des annonces personnelles... On y trouve, bien sûr, les casiers dans lesquels on peut déposer, de chez soi, des documents qui seront accessibles ensuite directement en classe ou par le biais de la photocopie. Ensuite, on accède à un espace de travail numérique très pratique : calendrier, réservation de salles, emplois du temps des classes, des salles, des collègues, informations administratives, logiciel de notes et gestion informatisée du brevet informatique et internet (GIBII). Peu à peu, les personnels apprivoisent l'outil et se rendent compte de ses nombreux atouts. La peur d'être submergé persiste, mais certains montrent que la maîtrise du temps reste possible en ne se servant des ordinateurs qu'au collège. Cela n'empêche en rien de développer l'utilisation du numérique dans ses pratiques et ce sont désormais trente-trois enseignants qui ont adopté le cahier de texte numérique depuis septembre2008. Chacun peut d'ailleurs poursuivre sa réflexion en consultant la page du site académique 4 qui recense les expérimentations. Devenu webmestre académique en 2007, F. Tessier y centralise, avec ses collègues, des exemples ou des conseils pour une utilisation pédagogique.



Une évolution en marche

C'est la troisième année d'utilisation pour F. Tessier et il peut donc revenir sur les questionnements qui alimentent les discussions autour de ce cahier. En quoi se différencie-t-il de sa version papier ? Qui l'utilise et pour quoi faire ? L'expérience personnelle qu'il en a tiré montre que cet outil de communication n'est pas seulement nouveau par sa forme, c'est aussi la possibilité d'instaurer de réelles relations interactives entre les utilisateurs potentiels, ce qui permet de faire évoluer les comportements des uns et des autres. Pour les enseignants entre eux, la communication est directe et il devient facile de constater que le jour prévu pour le contrôle est le même dans plusieurs matières. On peut également s'informer rapidement de ce que le collègue d'histoire ou de SVT est en train de faire : on peut alors relier des notions entre elles, sans attendre de croiser le collègue en question entre deux portes, à la récréation. De même, pour des cas plus spécifiques comme celui des élèves dyslexiques, l'enseignant chargé de l'aide individualisée a la possibilité de se servir directement, d'imprimer les cours, de les revoir avec les élèves, même si ce n'est pas sa discipline. Sans doute faudra-t-il encore un peu de temps pour que chacun se sente suffisamment confiant pour y exposer son travail, mais le processus est en bonne voie et devrait s'étendre, si les craintes d'une surveillance extérieure s'avèrent infondées.

Un cahier en devenir

Entre les enseignants et les élèves, on l'a vu plus haut, c'est une relation concrète qui n'est plus soumise aux parasites extérieurs. L'enseignant est bien dans son rôle de passeur et l'élève a réellement à sa disposition, même en dehors du cours, le matériau nécessaire pour agir : observer, questionner, analyser, s'entraîner. Il reste néanmoins un élève et personne ne peut faire le travail à sa place. Mais le nombre de classeurs illisibles ou perdus devient minime puisqu'il est toujours possible de faire une impression de ce qui fait défaut. De plus, le collégien a désormais la possibilité de trouver une aide auprès de ses parents ou des assistants d'éducation qui apprécient sans réserve les ressources disponibles dans le cahier de texte numérique. D'ailleurs, F. Tessier souhaite donner à cet outil un rôle encore plus pédagogique en instaurant un espace de travail pour chaque classe, un prémice des futurs ENT, en quelque sorte. Cela permettrait, par exemple, de mettre en commun les résultats des différentes recherches menées en classe. Il met déjà en ligne des documents pour aider à préparer les évaluations. Un quart des élèves les utilisent régulièrement. Ceux à qui profitent le plus ces entraînements sont des élèves sérieux, mais qui ont tendance à tout apprendre par cœur, sans être toujours capables de restituer le sens de leurs apprentissages. Il reste matière à réfléchir et à expérimenter, mais de toute évidence, semailles et moissons sont toujours au programme de cet enseignant pour étendre la culture numérique !
1. Le cahier de texte numérique "chocolat" permet à un ou plusieurs enseignants d'un établissement scolaire de réaliser une saisie en ligne, depuis n'importe quel poste disposant d'une connexion internet. Il est consultable par l'élève comme par ses parents depuis le domicile. Ses principaux avantages sont l'accessibilité et la consultation ainsi qu'une utilisation très simple pour des enseignants qui débutent en informatique. Il doit son nom au mode de rémunération de son auteur qui demande en guise de réconfort, par utilisateur, une tablette de chocolat...
 
auteur(s) :

M. Blin

contributeur(s) :

F. Tessier, Collège La Reinetière, Sainte-Luce-sur-Loire [44]

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information(s) technique(s) : pdf

taille : 392 ko ;

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