Depuis l'année 2000, les langues vivantes ont leur place dans le premier degré. Une évolution s'est produite, menant de l'initiation à l'enseignement des langues avec programmes et évaluations. Ginou Perron est maître animateur en langues vivantes sur le secteur Saint-Brévin - Pays de Retz. Elle intervient dans des classes de CE2 (cours élémentaire deuxième année), CM1 et CM2 (cours moyen première et deuxième année) et assure des formations au sein du groupe départemental des Malv (maîtres animateurs en langues vivantes), qui se réunissent régulièrement pour mutualiser leurs pratiques, mais aussi pour produire, par exemple, un CD sur la civilisation anglaise. En 2008-2009, ils ont élaboré et diffusé des évaluations de début de CM1 et de CM2 à partir de pratiques expérimentées, mises en commun et standardisées. Ils répondent régulièrement à des demandes de ressources concernant les programmations annuelles, l'élaboration de séquences et de séances. Depuis deux ans, Ginou Perron anime régulièrement des sessions d'anglais qui réunissent des intervenants extérieurs en langues, des enseignants habilités à pratiquer l'enseignement des langues dans leurs classes, ainsi que des professeurs de sixième.
Formation
Longtemps, l'enseignement des langues dans le primaire a reposé sur le volontariat. D'ailleurs, la présence conjuguée des intervenants extérieurs, des assistants en langues, des professeurs de collège et des animateurs en langues vivantes a permis de constituer un contingent d'intervenants conséquent. Mais la formation en langues vivantes des professeurs des écoles a nettement évolué depuis dix ans. Désormais, tous les néotitulaires issus de la formation initiale sont habilités à les enseigner. En Loire-Atlantique, ceux qui exercent déjà peuvent recevoir une habilitation qui se déroule en deux temps. La préhabilitation consiste en un entretien, puis l'habilitation véritable se déroule en situation pédagogique. À compter de la rentrée 2009, les intervenants en langues ont disparu, sauf en allemand. L'enseignement des langues sera donc uniquement réalisé par des professeurs habilités. Par ailleurs, les maîtres animateurs en langues vivantes verront leur statut évoluer. Ils ne seront plus devant les élèves, mais deviendront des accompagnateurs et formateurs. En effet, un effort est réalisé quant à la formation des nouveaux professeurs des écoles dans le domaine de l'enseignement des langues, qui conduit à multiplier les stages. Les maîtres animateurs seront donc amenés à circuler dans les écoles pour participer à la programmation, au suivi et au soutien de projets.

Savoir-faire langagiers
Dans le pays de Retz, 50 % des élèves de CE1 sont déjà initiés à l'anglais. On privilégie une approche ludique qui met l'accent sur la pratique de l'oral. Mais on introduit progressivement de l'écrit. Selon le Cadre européen des langues, le niveau A1 de compétences en compréhension et production correspond à la sortie de l'école primaire. Auparavant, les élèves découvraient l'anglais via des champs lexicaux, par exemple, le vocabulaire des animaux domestiques ou des sports et loisirs. Désormais, l'apprentissage est fondé sur des savoir-faire langagiers. Ainsi, pour se présenter, les élèves apprennent des structures langagières telles que I like... My name is. Il s'agit donc d'une approche actionnelle du langage. Il n'en reste pas moins qu'à l'école primaire, débute l'observation raisonnée de la langue à propos, par exemple, de la place de l'adjectif ou de la distinction entre a et an. Sont également abordés les possessifs his et her, le cas possessif et, grande nouveauté, la forme en -ing, qui était auparavant proscrite, mais s'avère indispensable pour exprimer ce que l'on est en train de faire. La plupart des méthodes d'apprentissage ont recours à des supports audio, des chansons notamment. Les maîtres animateurs en langues vivantes ont réalisé une étude critique et comparée de divers manuels. Par exemple, Bingo, j'apprends l'anglais, publié aux éditions Didier, ne comporte pas d'exercices de phonologie ni d'approche de civilisation que l'on trouvera en revanche dans Happy English paru chez Magnard. Il faut donc combiner deux manuels afin d'aboutir à une méthode complète d'apprentissage. Une demande récurrente adressée par les professeurs des écoles aux maîtres animateurs en langues vivantes porte sur la programmation annuelle, la construction d'une séquence consacrée à l'acquisition d'un savoir-faire langagier. Chaque séance comportera les mêmes étapes, soit l'accueil avec des rituels, des rappels de connaissances antérieures et l'introduction d'éléments nouveaux.
Immersion linguistique
Un autre type d'interrogations porte sur le fait d'enseigner uniquement en anglais. Une valise pédagogique avec des vidéos est disponible à cet effet. Forcément, au début, les élèves ne comprennent pas tout. Les pièges dans lesquels tombent souvent les enseignants sont alors de traduire en français ou de réexpliquer en compliquant les choses. Mieux vaut au contraire sectionner les informations, les répéter en les accompagnant de gestes ou de dessins et surtout ne pas vouloir que les élèves comprennent tout ! Ainsi, lorsque Ginou Perron arrive dans une nouvelle classe, elle ne s'exprime qu'en anglais pendant dix à quinze minutes, faisant croire qu'elle est anglaise. Puis, la semaine suivante, elle poursuit et, à partir de la formule fatidique Break in French !, s'exprime en français à la surprise générale. Le langage est de plus mis en parallèle avec le jeu du handicap. Ginou Perron demande aux élèves quels sont les points communs entre l'apprentissage d'une langue et celui d'un instrument de musique : la répétition, l'entraînement, l'écoute, etc. Puis elle propose d'expérimenter deux handicaps en jouant au non-voyant et au non-entendant. Il en résulte que le second aura plus de mal à communiquer que le premier. Il s'agit donc de prendre conscience de l'importance du sens de l'ouïe dans l'apprentissage d'une langue, et de développer le sens de l'écoute.