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en quoi cette organisation permet-elle de mieux différencier ? 

Selon les programmes, le professeur des écoles "permet à chacun d’identifier ses réussites, d’en garder des traces, de percevoir leur évolution. Il est attentif à ce que l’enfant peut faire seul, avec son soutien (ce que l’enfant réalise alors anticipe souvent sur ce qu’il fera seul dans un avenir proche) ou avec celui des autres enfants. Il tient compte des différences d’âge et de maturité au sein d’une même classe (page 2)." Cette citation donne raison aux enseignantes de Martigné d’avoir imaginé de mettre en parallèle trois classes de maternelle multi-âges avec la même configuration. Cette organisation permet de bien prendre en compte le rythme de développement de chacun. Finalement, tout le monde y gagne, élèves comme enseignantes.

Pour les élèves

Les enseignantes font le constat suivant : "L’ambiance de classe est plus sereine, les élèves montrent leur plaisir de venir à l’école. On respecte le rythme de chacun ; tous les élèves sont en action et ne sont plus dans l’attente d’une consigne collective." Cette organisation favorise le développement de l’autonomie, la régulation entre pairs, le respect des exigences (volume sonore, respect du matériel, rangement, …). Les plus âgés ou en réussite aident ceux qui éprouvent des besoins, ce qui permet à l’enseignante d’être auprès d’élèves qui nécessitent son aide. La classe est une grande fratrie, constamment en mouvement, dans laquelle l’activité des uns est enrichie par les réactions ou l’aide des autres. Ainsi, par exemple, Léna (élève de Moyenne Section en réussite) partage-t-elle un temps de mathématiques aux côtés d’un élève de Grande Section pour réaliser le classement des nombres de 1 à 100.
Elle opère seule, mais sous le regard de son voisin qui à tout moment peut l’aider.
L’enseignante suit ce travail à distance ; ce qui correspond en partie au "lâcher-prise apparent" défini par Dominique Bucheton. L’échange avec les trois enseignantes fait apparaître qu’elles savent précisément ce que fait chacun. À tout instant, elles se rendent disponibles pour aider, accompagner, encourager, remotiver, valoriser ou encore valider.
Lorsque l’on observe les trois classes, on fait le même constat au cours des ateliers : les élèves sont seuls, (photo vue classe2) à deux, (photo activité numérique à 2) à trois, en petits groupes.


Mais quelques instants plus tard, cette organisation s’est modifiée : certains se sont déplacés, ont changé de tâche à réaliser ou de voisin.
L’espace leur appartient, à la condition de respecter l’espace des autres. Secondée par son Atsem (Agent territorial spécialisé des écoles maternelles), l’enseignante se déplace librement dans sa classe pour vérifier l’engagement de chacun, pour réguler, pour aider et favoriser la verbalisation. Tous les élèves ont des tâches à réaliser et gèrent leur propre travail.
Ici, on développe l’autonomie des élèves, le choix des tâches à réaliser, la diversité des ateliers (en lien avec les cinq domaines des programmes de 2015). Seuls les élèves de Grande Section doivent respecter la contrainte d’au moins trois ateliers imposés : il s’agit d’une fiche cartonnée individuelle quotidienne (d’environ 10 cm sur 20 cm) sur laquelle l’enseignante a défini selon des objectifs visés le contrat à respecter, donc les tâches à réaliser pour ce temps.


Au recto de cette fiche, l’enseignante a collé à la Patafix de petites vignettes représentant trois ou quatre tâches. Au verso, l’enseignante écrit tout ce que l’élève a réalisé. Le nombre de tâches diffère d’un élève à un autre. Ainsi, Noam a trois tâches à réaliser alors que Zélie en a quatre.


Chaque enseignante a aussi affiché dans sa classe des tableaux sur lesquels sont régulièrement reportées les compétences des élèves (photos « grille d’éva 4 », « grille d’éva 6 » et « grille d’éva 7 »).


La composition multi-âges de la classe favorise l’effet vicariant : les plus grands expliquent aux plus jeunes ce qu’il convient de faire, ce qui permet de construire naturellement des compétences transversales. Dans Les Lois naturelles de l’enfant, (Éditions de Noyelles, Paris, 2016, page 86) Céline Alvarez témoigne des bienfaits réciproques de ces apprentissages horizontaux entre élèves d’âges différents. Dans une classe multi-âges, les élèves "bénéficient toute la journée des enseignements informels les uns des autres". Apparemment, et selon les propos des enseignantes, tous les élèves trouvent leur place dans cette organisation. Le fonctionnement de la classe (organisation préexistante et disponibilité des adultes) aide chacun à comprendre ce qu’il peut faire dans ces espaces.

Pour les enseignantes : interrogées sur ce point, les enseignantes reconnaissent que l’organisation adoptée leur offre d’abord une grande disponibilité : puisque les élèves sont toujours en activité, ils ne sollicitent pas beaucoup leur enseignante. Cette disponibilité favorise l’observation des élèves, permet de mieux accompagner ceux qui ont besoin d’un étayage et facilite l’évaluation de chacun.
Travailler de concert sur les mêmes niveaux permet aussi de croiser les regards et de se questionner à trois sur les difficultés et réussites des élèves.
Concernant les résultats, les compétences de fin de GS semblent acquises, voire dépassées, car les élèves de Grande Section réussissent au mois de mai des tâches qui vont leur permettre d’aborder sereinement l’entrée au Cours Préparatoire.

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