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évaluation de l'expérience

De l’avis des adultes accompagnants, le bilan du projet est très positif malgré certaines améliorations possibles bien évidemment : voici les principaux intérêts de ce travail sur le conte et l’oral :

Intérêt du projet conte pour les élèves

Compétences du cycle 3

Le feuillet 2 nous donne déjà une idée assez précise et complète de l’intérêt pédagogique et (inter)disciplinaire du projet par le nombre et la diversité des compétences du cycle 3 qu’il a permis de travailler. Sans reprendre toutes ces compétences déjà présentées, on peut souligner que cette séquence a renforcé les compétences orales des élèves et leur aisance dans la prise de parole. Ce point est d’autant plus précieux que la prise de parole publique est une compétence de plus en plus demandée aux élèves, et que ceux-ci doivent présenter au DNB un EPI ou un parcours intéressant à l’oral.

Mise en réussite d’élèves en situation de difficulté scolaire

C’était un des objectifs de départ du projet, et il semble que par le travail sur l’oralité certains élèves en difficulté dans les apprentissages, en échec ou moins à l’aise dans la démarche scolaire, arrivent à progresser, voire à s’épanouir dans leur statut d’élève en apprenant à s’exprimer. Le principal du collège Molière, qui assistait à la séance publique avec les parents, témoigne ainsi : "Les sachant scolairement fragiles, je me disais que ce n’était pas possible que ce soit leurs mots à eux, qu’ils récitaient. Ce n’était plus possible de dire : Lui c’est un élève qui réussit, lui c’est un élève qui a des difficultés scolaires. J’ai été bluffé par la fluidité qu’ils avaient à raconter". Serge Boismare ne dit pas autre chose lorsqu’il s’intéresse aux 15 % d’élèves qu’il qualifie "d’empêchés", ces "élèves qui peinent à rentrer dans les démarches réflexives. Ce sont souvent des élèves curieux, mais qui ne parviennent pas à se confronter aux contraintes de l’apprentissage scolaire, d’où leur agitation, leur opposition, leur insolence". Face à leur difficulté de "produire des images, de mettre des mots sur leur ressenti", lui aussi conseille de travailler sur l’oralité, via le conte et les grands mythes notamment.

Permettre aux élèves de se connaître, de s’exprimer au sens plein du terme

En racontant des contes, les élèves ont pu mettre un peu leur monde intérieur à l’extérieur, se révéler à eux-mêmes et aux autres, sans tomber à aucun moment dans le travers de "raconter sa vie" aux autres. Ainsi, un élève racontait toujours son conte les yeux fermés. Il était très posé, attentif aux détails. "Et dès qu’on fermait les yeux à côté de lui, on voyait tout", témoigne la conteuse. Cela renvoie à l’Antiquité et aux origines du conte, où on représentait toujours les poètes aveugles et privés de la vision extérieure parce qu’ils possédaient une vision intérieure.

Apprendre la coopération

Concernant cette dimension d’entraide, de solidarité et de soutien entre élèves, ces derniers ont affirmé eux-mêmes en fin d’année scolaire, lors de la préparation d’un conseil de classe, qu’une des choses qui fonctionnait bien dans la classe était le fait "qu’on s’aide". C’est là sans doute un écho de l’expérience forte qu’ils ont vécue. À noter aussi que sur ce volet de la coopération, le travail mené sur le conte rejoint le projet d’établissement avec notamment la mise en place d’un projet de médiation par les pairs au sein du collège.

Intérêt du projet conte dans la relation école-famille

Sans en exagérer l’impact, c’est tout de même un volet important du projet que cette séance de présentation par les élèves à leurs parents de contes qu’ils ont travaillés au fil des semaines. Les parents étaient nombreux à être présents et les retours ont été très positifs. Comme le relève l’enseignante, "les parents sont des partenaires essentiels. De plus, on se rend compte que les parents ne savent pas ce que les enfants font en classe, ceux-ci ne racontent pas. Or, ces rencontres leur permettent de voir concrètement le travail de l’année".

Intérêt du projet conte pour l’enseignante

L’enseignante témoigne que la conteuse l’a « nourrie en connaissances théoriques sur le conte et en histoires ». Surtout, elle affirme que sa façon d’enseigner a radicalement changé depuis deux ans, qu’elle a appris à ne plus avoir peur de faire pratiquer l’oral à 28 élèves. "J’ai appris à être réceptive à la parole sur l’instant, réactive et concrète dans l’étayage que j’apporte", ajoute-t-elle.
Nathalie Labarre se dit aussi plus à l’aise et plus créative dans ses propositions de travail à l’oral avec les élèves ; elle énonce pêle-mêle avoir pratiqué depuis cette expérience : le speed-booking, le travail en audio ou vidéo, de faux reportages télé, des émissions littéraires théâtralisées…
Enfin, l’enseignante note que son regard sur le travail des élèves a aussi évolué, dans le sens où elle cherche davantage le positif, apporte des conseils plus que des critiques, y compris dans l’accompagnement d’un stagiaire dont elle a la charge cette année.

Quelques limites et difficultés relevées dans ce projet

Bien évidemment, tout n’a pas été facile, évident et réussi, et les deux intervenantes pointent quelques difficultés. Ainsi, certains élèves ont eu une réaction panique au départ et ont eu du mal à adhérer au projet : "ce n’est pas du français", "on ne fait pas cours", "on n’apprend rien" disaient ces enfants-là lors des premières séances notamment.
Par ailleurs, l’intérêt et le dynamisme des enfants n’a pas toujours été égal et idéal, et l’enseignante se souvient de séances galères et de jours sans où ça ne prend pas, où la coopération ne fonctionne pas.
Enfin, l’enseignante précise ne pas avoir résolu la question de l’évaluation ; elle s’interroge notamment sur le jugement, sinon négatif du moins critique, qu’elle peut être amenée à porter lors de ces évaluations et sur la compatibilité de ces évaluations (qui peuvent démobiliser certains élèves enthousiastes au départ) avec les principes de valorisation qui guident sa pratique en général et ce projet en particulier.

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