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¡Exposiciones bien preparadas!

mis à jour le 09/07/2010


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À la rentrée 2008, le lycée Ambroise-Paré de Laval a ouvert une section européenne espagnol. Au cours de cette première année, les deux professeures responsables de l'organisation pédagogique de cette classe de seconde ont mis en place une activité d'exposés oraux qui a bénéficié fortement de la présence dans le lycée d'une assistante de langue espagnole, Esperanza Zomeño.

mots clés : langues étrangères, apprentissage des langues, assistante de langue, interdisciplinarité, exposés en langue étrangère, classe européenne, histoire-géographie


Huit heures, vendredi matin au CDI ; selon une habitude désormais bien établie, un petit groupe d'élèves de seconde européenne s'installe pour travailler avec Esperanza Zomeño, l'assistante de langue espagnole. L'ambiance est studieuse et la séance de travail se déroule en espagnol : les élèves font état des premiers résultats de leurs recherches personnelles sur le sujet qu'ils doivent traiter, en l'occurrence "le travail des immigrants en Espagne". Quelques questions en français se glissent néanmoins : Comment dit-on plan déjà ? demande une élève. "Plano" répond sa voisine. Et les différentes parties ? "Partes". En effet, le rôle d'Esperanza Zomeño lors de ces séances au CDI est non seulement de veiller à ce que les élèves aient trouvé des informations fiables, mais aussi de les aider à organiser la présentation de ces informations sous forme d'un exposé qui sera présenté à la classe.

Interdisciplinarité

Les programmes officiels, adossés au CECRL proposé par le Conseil de l'Europe, engagent les professeurs à développer, chez tous les élèves et à tous les niveaux, une langue de communication au service du sens. Pour satisfaire à cette exigence, les deux responsables de cette seconde européenne proposent à leurs élèves un exercice d'entraînement supplémentaire à l'oral, au moyen de la pratique d'exposés en classe. Il s'agit aussi de profiter du dispositif particulier de cette classe pour jouer pleinement la carte du croisement disciplinaire. Pour rappel, cette classe européenne bénéficie d'une heure supplémentaire d'enseignement de langue et d'une heure supplémentaire d'histoire-géographie dispensée en langue espagnole. Les sujets des exposés doivent donc être choisis par les élèves, soit en fonction du programme d'espagnol (thèmes de civilisation), soit du programme d'ECJS (éducation civique juridique et sociale) dont est chargée Nadia Benfehrat, la professeure qui assure le cours d'histoire-géographie en espagnol, soit d'une thématique relevant du domaine de l'histoire-géographie. Le sujet du "travail des immigrants" en Espagne, par exemple, se réfère clairement au programme d'ECJS de seconde, mais appliqué à la situation particulière de l'Espagne. Parmi les autres sujets retenus, l'exposé sur la ville de Mexico relève à la fois du programme de géographie et de civilisation espagnole. Le travail sur la politique d'économie de l'eau est relié à la fois à une thématique de géographie, mais aussi à l'EEDD (éducation à l'environnement vers un développement durable), et bien sûr, traite d'une question vive de la vie quotidienne dans certaines régions espagnoles.

Une situation de communication orale complexe

L'exercice est difficile, reconnaît Anne-Françoise Jégo, la professeure d'espagnol. Mais un dispositif pédagogique précis permet une bonne préparation de l'exposé oral. Il y a tout d'abord le travail sur la langue, fait en classe. En effet, la plupart des sujets d'exposés se relient à une séquence thématique menée par la professeure d'espagnol en cours de langue. Par exemple, la séquence vivre ensemble dans la ville trouve une prolongation sous la forme des exposés sur Mexico et Madrid. La première séquence de l'année, se présenter, se faire connaître, qui incluait l'étude d'un tableau de Goya (La Boda), a donné lieu à un exposé sur ce peintre. Même chose pour la deuxième séquence sur "Al-Andalus" qui a amené un groupe d'élèves à se mobiliser sur un exposé complémentaire. Pendant le cours, les élèves acquièrent vocabulaire et notions qui seront exploités aussi bien par les élèves présentant l'exposé que par les élèves auditeurs. En effet, une des principales difficultés de cet exercice oral relève de la capacité des élèves à adapter leur exposé au niveau d'écoute de leurs camarades. De l'avis des enseignantes, la plupart des exposés sont très corrects sur les plans linguistique et grammatical, ainsi que sur le plan de la prononciation. En revanche, les difficultés qui surgissent sont de l'ordre de la communication : les élèves lisent trop leurs notes, ont tendance à vouloir tout dire, et, en conséquence, les auditeurs "décrochent". Cette difficulté, présente bien sûr lors d'exposés en français, est d'autant plus vive dans le cas de communications faites dans une autre langue. Afin d'y remédier, Anne-Françoise Jégo propose des consignes de travail précises, communes à tous les exposés, assorties de quelques consignes particulières selon les thèmes abordés (voir annexe). L'accent y est mis sur les outils de communication : "Realizar transparentes o utilizar un videoproyector". Sur la structuration de l'exposé : elegir un tema (une problématique), construir un plano, clasificar las informaciones... Et bien sûr, sont annoncés les critères d'évaluation. Celle-ci ne concerne que l'exposé oral, l'écrit n'est absolument pas évalué.


Développer l'interactivité avec l'auditoire

Parmi les critères d'évaluation, les capacités à s'exprimer librement et en interactivité avec l'auditoire sont importantes pour les professeurs de cette classe. Pour aider les élèves sur ces points, l'assistante espagnole, Esperanza Zomeño, met en place dans chaque groupe une forme d'oral blanc qui se veut une mise au point formelle et linguistique de l'exposé. La jeune femme vérifie la correction de la langue (est-ce qu'elle-même comprend bien ce qui est dit ?), propose des améliorations, pose des questions pour anticiper sur les questions du public le jour de l'exposé. Toujours afin de favoriser l'interactivité, les professeurs demandent aux élèves intervenants de préparer cinq questions portant sur le contenu de leur prestation orale. Ces questions sont distribuées aux auditeurs au début de l'exposé, pour leur permettre de mieux suivre en leur suggérant d'emblée de focaliser leur attention sur ces points précis. À la fin de leur exposé, les élèves jouent les professeurs en posant ces questions à leurs auditeurs... À ceux-ci de répondre en prenant la parole à leur tour, en demandant des compléments d'information.

Les risques de l'exposé oral

Prenons, par exemple, l'exposé portant sur la campagne de sensibilisation aux économies d'eau dans le monde. Les deux élèves ont bien organisé la transmission des contenus au moyen d'un diaporama contenant schémas, graphiques et de nombreuses images. L'auditoire est extrêmement attentif. Les élèves notent au fur et à mesure les réponses aux cinq questions fournies avant le début de l'exposé. En revanche, les deux intervenantes peinent à se détacher de leur support et ont tendance à lire les textes au fur et à mesure du déroulement de l'exposé.
En conséquence, l'expression est parfois un peu hésitante et monocorde. Heureusement, une astucieuse cinquième question (¿Y tù, en tu casa, como usas el agua? gastas o ahorras?) (1) va provoquer un mini-débat, non dénué d'humour, dans l'assistance, et permettre aux deux élèves d'engager une conversation beaucoup plus interactive et spontanée. C'est sur les items "Expresividad" (2) et "Capacidad a contestar a las preguntas de los compañeros" (3) que les élèves sont le plus en difficulté, reconnaît Anne-Françoise Jégo (voir annexe). Parfois, certains bons élèves sont un peu déçus ! Les élèves ont beaucoup de mal à évaluer ce qui va être accessible à leurs camarades qui n'ont pas mené toutes les recherches sur le sujet et n'ont pas la même pratique qu'eux des notions et du vocabulaire convoqués lors de l'exposé. C'est un point sur lequel il faudra continuer à travailler, conclut la professeure d'espagnol. De son côté, Nadia Benferhat, la professeure d'histoire-géographie, se dit (et ce constat est valable aussi pour des exposés en français !) qu'il faudrait mieux former les élèves à se détacher de la projection du diaporama, en extrayant, par exemple, l'information importante à transmettre pour chaque vue, ce qui permettrait aux intervenants d'être plus en interaction avec leurs camarades.

Une situation d'exposition à la langue à plusieurs niveaux

Auparavant, avant d'en arriver à l'étape finale de l'exposé, un travail de recherche et de traitement d'informations a été mené, comme pour tout travail de recherche documentaire. Sauf que dans le cas présent, il s'agit de recherches conduites en espagnol du début à la fin, situation qui pose un certain nombre de problèmes. L'un d'entre eux, et probablement le principal, relève de l'identification de la source d'information, puisque l'essentiel des recherches des élèves sont menées sur internet. C'est là que l'action de l'assistante de langue Esperanza Zomeño auprès de ces élèves est déterminante (les professeurs-documentalistes du lycée ne parlent pas espagnol). En effet, professeurs et professeurs-documentalistes savent combien il est parfois difficile pour les élèves de repérer quel discours est à l'œuvre dans un site internet, qui se cache éventuellement derrière, avec quelle intention, et comment évaluer la fiabilité du site, l'objectivité des informations proposées. Pour Nadia Benferhat, la professeure d'histoire-géographie chargée de l'ECJS, la situation est rendue complexe par le fait que ces élèves ne maîtrisent pas les finesses de la langue espagnole comme un locuteur natif, et aussi, en raison de leur moins bonne maîtrise des enjeux politiques et phénomènes sociétaux de la zone hispanophone. Les tensions sociales et les débats de société sont forcément moins identifiables pour eux que ceux qui traversent la société française.

Les pièges d'internet en espagnol

L'assistante de langue espagnole propose donc à chaque groupe une aide complémentaire aux apports du cours : elle valide avec les élèves les informations réunies, propose éventuellement d'autres sources. Cette aide a lieu au CDI, le vendredi matin, sur une heure d'espagnol dédoublée : pendant qu'une demi-classe est en cours, les élèves de l'autre demi-classe viennent travailler à tour de rôle avec elle, sur leur temps personnel. Ils arrivent donc avec une première ébauche de plan, souvent en forme de questions et avec quelques débuts de réponses faisant état des sources issues d'internet. Esperanza Zomeño examine alors avec eux les sources réunies et les aide, le cas échéant, à repérer, soit un discours politique ou militant, soit à identifier clairement la source de l'information. Le tout bien sûr en espagnol : le moteur de recherche utilisé est Google, mais avec la préférence de recherche en espagnol (Google.es). Cette séance est bien utile car les pièges sont nombreux. Par exemple, pour le travail sur les immigrants en Espagne, l'assistante espagnole attire l'attention des élèves sur le site madrepatria.com dont le titre ambigu invite à la prudence. Avec eux, elle visite le site en question, vérifie la rubrique ¿Quienes somos?, fait un bilan des contenus. Elle propose ensuite aux élèves de privilégier les sites gouvernementaux ou officiels dont l'URL comporte l'extension .org, comme, par exemple, migrar.org, un site d'aide aux immigrants, dont la Croix rouge espagnole est un des partenaires principaux. De même, prudence avec un exposé sur Che Guevara pour lequel on trouve des articles intéressants, mais sur des sites militants, à resituer toujours dans leur contexte (rebelion.org, qui se présente comme un média alternatif d'extrême-gauche, ou guevariando.org, site officiel du mouvement guevariste). On le voit bien, la disponibilité de l'assistante de langue et les heures qu'elle a pu consacrer aux élèves pour la mise au point de leurs exposés oraux a été un véritable atout pour la réussite de cette activité. Les deux professeures, d'espagnol et d'histoire-géographie, espèrent pouvoir bénéficier de la même aide l'année prochaine. De toute façon, elles comptent poursuivre et améliorer encore cette expérience, chronophage certes, mais profitable aux élèves, aussi bien sur le plan de la maîtrise de la langue espagnole qu'en ce qui concerne la connaissance de la société hispanophone.

1. "Et toi, au quotidien, tu gaspilles ou tu économises l'eau ?"
2. Capacité à s'exprimer de façon vivante.
3. Capacité à répondre aux questions des camarades.
 
auteur(s) :

F. Lemarchant

contributeur(s) :

N. Benferhat, A.-F. Jégo, E. Zomeño, Lycée Ambroise-Paré, Laval [53]

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information(s) technique(s) : pdf

taille : 196 Ko ;

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