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genèse de cette nouvelle organisation

Les deux enseignantes qui expérimentent cet aménagement de classe ont fait le constat d’un manque régulier d’attention des élèves avec des effets, certes, sur les résultats scolaires, mais d’abord sur le climat de la classe.
Dès la fin de l’année scolaire 2016-2017, Sophie Deroo s’est documentée sur la classe flexible à la recherche d’une autre organisation pédagogique favorisant l’engagement des élèves, prenant davantage en compte leurs besoins, et, plus particulièrement, le besoin de bouger. La classe flexible a d’abord été considérée comme une autre façon d’organiser l’espace de la classe et comme une réponse aux insatisfactions relevées. Il fallait trouver un dispositif différent ou, du moins, que soient réinterrogés le classique aménagement frontal (repenser l’organisation spatiale), la mobilisation intellectuelle de chacun (repenser l’organisation temporelle) et les objets de distraction (repenser la gestion du matériel individuel). Sa collègue Myriam Antoni l’a accompagnée dans ce projet, si bien que l’école a d’emblée impliqué deux classes de fin de cycle 2 et de cycle 3 dans ce dispositif dès la rentrée scolaire de 2017.

Les parents ont été informés de ce changement et de ses intérêts afin que la classe de leurs enfants ne soit pas regardée comme un lieu de loisir permissif sans cadre ni rigueur. La réunion de rentrée leur a permis de découvrir la classe avec ses principes et son fonctionnement sur une journée-type. Les retours positifs qu’ils avaient reçus de leurs enfants avaient sans doute attisé leur curiosité sans peut-être gommer les premiers étonnements (des ballons de stabilité dans une classe élémentaire ?) ou lever toutes les inquiétudes (est-ce bien préparer nos enfants pour le collège ?).

 
Mais pour en arriver à un fonctionnement opérant, il a fallu découvrir les finalités d’une classe flexible, en mesurer les intérêts pour une population d’élèves assez en délicatesse avec l’école, recueillir les avis de collègues qui ont tenté cette expérience. C’est surtout le forum d’un groupe Facebook ("flexible seating France") dont le principal administrateur est Olivier Robelin (enseignant en Vendée à Saint-Hilaire-de-Talmont) qui a convaincu ces deux enseignantes : conseils, astuces, adaptations locales, ont rassuré et permis de "commencer doucement", sans grosse ambition initiale comme le souligne Myriam Antoni. Les semaines de vacances estivales ont été mises à profit pour "repenser nos classes, acheter du matériel et imaginer comment chambouler nos pratiques". La rentrée effectuée, le dispositif s’est rôdé au fur et à mesure avec les élèves : chacun a trouvé ses marques, élèves comme enseignantes.
Finalement, cette organisation ne révolutionne pas l’organisation de toute la classe puisque bureaux et chaises habituelles font encore partie du mobilier.
"On a apporté un nouveau matériel pour ceux qui en ont besoin", et pour tous les élèves dès qu’ils ressentent un besoin comme celui de s’isoler, de bouger en travaillant ou encore d’adopter une autre posture. Les élèves vont tester ce matériel, puis l’adopter ou au contraire préférer rester assis sur une chaise. C’est le cas par exemple de Gabin qui a testé d’autres assises mais préfère la chaise et le bureau : "c’est mieux pour travailler", alors que ses copains de classe mettent en avant le confort offert par la variété des assises. Si le plan de travail offre aux élèves une possibilité de choisir l’ordre dans lequel ils vont effectuer leur travail, la classe flexible leur présente un choix de confort pour mieux se concentrer. Léane, élève de CM1, reconnaît d’ailleurs qu’avoir le choix "c’est important : on travaille mieux et plus vite".

Myriam Antoni reste prudente face à cet aménagement de sa classe : "Certes, on n’a que le recul d’une année scolaire, mais pour l’instant on a fait le deuil de notre vécu d’élève, de nos représentations de la classe". Les élèves d’aujourd’hui sont sans doute différents : "Ils ont besoin de tripoter du matériel, de bouger leur corps, de ne pas subir le stress du voisin imposé, de ne vivre que du frontal".
Après une année scolaire de mise en œuvre, cette expérience est concluante, à tel point que d’autres enseignants de cette école semblent prêts à l’appliquer dans leur classe.

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